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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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à s'asseoir, il s'adressa à Lewis Colson, le plus ancien dans le grade le plus élevé.
     
    – Où sont locomotive et wagons, commandant ? Pouvez-vous me donner une explication satisfaisante ?
     
    – L'explication ne vous satisfera certainement pas, mais vous devrez, lord Simon, l'accepter comme la chose nous a été imposée.
     
    – Imposée ! Que signifie cela ?
     
    – Vous ne savez sans doute pas encore ce qui se passe aux États-Unis. Le Nord et le Sud se préparent à la guerre. Oui, la Caroline du Sud, la Floride, le Mississippi, l'Alabama, la Georgie et la Louisiane ont fait sécession. D'autres États vont suivre, dont les gouverneurs ont décidé de fonder une Confédération des États du Sud, indépendante de l'Union. Quand nous avons quitté Charleston, le bruit courait qu'une convention des États esclavagistes, réunie à Montgomery, en Alabama, préparait une constitution calquée sur celle de l'Union. À ceci près qu'elle admet l'existence et le commerce de la main-d'œuvre servile. Déjà...
     
    – ... mais qu'ai-je à faire de ces querelles et même d'une guerre civile américaine, Colson ? Ça ne vous empêchait pas d'embarquer ma locomotive, non ? l'interrompit brutalement Cornfield.
     
    Colson fit effort pour conserver son calme.
     
    – Votre locomotive et vos wagons, lord Simon, ont été réquisitionnés par les autorités de Charleston.
     
    – Réquisitionnés ! Ma locomotive ! Mes wagons ! Mais c'est pure spoliation ! Comment avez-vous pu accepter ça ?
     
    – Les miliciens envoyés par le gouverneur ne nous ont pas laissé le choix. Le capitaine Tilloy et moi avons protesté, faisant ressortir que nous étions citoyens britanniques et que ce matériel ferroviaire roulant était la propriété d'un aristocrate des Bahamas, colonie de la Couronne, et, de ce fait, protégé par le gouvernement de Sa Très Gracieuse Majesté la reine Victoria. Pendant que nos protestations étaient transmises au gouverneur, le capitaine Tilloy s'est rendu chez votre cousin, Bertie III Cornfield, qui jouit d'une certaine autorité dans l'État, dit Colson.
     
    Puis, se tournant, l'air las, vers Mark :
     
    » Capitaine, racontez à lord Simon ce que fut cette entrevue et ses suites, demanda-t-il.
     
    – Cette démarche s'est en fait révélée plus néfaste qu'utile. J'ai trouvé sir Bertie en compagnie de plusieurs sénateurs ou membres de la Chambre des représentants de l'État, et d'officiers de la milice. Un vrai conseil de guerre. J'ai été fort bien accueilli par votre cousin, mais se trouvaient parmi les présents des planteurs que nous avons éconduits manu militari, il y a trois ans, quand ils étaient venus à Soledad réclamer la restitution de leurs esclaves fugueurs. Votre nom déclencha un vrai hourvari. Sir Bertie fut incapable de leur faire entendre raison. Après m'avoir exposé que les États sécessionnistes n'ayant pas, comme ceux du Nord, les moyens industriels de fabriquer locomotives et wagons dont, en cas de conflit, le Sud aurait grand besoin pour transporter armes et gens, ces messieurs ont décidé de prendre possession du matériel appartenant à « ce lord des Bahamas, antiesclavagiste, qui, au mépris du droit de propriété, héberge sur son île les nègres marron ». Tels furent les mots qu'ils employèrent, acheva Tilloy.
     
    – Incroyable audace ! Et Bertie n'a rien fait pour empêcher ça ? se récria lord Simon.
     
    – Il a tout tenté, et obtenu seulement qu'on me délivre ce bon de réquisition, précisa Tilloy en tendant le document à Cornfield qui le prit, le froissa rageusement et le jeta dans la corbeille à papiers.
     
    – Depuis quand les voleurs donnent-ils reçu de leurs larcins ? grogna lord Simon.
     
    – Certains amis de votre cousin se souvenaient de la réception que nous leur avions autrefois réservée, et, de ce fait, se sont montrés intraitables. Certains proposaient même de faire saisir l' Arawak , comme ils ont saisi le bateau de la douane fédérale et plusieurs navires qui appartiennent à des armateurs de Boston et de New York. Sir Bertie nous a conseillé de lever l'ancre au plus tôt, car il s'attendait, d'une heure à l'autre, à de graves événements qui auraient pu ne pas être sans corollaires pour notre vapeur, conclut Lewis Colson.
     
    – Vous n'êtes donc en rien responsables, je le reconnais, dit lord Simon, soudain rasséréné.
     
    Il était dans sa nature

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