Retour à l'Ouest
l’URSS (aujourd’hui disparu en URSS),
exigea pour ravitailler la Catalogne en armes, une modification du gouvernement
de la généralité… La crise morale et politique qui s’ouvrit pour ces raisons n’est
pas encore finie : l’unité des masses antifascistes étaient nettement
compromise.
Henri Rabasseire signale qu’après la dissolution des
patrouilles de contrôle, on forma en Catalogne, sous l’impulsion des
communistes, des troupes de police dites gardes républicains et gardes d’assaut,
fort bien armées, qui « furent rarement envoyées au front », leur
mission, plutôt que de battre l’ennemi, était de contenir le prolétariat
catalan. Et quand on les envoyait au feu, ces troupes de l’ordre « passaient
à l’ennemi par formation ». Il faut, ici, citer quelques lignes :
« Les communiqués des nationalistes, qui parlent de
policiers transfuges en masse sont, hélas ! vrais ; pire encore, ni
Bilbao ni Santander, ni Gijón ni Malaga, n’auraient été rendues sans la
trahison des policiers. Cette véritable menace que constituait la présence d’un
corps de contre-révolutionnaires dans son camp, le gouvernement la tolérait
pour maintenir ce qu’il appelait l’ordre à l’arrière. En février (1937), on
interdit aux policiers d’adhérer à un syndicat ou à un parti politique, et même
d’assister à des réunions. On interdit la propagande des partis et des
organisations dans l’armée (ce qui n’empêchait pas les communistes, possesseurs
de l’appareil de propagande, de les travailler sous prétexte de faire la
propagande du gouvernement). Ces mesures devaient priver la force armée de son
caractère politique, empêcher les ouvriers d’y pénétrer et, en somme, séparer l’armée
du peuple. » (
Espagne, creuset
politique
, pp. 154-155.)
Au début de la défaite de Catalogne, le correspondant du
Temps
relate que les gardes d’assaut
ont abandonné une position capitale au Nord de Barcelone… À travers toute la
guerre civile les faits de cet ordre se sont répétés.
« À Malaga, les communistes avaient dominé la ville en
août et septembre, puis, suivant leur nouvelle orientation étatiste, ils
restituèrent tout le pouvoir au gouverneur civil, le général Vilalba, ce
dernier, un brave soldat peut-être, mais hostile aux milices et inapte à
comprendre la population, avait négligé tout ce qu’il fallait faire pour
défendre la ville avec les moyens que la population ouvrière lui aurait offerts… »
(Ouvrage cité, p. 138) À Gijón, le lendemain de l’entrée des franquistes dans
la ville, « la police, qui maintenait l’ordre auparavant, demeura en fonctions ».
(Felix Morrow [279] ;
cet auteur américain cite à ce sujet d’édifiantes correspondances du
Times
.)
Que conclure pour le moment de ces bouleversantes lectures ?
Nous espérons tous qu’il n’est pas encore trop tard pour sauver la République
espagnole ; il semble bien qu’elle ait encore des ressources matérielles
et morales assez grandes pour tenir jusqu’à des jours meilleurs. Souhaitons-lui
pour cela de tirer courageusement la leçon des défaites passées.
Technique du mensonge
25-26 février 1939
Le Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, inspiré
par un groupe de pacifistes courageux – Henri Bouché, Léon Emery, Michel et
Jeanne Alexandre, Georges Michon – publie sur la technique du mensonge de
presse un document remarquable par le souci de l’exactitude et la probité de l’exposé [280] . Après le « Septembre
38 » de Galtier-Boissière (
Crapouillot
),
il semblait difficile de faire mieux, je veux dire de mieux montrer les formes
multiples, habiles, insidieuses, grotesques, idiotes, raffinées que revêt le
bourrage de crâne quand il s’agit de troubler la conscience des peuples, conduits
à l’abattoir… Le Comité de vigilance étudie lui aussi « L’information par
la presse en septembre 38 [281] »
– au moment où l’Europe côtoyait la guerre – mais sans déployer la verve
vengeresse d’un Galtier-Boissière, avec le simple souci d’épuiser le sujet en
apportant une documentation sans défaut. Et cela nous donne à la fois un
curieux ouvrage d’histoire contemporaine, une sorte de manuel à l’usage du
lecteur des journaux (du moins du lecteur qui ne veut ni que l’on se moque de
lui ni que l’on empoisonne son esprit), un précieux essai sur la technique du
mensonge imprimé. Mensonge des titres, des
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