Retour à Soledad
de ne plus jamais toucher une carte ! compléta l'architecte.
Hors de danger, il renouait avec la désinvolture faite d'assurance aristocratique et de patente amoralité qui était le fondement de sa nature.
Quarante-huit heures plus tard, sir Malcolm Cuthbert Murray, porté à Soledad par l' Arawak au cours d'une traversée sans incident, regagna Exile House où Ottilia l'accueillit fraternellement.
– Vous vous en tirez encore une fois, grâce à Charles, mais on vous attend à Cornfield Manor pour vous complimenter ! Voulez-vous je vous accompagne pour mettre du liant dans la conversation ? lança-t-elle en riant.
– Je préfère subir l'assaut sans témoin, ma chère. J'ai écrit à mon père pour qu'il m'envoie de quoi rembourser le vôtre... encore que je sois peut-être en droit de considérer que le remboursement de mes dernières dettes constitue votre dot, qu'il ne m'a jamais versée ? plaisanta Murray.
On ne sut rien de l'entrevue entre l'architecte et lord Simon Leonard Cornfield. D'après ce qu'en dit plus tard Pibia à Charles Desteyrac, elle avait dû être animée, car le majordome avait eu à remettre de l'ordre dans le cabinet de travail de son maître, à rassembler des dossiers dispersés au sol, avant de recueillir les débris d'un chandelier en cristal de Baccarat, retrouvés à bonne distance du bureau du lord.
1 Pour United States Service Rhode Island .
2 L'épave du H.L. Hunley a été retrouvée près de celle du Housatonic , en 1995. En février 2001, les fouilles ont permis la découverte, à bord du sous-marin, de huit squelettes, dont celui du capitaine George E. Dixon qui commandait le submersible. Les restes des naufragés ont été enterrés à Charleston après avoir reçu les honneurs militaires. On peut voir, au musée de Charleston, une réplique en vraie grandeur du premier sous-marin américain.
3 1865-1877. Période pendant laquelle les États de la Confédération du Sud furent contrôlés par le gouvernement fédéral et obligés de modifier leurs institutions politiques et sociales avant leur pleine réadmission dans l'Union.
4 Le tableau, Combat du Kearsarge et de l'Alabama , peint par Édouard Manet, figura au salon de 1872. Acheté trois mille francs par Durand-Ruel, il eut ensuite plusieurs propriétaires avant d'être acquis en 1888, à New York, pour la somme de mille cinq cents dollars, par un collectionneur de Philadelphie. Ce dernier l'offrit, avec toute sa collection, au musée de sa ville natale où l'on peut toujours le voir. Manet, quelques jours après la bataille de Cherbourg, fit une aquarelle du Kearsarge dans le port de Boulogne. Cette œuvre figure au musée des Beaux-Arts, à Dijon.
5 Après un séjour à Londres où il fut reçu en héros, Semmes regagna Richmond, la capitale confédérée. Promu vice-amiral, il prit le commandement d'une escadre sudiste. En 1865, à la fin de la guerre, il fut arrêté et emprisonné par les autorités fédérales, qui entendaient le faire juger par un tribunal maritime. Acquitté et libéré par la Cour suprême des États-Unis, il fonda le Daily Bulletin , à Memphis, et termina sa carrière comme professeur de philosophie et de littérature anglaise au Louisiana Seminary, aujourd'hui Louisiana State University, université de l'État de Louisiane, à Baton Rouge. Il mourut le 30 août 1877.
6 Rendue nécessaire par la prospérité de la ville et l'afflux d'une population interlope, cette police, créée en 1864, comptait : un inspecteur, deux sergents, neuf caporaux, cinquante-deux constables de première classe et trente-deux constables de deuxième classe.
3.
La vie vous restitue parfois un être que l'on croyait à jamais disparu. Ainsi réapparut Robert Lowell, l'ingénieur des aciéries de Pittsburgh, qu'une amitié spontanée avait liée à Charles Desteyrac en 1855. Sa dernière lettre, datée de 1861, avait annoncé son engagement dans l'artillerie de l'Union. Depuis, on ne savait plus rien de lui. Quatre années s'étaient écoulées et Charles craignait que l'ingénieur ne figurât, comme des dizaines de milliers de ses compatriotes, parmi les morts de la guerre entre les États américains. Seule Viola continuait à croire en l'existence et à la fidélité de son amoureux. Périodiquement rassurée par les zemis familiaux, elle s'en tenait au dire de sa tante qui consultait les esprits : « Robert Lowell est vivant, mais dans
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