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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Murray.
     
    – On ne doit pas parler ainsi de mes cousines ! s'insurgea Otti d'une façon inattendue.
     
    Elle savait fort bien, cependant, à quoi s'en tenir sur la conduite habituelle des deux sœurs, et Charles ne fut pas le moins étonné de l'entendre prendre aussi véhémentement leur défense.
     
    – Comme vous pouvez le constater, Otti a l'esprit de famille, lança Malcolm, goguenard.
     
    – Et ce fameux câble transatlantique de trois mille miles de long, immergé dans l'océan, fonctionne-t-il déjà ? demanda Desteyrac pour dissiper le malaise causé par la sortie d'Ottilia.
     
    – Il a fonctionné pendant quelque jours. La reine Victoria a même envoyé un message au président des États-Unis, James Buchanan. Il a fallu plus de seize heures pour faire passer, avec les signaux inventés par Samuel Morse, quatre-vingt-dix-neuf mots ! On a crié au prodige en proclamant que l'espace et le temps allaient être dorénavant soumis au bon vouloir des humains. The Times a même écrit : « l'Atlantique est asséché ! » Mais cette euphorie n'a pas duré. Le 5 août, on croyait le câble en service, et tout New York célébrait l'événement par de bruyantes réjouissances populaires, quand The Morning Post a douché les enthousiasmes. Interrogé par un journaliste, George Seward, secrétaire de la Compagnie du câble, a déclaré que, par suite d'une cause inconnue, on ne recevait plus de signaux du relais de Terre-Neuve depuis le 3 août. Il fut impossible de rétablir la communication. En vérité, le câble a dû se rompre. Certains financiers ont aussitôt envisagé la création d'un câble auxiliaire, ce qui enlèverait le monopole à la compagnie anglo-américaine de Cyrus Field. Jeffrey Cornfield a investi dans le câble, censé rapporter beaucoup d'argent à ses actionnaires. Il va de nouveau avoir des soucis financiers, commenta lady Ottilia.
     
    – Il demandera à son gendre de Chicago de combler le déficit, ironisa Murray.
     
    – En revanche, j'ai utilisé à New York une invention qui, elle, fonctionne et que l'on trouvera bientôt dans tous les hôtels. C'est l'ascenseur, qui, comme son nom l'indique, vous élève par un moyen hydraulique dans les étages et vous épargne l'escalier, compléta Otti.
     
    Charles avait le sentiment que, depuis son retour, la jeune femme évitait de se trouver seule avec lui. Elle affichait aussi envers tous, y compris son mari de convention, une indépendance qui frisait l'indifférence. En revanche, elle rendait de fréquentes visites à Ounca Lou, l'emmenait en promenade avec Pacal à bord de sa calèche. Les deux femmes se risquèrent même à donner un premier bain de mer à l'enfant dans une crique abritée.
     
    Le soir, Ounca Lou rapporta cette baignade à son mari.
     
    – Comme, en quittant Exile House, nous n'avions pas prévu de prendre un bain, nous nous sommes baignées nues. Je puis te dire que j'ai rarement vu une femme aussi bien faite qu'Otti, et d'une peau aussi blanche. À côté d'elle, j'avais l'air d'une octavonne ! se plaignit-elle.
     
    – Ta peau soyeuse est d'or et de soleil, ma belle. Une rareté, alors que les femmes à peau blanche sont légion, répliqua Charles en caressant la joue d'Ounca.
     
    – Nous avons parlé de ses amies, les militantes féministes américaines, qu'elle a beaucoup vues à New York. Elle soutient leur lutte pour l'émancipation de la femme, aussi urgente à ses yeux que l'émancipation des nègres, mais elle critique leurs méthodes et même leur ostentation. « Point n'est besoin de porter des pantalons à la turque, de s'attifer en Bloomer , comme je l'ai fait autrefois, pour affirmer notre libération physique et intellectuelle. Il suffit de ne tenir aucun compte des exigences et de l'opinion des hommes, m'a-t-elle dit.
     
    – Votre baignade en costume d'Ève prouve, en effet, qu'Ottilia et toi êtes bien ce que les mâles anglais appellent des femmes émancipées, plaisanta Charles.
     

    En septembre, l'arrivée à Soledad de Robert Lowell, de qui le voyage avait été retardé, fut un événement pour la communauté insulaire. Lord Simon accueillit l'ingénieur avec courtoisie et le fit immédiatement admettre comme membre étranger au Loyalists Club. Charles le conduisit au pont de Buena Vista que l'Américain, autrefois artisan de sa fabrication, s'était promis de voir un jour.
     
    Installé par le major Carver dans un bungalow du Cornfieldshire, Lowell prit

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