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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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tropicaux, très supportables. Même l'équinoxe de septembre n'a pas provoqué de perturbations. Le climat me paraît d'une mollesse inquiétante, constata Tilloy.
     
    – Nos Arawak connaissent le temps mieux que les météorologues de Nassau. Ils disent, en observant le vol court des oiseaux : « L'ouragan prend son élan. » D'après eux, il faut craindre de fortes tempêtes fin novembre, voire en décembre, ajouta le commandant Colson.
     
    – Le père Taval, qui depuis bientôt un demi-siècle consigne dans un registre les indications de son anémomètre et de son baromètre, est de leur avis, compléta Mark Tilloy, retour d'une visite affectueuse à Manuela, la gouvernante de l'ermite.
     
    La perspective de pouvoir bientôt jouer au train redoubla l'impatience de lord Simon. Il balaya d'un geste de la main les risques d'un transport par mauvais temps et ordonna à Mark Tilloy de tenir l' Arawak prêt à prendre la mer dès que Lowell réclamerait l'envoi des barges à Charleston.
     
    – J'ai déjà connu des automnes et des hivers sans ouragans. Il ne faut donc pas attendre ceux de l'année prochaine ! trancha-t-il, au bord de la colère.
     
    – Nous ne pouvons négliger l'éventualité d'une tempête dans le canal des Bahamas, risqua Lewis Colson.
     
    – Si vous rencontrez du gros temps, je suis certain, mon cher Colson, que vous saurez indiquer au capitaine Tilloy la meilleure route pour tirer vos barges en toute sécurité, acheva le lord pour qui la cause était entendue.
     
    Jusqu'à ce que parvînt à Soledad le message de Bob Lowell, les deux marins se préparèrent sans enthousiasme à une expédition qu'ils n'imaginaient pas sans danger.
     
    Au matin de leur départ, le 16 novembre, sous une pluie fine et par vent de sud léger, une nouvelle d'importance fut apportée avec The Nassau Guardian par le bateau-poste.
     
    Le 6 novembre, M. Abraham Lincoln, candidat du parti républicain, avait été brillamment élu 16 e  Président des États-Unis par 1 866 452 voix populaires et celles de 180 grands électeurs 13 . Il avait devancé le candidat démocrate, Stephen A. Douglas, de près de 500 000 voix, et de plus d'un million de suffrages John Cabell Breckenridge, vice-président sous Buchanan, candidat préféré des esclavagistes, à qui les grands électeurs des États du Sud avaient cependant apporté 72 voix.
     
    Lors d'un grand dîner donné à Cornfield Manor en l'honneur des époux Russell de qui on célébrait les noces d'argent, le lord observa :
     
    – Voilà une élection qui va fortement déplaire à mon cousin Bertie III.
     
    – Bien que ce Lincoln ne se soit pas clairement prononcé pour l'abolition de l'esclavage à bref délai, on peut penser qu'avant la fin de son mandat le sort des nègres aura changé, dit Margaret Russell.
     
    – Je crois savoir que Mary Lincoln, née Todd, sera moins abolitionniste que son époux. Elle est fille d'un riche banquier du Kentucky, lequel est propriétaire d'esclaves, révéla le docteur Weston Clarke.
     
    Malcolm Murray avait réussi à prendre place entre les jumelles Russell à qui, depuis quelques jours, il donnait des cours de dessin. Emphie et Madge semblaient rivaliser d'attentions pour leur maître, ce qui amusa Desteyrac, au courant de la quête poursuivie par l'architecte.
     
    Le plan de table avait placé Charles entre Ottilia et Eliza Colson, de qui le mari voguait avec Tilloy à bord de l' Arawak , vers la Caroline du Sud où Bob Lowell et la locomotive de lord Simon attendaient d'être embarqués. Le docteur David Kermor, promu cavalier de l'épouse du marin et grand conteur d'anecdotes, accaparait l'attention de la jeune femme. Charles Desteyrac pouvait donc, sans manquer à la bienséance, converser avec Ottilia.
     
    – À mon avis, ce don Juan arrivera à ses fins, glissat-elle à Charles en désignant du regard son mari et les deux filles Russell.
     
    Penchées vers Malcolm, les jeunes filles semblaient boire ses paroles et gloussaient à l'unisson.
     
    – Il n'osera pas aller au-delà du flirt. Et puis, le pasteur et sa femme veillent sur leurs poulettes, dit Charles mezza voce.
     
    – Vous connaissez Malcolm. Il n'aura de cesse que ces jouvencelles entrent ensemble dans son lit. Je peux comprendre ça. Pour un homme, ce doit être un challenge excitant, non ?
     
    – Difficile de me prononcer. Les fruits verts ne m'ont jamais tenté. Depuis l'adolescence, j'ai toujours

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