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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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avant de prendre congé lors d'un raout organisé en son honneur au Loyalists Club.
     
    Adopté par tous les insulaires, Lowell quittait l'île à regret, ayant promis à ses vieux parents d'être de retour en Pennsylvanie pour passer Noël avec eux.
     
    Vint le matin où Charles dut accompagner son ami au port occidental pour l'embarquer à bord du Centaur . La goélette porterait l'ingénieur à New York. Là, Rodney attendrait l'arrivée du vapeur dont Mark Tilloy était allé prendre livraison à Birkenhead, et l'escorterait ensuite jusqu'à Soledad.
     
    Desteyrac ne fut pas étonné d'apercevoir, sur le quai, à demi dissimulée par une pile de madriers, une jeune Arawak nommée Viola, fille de Maoti-Mata, sœur aînée d'Adila, la nurse de Pacal. Lowell l'avait rencontrée à Valmy, chez les Desteyrac, où la demoiselle faisait de fréquentes visites pour aider sa sœur. Puis Lowell et la jeune fille en étaient venus au flirt, aux promenades au bord de la mer, aux baignades.
     
    – Mon cher, vous laissez ici un cœur chagrin, dit Charles à Bob en désignant d'un mouvement de tête la jeune Arawak qui n'osait approcher.
     
    – Quelle fille adorable ! Je lui ai promis de lui écrire, car elle lit et parle parfaitement l'anglais. Je lui ai aussi promis de revenir avec une locomotive sous le bras ! ajouta Lowell.
     
    – Allez l'embrasser, ordonna Charles.
     
    – Mais... je ne l'ai jamais embrassée, se défendit Bob.
     
    – Eh bien, c'est le moment de commencer. Soyez sûr qu'elle ne demande que ça, compléta Desteyrac en faisant mine de s'intéresser à un palan pour ne pas gêner l'Américain.
     
    Celui-ci rejoignit la jeune fille, échangea, les yeux dans les yeux, quelques paroles avec elle, l'embrassa sur les deux joues et revint à Charles.
     
    – Elle est un peu gênée que vous soyez au courant !
     
    – Allons, Bob ! Ounca Lou a depuis longtemps éventé votre manège. Voyez-vous, dans cet Éden tropical, l'amour fleurit spontanément, comme les orchidées sauvages... et le major Carver assure qu'il y en a plus de mille variétés sur notre île ! conclut Charles avec un clin d'œil.
     
    Voyant sur la dunette le capitaine Rodney qui, sans doute, s'impatientait, il accompagna Robert Lowell jusqu'au chemin-planche du Centaur dont les voiles se déployaient déjà.
     

    La fin de l'année fut marquée par deux événements, l'un inquiétant quant à la situation aux États-Unis, l'autre affligeant pour lord Simon. Ils furent évoqués un soir, à l'heure du cigare et du porto, après un dîner à Cornfield Manor.
     
    Les journaux locaux rapportaient une nouvelle incartade meurtrière de ce John Brown, tant redouté des propriétaires d'esclaves. Le 20 décembre, l'homme avait conduit un raid entre Missouri et Kansas pour libérer onze esclaves. Un propriétaire avait été tué au cours de l'expédition.
     
    – Quand, lors d'une réunion à Rochester, dans l'État de New York, le sénateur William H. Seward s'est écrié : « Tôt ou tard, les États-Unis seront une nation entièrement esclavagiste ou entièrement libre », et qu'il a jugé « inévitable le conflit entre le Nord et le Sud », peut-être faisait-il de redoutables prévisions, dit Carver.
     
    – Sensées, hélas ! Les dernières nouvelles, envoyées de Charleston par Bertie III, révèlent une véritable volonté de sécession. On peut donc s'attendre sinon à une guerre, du moins à des échauffourées, émit Cornfield.
     
    – Que les Américains règlent entre eux leurs affaires une fois pour toutes et ne demandent pas, les uns et les autres, aux étrangers de soutenir des causes opposées ! grommela Malcolm Murray.
     
    À l'étonnement général, lord Simon, fervent abolitionniste, s'abstint de répliquer. Lui que les coups du sort trouvaient toujours ferme et droit, ne parvenait pas à cacher sa tristesse depuis qu'il avait appris la mort, aux Indes, un an plus tôt, lors du siège de Lucknow, de deux amis de jeunesse : le général Henry Montgomery Lawrence et le major général Henry Havelock. Les troupes de ce dernier avaient, avec celles de sir Colin Campbell, délivré la ville, tenue depuis plusieurs mois par les cipayes 1 révoltés. Le chef avait été victime quelques semaines plus tard de la dysenterie.
     
    – Et la révolte des cipayes continue à faire des victimes chez les Britanniques comme chez les indigènes, dit le major Carver après que lord Simon eut

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