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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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colonel William Lamb, un Anglais, ancien journaliste en Virginie, est l'ange gardien des forceurs de blocus. Ses canons ont déjà envoyé par le fond une douzaine de bateaux fédéraux. C'est pourquoi les Yankees ont renoncé à nous suivre, expliqua le pilote tandis que l'équipage saluait au passage les artilleurs sudistes.
     
    Une heure plus tard, l' Arawak , ayant remonté le fleuve, jetait l'ancre devant la Bourse du Coton de Wilmington, au milieu d'autres blockade runners aussi chanceux que lui. Bien que le jour fût à peine levé, les quais se peuplaient de gens affairés.
     
    – Ce sont des négociants et des commerçants, curieux de savoir quelles marchandises vous apportez. Sûr qu'ils ont les poches pleines de piastres 5 pour vous acheter votre cargaison car, ici, on commence à manquer de tout, même de clous à cercueils, depuis que le démon Yellow Jack 6 tue une centaine de personnes par semaine, expliqua le pilote.
     
    Lewis Colson fit répondre à ceux qui, en barque, approchaient déjà du vapeur, qu'ils devraient attendre le débarquement des marchandises, puis il fit mettre la chaloupe de l' Arawak à la mer. Tom O'Graney, promu maître de nage, en prit le commandement. Trois charpentiers portant caisses de thé, sacs de café et gallons de whisky, le rejoignirent. Lewis Colson, Edward Carver, Charles Desteyrac, Uncle Dave et Michael Hocker descendirent à leur tour dans l'embarcation. Sur le quai, ils étaient attendus par des marchands suivis de Noirs qui tiraient des charrettes. « Qu'avez-vous à vendre ? » : telle fut la question qu'ils entendirent vingt fois répétée, jusqu'au moment où Carver avisa un officier en uniforme gris, qui se frayait un chemin dans la foule pour rejoindre les arrivants.
     
    Omettant de se présenter, l'homme prévint tout de suite Colson, de qui il avait vu la casquette galonnée.
     
    – Si vous apportez armes et munitions, sachez qu'elles ne peuvent être délivrées qu'au représentant de l'armée, sans intermédiaire, dit l'officier.
     
    – Lieutenant, nous n'apportons pas d'armes. Nous souhaitons seulement remettre à une dame anglaise, emprisonnée ici, un message de son père, lord Simon Leonard Cornfield, propriétaire dans les îles Bahamas et magistrat de Sa Très Gracieuse Majesté la reine Victoria, dit Colson en exhibant le laissez-passer remis par le représentant confédéré à Nassau.
     
    Le Sudiste changea aussitôt d'attitude. Respectueux dans la forme, il se montra fort sec dans les termes.
     
    – Je ne crois pas que cette personne soit autorisée à recevoir des visites, dit-il.
     
    – Ce n'est pas à vous d'en décider. Conduisez-nous au commandant de la place. C'est tout ce que nous attendons de vous, répliqua le major Carver.
     
    – Suivez-moi. C'est à deux pas d'ici, dit le lieutenant en s'éloignant d'un pas rapide.
     
    Le commandant, qui se déplaçait avec des béquilles, se montra plus courtois, mais ferme.
     
    – C'est à Ottilia Cornfield que je dois l'état où vous me voyez. Peut-être devra-t-on me couper la jambe. Cette dame est la fille du fameux lord des Bahamas, amis des esclaves fugueurs. Mais c'est aussi une espionne à la solde de Seward, le ministre de la Guerre à Washington.
     
    – En êtes-vous certain ? risqua Carver.
     
    – Elle a avoué tous ses méfaits avec arrogance. D'ailleurs, toute sa personne n'est qu'arrogance. C'est elle qui informa le général nordiste Ambrose Burnside de certaines faiblesses de nos fortifications à Fredericksburg, en Virginie. Heureusement, Dieu fut avec nous, le 14 décembre, quand le Yankee attaqua la ville que défendait Thomas Jonathan Jackson, que nous appelons familièrement Stone Wall. Nous la conservâmes. Les Fédéraux perdirent plus de douze mille hommes, tués ou blessés ; nous, quatre mille hommes environ. Parmi les blessés, votre serviteur, à qui un boulet broya le tibia.
     
    – Peut-être ignorez-vous que lord Simon Cornfield finance les importations aux Bahamas de produits, de denrées et de médicaments à vous destinés, dit le major Carver.
     
    – Bon moyen de s'enrichir un peu plus ! Comme disait justement Napoléon Ier : « Les Anglais sont un peuple de boutiquiers. » Liverpool, Manchester, Nassau, les Bermudes et La Havane font de l'or avec le sang américain ! bougonna l'officier.
     
    Il jeta un regard à Charles, venant d'apprendre qu'il était français.
     
    Le sentiment exprimé par ce soldat,

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