Retour à l'Ouest
orientale par la main-d’œuvre pénale.
Les passages les plus marquants des discours prononcés
concernent la puissance militaire de l’URSS, dont ils donnent, en effet, une
haute idée. L’amiral Orlov dit :
« Si l’on désigne par le chiffre 100 l’état de nos
forces navales au 1 er janvier 1925, il faut constater que leur
augmentation, à la fin de 1936, est de 718 % pour les sous-marins, 300 % pour
les petites unités de surface, 75 % pour la grosse artillerie côtière, 100 %
pour la défense antiaérienne, 510 % pour les hydravions. Nous allons, comme l’exige
la situation internationale, construire une imposante flotte de ligne. »
Le sous-chef de l’aviation soviétique, Khripine, parla le 29
novembre. Il déclara que l’aviation de guerre soviétique dispose, à l’heure
actuelle, de 7 000 appareils, dont 2 000 de première classe, et, de
ce nombre, 1 200 avions de bombardement.
« Le Japon et l’Allemagne, dit-il, se sont assignés
pour fin de pouvoir bientôt mettre en ligne, ensemble, 18 000 avions. Mais
l’URSS disposera, s’il le faut, de 100 000 aviateurs. Elle aura sous peu
plusieurs centaines d’avions d’une vitesse de 600 kilomètres à l’heure. Des
aujourd’hui, l’aviation soviétique pourrait, en cinq vols, transporter autant
de tonnes d’explosifs qu’il en fut jeté pendant toute la durée de la guerre
mondiale dans tous les pays alliés… »
Faisant allusion au bombardement de Madrid, qu’il flétrit
avec raison comme un déshonneur pour l’Europe, Litvinov donna le signal d’une
manifestation de sympathie en faveur de l’ambassadeur de la République
Espagnole, le Dr Marcelino Pascua , présent dans la loge
diplomatique.
Idanov, représentant du Bureau politique à Leningrad, donna
cet avertissement catégorique aux petits États de la mer Baltique :
« Nous voulons vivre en paix avec tous nos voisins, mais
si ces pays se mettent à la disposition de nos agresseurs, la puissance de
notre armée rouge élargira vite notre fenêtre sur l’Europe. »
Krylenko , l’un des procureurs de la
République, précisa, à la séance du 2 décembre, qu’« il ne peut pas être
question de liberté de la presse », car la lutte des classes continue. Le
secrétaire du parti à Moscou, Khrouchtchev, ajouta que « des ennemis de l’intérieur
se cachent souvent sous la blouse de l’ouvrier » ; on saura, dit-il, les
exterminer sans pitié.
Le projet de Constitution présenté par Staline fut adopté à
l’unanimité, une commission devant y apporter de légères modifications. « L’humanité
entière, écrivit à ce propos le Romancier Alexis Tolstoï, n’ose encore rêver d’une
charte qui lui promette autant de bonheur que celle du génie stalinien… »
Alexis Tolstoï semble avoir reçu au congrès l’investiture officielle pour
reprendre dans les lettres russes la succession de Gorki. Après qu’il eut pris
la parole à la tribune, pour déplorer, d’ailleurs, que la littérature
soviétique produise trop peu et trop mal, « beaucoup moins bien en tout
cas que les plantations de coton », le président du Conseil des
commissaires du peuple, Molotov, crut devoir intervenir en ces termes :
« Alexis Tolstoï, chacun le sait, est un ci-devant
comte. C’est aujourd’hui, pourtant, un des écrivains les plus populaires de la
terre soviétique, notre camarade Alexis Nikolaevitch Tolstoï. »
Alexis Tolstoï, en effet, émigra au début de la révolution
avec les Blancs et ne se rallia au régime des Soviets qu’en 1923. Il est
curieux de noter que la préférence lui est donnée sur de jeunes écrivains nés
de la révolution, qui en ont partagé toutes les vicissitudes et sont eux-mêmes
d’anciens ouvriers ou employés comme Vsevolod Ivanov et Boris Pilniak qui, tous
deux, ont déjà derrière eux une œuvre considérable et d’incontestable valeur.
Encore un trait que nous empruntons à la statistique
officielle. Des 2016 délégués assistant au congrès, 317 étaient des ouvriers, 99
des employés de kolkhozes, 261 des paysans, et 1339 des fonctionnaires du parti
de l’État.
Noël 1936 *
25 décembre 1936
Le monde chrétien a fêté Noël. Je sais bien que c’est une
douce fête des familles, chère aux enfants. Je ne veux pas ignorer la beauté
des vieux symboles où vivent de plus vieilles vérités. Il naît des rédempteurs
de temps à autre, il en naît même beaucoup, et qui se font obscurément
crucifier pour
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