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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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plaintes ;
    Tous les jeunes amants, tous amants doivent
    Subir ton sort, et tomber en poussière 1 .
     

    Au retour vers Soledad, lord Simon révéla à Desteyrac qu'en son absence était arrivée une lettre de Robert Lowell. L'Américain demandait que l'on se tînt prêt à venir, avec deux barges, prendre livraison en janvier d'une locomotive et de deux wagons.
     
    – Il reste deux mois à Colson et à Tilloy pour préparer ce transport, car, voyez-vous, mon ami, nous devons surmonter notre peine et continuer, quoi qu'il en coûte, à nous intéresser aux choses de la vie.
     
    – Mon intention n'est pas de me complaire dans le deuil. D'abord, je dois faire de Pacal un homme. Ensuite, achever les travaux que vous m'avez confiés. Mais me manquera toujours, quoi qu'il advienne, la plus douce et la plus aimante créature, dit Charles.
     
    – Je sais ce qu'un homme de cœur ressent quand il perd la femme qu'il aime. La mort de ma première épouse, qui ne me donna pas d'enfant, fit de moi un homme différent de celui qu'elle avait aimé. Fermé aux sentiments, je ne goûtai plus que les plaisirs sensuels et l'excitation des affaires. Mais je voulais un héritier et pris une autre femme, qui devint la mère d'Ottilia. Vous connaissez sa lamentable histoire. Je suis encore honteux d'avoir pu m'attacher à un être si trompeur, amoral et même criminel. J'ai craint que ne subsiste dans le caractère de lady Ottilia un peu de la perversité maternelle. Avec le temps, je me suis rassuré. Rosebud est fantasque, imprévisible dans ses réactions, rebelle par gloriole plus que par conviction, mais elle ne fera jamais le mal pour le plaisir de voir quelqu'un souffrir. Et puis, comme nous le savons, elle a ses intimes et secrètes souffrances, confessa Simon Leonard.
     
    – Elle fut une sœur parfaite pour Ounca Lou. Aussi vais-je lui écrire pour lui annoncer notre deuil, dit Desteyrac.
     
    – C'est fait. Une lettre est partie pour New York et, comme la Western Union Telegraph 2 fonctionne entre cette ville et Londres, j'ai chargé Jeffrey d'envoyer une dépêche à ma fille. Aujourd'hui, elle doit savoir, révéla le lord.
     

    Pendant les funérailles d'Ounca Lou à Eleuthera s'était produit à Soledad un autre événement tragique. Pibia, qui attendait lord Simon à l'arrivée du navire, informa tout de suite son maître et lady Lamia du suicide de Poko, le domestique sikh du major Carver.
     
    – Il est monté à Pirates Tower et s'est tiré une balle dans la tête. C'est parce qu'il a remarqué les vautours à tête rouge, tournoyer au-dessus des ruines, qu'un palefrenier est allé voir ce qui attirait ces rapaces. Il a trouvé le corps de Poko. Les vautours avaient commencé à le manger. Horrible, n'est-ce pas ?
     
    – Horrible et étonnant, car ce ne sont pas les sikhs mais les parsis qui, pour ne pas souiller la terre, livrent leurs morts à l'appétit des vautours sur les Tours du silence, fit lord Simon.
     
    – Il y avait de la femme chez ce grand barbu aux yeux verts. Il était amoureux d'Edward et nous devions nous cacher pour nous manifester quelque tendresse. Il ne m'aimait guère et n'a pas voulu survivre à celui qui, autrefois en Inde, lui avait sauvé la vie, compléta Lamia.
     
    De retour à Buena Vista, Fish Lady trouva confirmation de son dire. Dans un court billet, le sikh annonçait son intention d'en finir avec la vie. Il laissait en héritage à lord Simon la topaze brûlée, montée sur cabochon d'argent, qui ornait son turban, et son kandjar d'apparat. Ces objets étaient les seuls biens familiaux retrouvés après le massacre des siens par les lanciers lors de la bataille de Maodky.
     
    Simon Leonard tint à faire inhumer les restes du sikh, et l'on érigea sur sa tombe une stèle, taillée dans le calcaire, sur laquelle il fit graver le nom du défunt et le signe sikh de l'espérance.
     

    – Le télégraphe est tout de même une belle invention. Voici une dépêche d'Ottilia qui, partie de Londres, a traversé l'Atlantique en quelques minutes. Mais il a fallu une semaine à un paquebot de la Cunard pour la porter de New York à Nassau, où elle a dû attendre une autre semaine le départ du bateau-poste, qui vient de la livrer à Cornfield Manor, dit lord Simon.
     
    Il brandissait le télégramme par lequel Ottilia annonçait son arrivée avant la fin de l'année.
     
    – Les autorités travaillent à un projet de câble télégraphique sous-marin, entre la

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