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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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jérémiades ! Dès que l' Arawak sera à quai, interroge Colson et Tilloy, et viens me faire ton rapport. S'ils ont failli, je ne veux plus les voir !
     
    – Je préférerais, Simon, que tu les entendes toi-même. Lewis Colson et Mark Tilloy sont des hommes de mer aguerris. Je suis certain qu'il n'ont pas failli. Tu ne peux traiter avec un tel mépris des marins qui doivent être aussi dépités que tu es déçu. La seule chose que je puisse faire, en accord avec ma conscience d'officier et mes principes de gentleman, c'est les conduire ici pour que tu aies la primeur de leur récit avant que tout le Cornfieldshire ne commente l'affaire, dit Edward, seul ami intime de qui lord Simon acceptait les critiques et suivait parfois les avis.
     
    Un grognement d'ours, que Carver prit pour approbation, répondit à la proposition.
     
    Pibia fit aussitôt atteler le surrey 1 . En accompagnant Edward Carver à la voiture, le majordome, depuis trente ans au service du lord, fit part de son émotion.
     
    – Quand j'ai annoncé la mauvaise nouvelle à lord Simon, il a fait un geste jamais vu, major. Il a lancé son verre de porto à cette tête de cristal aux yeux vivants qui est dans son cabinet, comme si ce crâne avait jeté un sort sur le train qu'on attendait, major.
     
    – Souviens-toi de ça, Pibia : les sorts, bons ou mauvais, ont toujours une explication naturelle, dit Carver en prenant les rênes.
     
    La nouvelle du retour du vapeur s'était déjà répandue et une foule de curieux convergeait vers le port. Edward Carver, voyant le navire près d'accoster, dut se frayer un chemin jusqu'au quai où il trouva Charles Desteyrac alerté par Sima. Ce dernier, occupé à préparer sur le môle un chargement d'éponges, avait été informé en même temps que le commandant du port et s'était empressé de prévenir l'ingénieur.
     
    – S'ils ont perdu la barge et son chargement, nous connaîtrons les foudres jupitériennes. Il va tonner sur Soledad ! dit Charles.
     
    – L'Olympe, mon cher, est déjà en effervescence. J'ai mission de conduire Colson et Tilloy à Cornfield Manor. J'imagine déjà un tribunal ! Vous m'obligeriez en nous accompagnant. Devant vous, Simon saura peut-être modérer, sinon ses paroles, du moins sa sentence, s'il doit en prononcer une, comme il l'a laissé entendre !
     
    – Nous n'aurons pas à plaider, Edward. Je suis certain que nos marins ne sont pour rien dans cette absence de barge et de matériel. Dans leur dernière lettre, ils se disaient encore suspendus au bon vouloir des douaniers américains. Et si leur remorque leur a été enlevée par une tempête, ils ont dû faire l'impossible, jusqu'à risquer leur vie, pour sauver le chargement, observa Desteyrac.
     
    – Je suis de votre avis, répondit le major.
     
    L'échelle de coupée établie, les deux hommes se dirigèrent vers le bateau et montèrent à bord où les accueillit Mark Tilloy, sérieux mais avec l'aisance de qui a la conscience tranquille.
     
    – Je dois vous conduire sans tarder, ainsi que Lewis Colson, à Cornfield Manor. Lord Simon sait déjà que vous n'apportez rien de ce qu'il attendait. Il veut vos explications avant qu'elles ne soient divulguées à tous les curieux qui, vous le voyez, sont nombreux, dit Carver, désignant la foule assemblée sur le quai.
     
    Au premier rang se pressaient maintenant bon nombre de membres du Loyalists Club, entourant Eliza Colson et plusieurs épouses de marins.
     
    Lewis reçut de moins bonne grâce que Mark la convocation de lord Simon.
     
    – Permettez que j'embrasse ma femme, dit-il sèchement.
     
    Puis il descendit l'échelle de coupée pour se diriger vers celle qui, sourire aux lèvres, oubliait déjà une angoisse de plusieurs semaines.
     
    Pendant le trajet, serrés dans le surrey, les marins n'échangèrent avec Edward et Charles que des banalités, décidés qu'ils étaient à jouer le jeu imposé par le maître de Soledad.
     
    En gravissant l'escalier de Cornfield Manor, Tilloy ralentit le pas et retint Charles par le bras.
     
    – Le Vieux pourrait bien avoir une crise d'apoplexie quand nous lui apprendrons les raisons de notre fiasco, souffla-t-il, goguenard.
     
    Sans doute pour donner plus de gravité à l'entretien, lord Simon reçut dans son cabinet de travail. Un bref mouvement de sourcils signifia qu'il s'étonnait de la présence de Charles, mais il ne la commenta pas. Après un salut sec de la tête et sans inviter les gens

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