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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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pour moi une occasion de vous revoir », concluait Lowell.
     
    – Il est préférable que ce soit vous qui donniez à Viola des nouvelles de Bob. Il est sous-entendu que c'est ce qu'il souhaite, dit Charles à sa femme.
     
    Ounca Lou ne se déroba pas et demanda à Adila d'aller prévenir sa sœur, maintenant employée dans la fabrique de colliers de son grand-père, au village des Arawak.
     
    – Qu'elle vienne me voir, ce soir après le travail, demanda Ounca Lou.
     
    Comme Charles se préparait à sortir, sa femme le retint.
     
    – Comme vous le souhaitiez, j'ai questionné Gertrude, qui semble cette fois décidée à nous quitter pour se rendre aux États-Unis. Après bien des manières, elle m'a avoué être enceinte de Mark Tilloy.
     
    – Quand un monsieur couche avec une dame, ce sont des choses qui peuvent arriver. Mais alors, pourquoi cette dinde ne veut-elle pas l'épouser ? observa Charles.
     
    – Parce qu'elle dit que Mark, ayant deviné la situation, se croit obligé de convoler avec elle. Si elle n'attendait pas un enfant, elle assure qu'elle aurait été heureuse de devenir la femme de notre ami. Mais voilà : il ne lui a fait sa demande qu'après avoir eu connaissance de son état.
     
    – Elle l'a informé ?
     
    – Non, mais elle pense qu'il s'en est aperçu et qu'en parfait gentleman, sans poser de question ni faire la moindre allusion à ce qu'il aurait découvert seul, il a demandé sa main pour assumer une responsabilité qu'elle ne lui réclame pas de prendre, expliqua Ounca Lou.
     
    – Un homme ne sait pas si la femme avec qui il couche est enceinte avant qu'elle ne le lui dise, ou, si elle a tardé à parler, il le découvre quand... cela se voit à l'œil nu ! rétorqua Desteyrac, ce qui fit pouffer Ounca Lou.
     
    – Vous êtes aussi rustique que vos ancêtres ségusiaves ! dit-elle en prenant la main de son mari.
     
    – En tout cas, je suis sûr que Mark ne connaît pas l'état de Gertrude. Elle se trompe. Il ne sait rien et l'a demandée en mariage parce qu'il l'aime et croit qu'elle l'aime. C'est aussi simple que ça, lâcha Desteyrac.
     
    – Peut-être pas aussi simple que vous croyez. Je ne suis pas certaine que Gertrude ait envie d'épouser Mark. Son refus d'un mariage du genre réparation chevaleresque pourrait bien n'être qu'un prétexte. Mark a su la distraire, l'amuser, la charmer, mais, à mon avis, il ne lui a pas fait oublier Malcolm, que depuis elle évite, mais observe quand il passe. Et si elle court se cacher quand il vient chez nous, c'est par orgueil plutôt que par rejet. J'ai vu son soulagement quand vous avez ramené Murray de Nassau. Elle craignait fort qu'il ne se fût mis dans une situation dangereuse.
     
    – Les femmes aiment à compliquer les choses simples. Il faut savoir, pour la tranquillité de Mark, ce que veut l'Alsacienne, bougonna Charles.
     
    – Très bien : nous allons inviter Mark à dîner ce soir et, en présence de Gertrude, nous clarifierons la situation, décida Ounca Lou.
     
    – J'admire votre esprit de décision, mais est-ce à nous de...
     
    – ... nous avons le devoir de dissiper un malentendu qui peut faire trois malheureux : Gertrude, Mark et, peut-être, un enfant sans père, coupa Ounca Lou avec autorité.
     
    – Confronter Gertrude et Mark, annoncer à Viola que son amoureux a des mains de bois, et faire oublier à votre père les esclandres de Murray en l'informant qu'un jour, peut-être, son chemin de fer fonctionnera grâce à Robert Lowell retrouvé, voilà de quoi nous occuper, ma chérie ! conclut l'ingénieur.
     
    – Je crains qu'une autre préoccupation ne nous guette, mon ami. J'ai appris ce matin, de Dorothy Weston Clarke, que Michael Hocker a été hospitalisé. Il aurait contracté la fièvre jaune, dit Ounca Lou.
     
    – Je sais que la maladie a fait déjà beaucoup de victimes dans les Carolines et en Louisiane, où l'on compte les morts par milliers. Malgré la quarantaine imposée aux navires, elle s'est propagée jusqu'à New Providence, sans doute par les forceurs de blocus et les réfugiés sudistes. Pendant notre bref séjour à Nassau, Thomas Taylor, l'armateur, dit avoir compté dix-sept convois funéraires avant le breakfast 2 . Sur un bateau en provenance de Wilmington, vingt-huit marins sur trente-deux avaient été atteints par Yellow Jack, comme ils disent, et huit avaient succombé en mer. Pourvu que la fièvre épargne notre île ! C'est une

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