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Retour à Soledad

Retour à Soledad

Titel: Retour à Soledad Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Murray ajouta :
     
    » Les planteurs du Sud seront contents d'échanger tout ce dont ils ont besoin contre du coton ! À nous d'organiser, avec les Confédérés, ce nouveau commerce maritime.
     
    – Avec les esclavagistes ! se récria Uncle Dave, indigné.
     
    – Bon ! Nous vendrons aussi des médicaments, des ananas et du sel aux Yankees. Ils seront certainement preneurs. Ça vous donnera bonne conscience ! lança Murray en riant.
     
    – Jouer dans les deux camps n'est pas très élégant, observa Desteyrac, amer.
     
    – Charles, par saint George, il n'est pas question d'élégance ! Seulement d'affaires. La guerre en dentelles que se livraient nos aïeux à tous deux, c'est fini ! Il s'agit aujourd'hui de commerce et d'argent. Que le Nord ou le Sud l'emporte, sera pour nous sans importance. Nous ne sommes pas concernés par ce conflit entre Américains. Seulement, sans le coton du Sud, nos manufactures ne produiront plus et des dizaines de milliers d'ouvriers en pâtiront. Vous ignorez sans doute que nos ateliers emploient plus de deux cent mille ouvriers et que quatre cent mille personnes vivent directement ou indirectement des importations de coton. Demandez à vos filateurs de Rouen et des Vosges s'ils ne sont pas prêts à fournir aux esclavagistes ce qu'il réclament en échange de balles de coton ! répliqua Murray.
     
    Lord Simon, de qui Charles espérait une prise de position en harmonie avec ses propres sentiments, demeura silencieux. Il écrasa son cigare éteint en soupirant et, quittant son siège, donna le signal de la séparation.
     
    – J'ai besoin de réfléchir à tout ça, mais je demande au capitaine Tilloy de tenir l' Arawak prêt à prendre la mer. Je veux aller voir ce qui se passe à Nassau. Naturellement, l'honorable Malcom Murray m'accompagnera. Nous verrons sur place ce que peuvent valoir ses projets, conclut-il avec un sourire à Charles Desteyrac.
     
    Les invités s'étant dispersés, on fit prévenir les dames de se préparer à rejoindre leurs époux pour quitter le manoir. Charles, se retrouvant seul un instant avec Malcolm, décida de reprendre la conversation écourtée.
     
    – Lord Simon s'honore d'être, comme son père et son grand-père, résolument antiesclavagiste. Importer le coton des planteurs du Sud en échange de fournitures militaires reviendrait à aider ceux dont les Cornfield, comme vous, ont toujours condamné les pratiques inhumaines. Approvisionner l'armée des sécessionnistes serait prolonger une guerre qu'ils doivent perdre rapidement. J'ose espérer que lord Simon ne soutiendra pas, même indirectement, ceux qui entendent encore maintenir l'esclavage et en tirer profit, dit Charles.
     
    – D'abord, mon cher, il n'est pas sûr que le Nord l'emporte. Voyez les succès des armées sudistes. Quelle que soit l'issue du conflit, nous savons que l'esclavage disparaîtra des États cotonniers comme de Cuba. Mais vous ne connaissez pas les Cornfield comme je les connais. Passent avant tout la bonne marche de leurs affaires et la prospérité de leur famille. Je suis certain que mon idée plaît à Simon... s'il ne l'a pas eue avant moi !
     
    – Quoi qu'il décide, je ne participerai jamais à des actions qui pourraient fortifier le camp esclavagiste, conclut Desteyrac, catégorique.
     
    – Nous ne vous demanderons rien qui puisse aller contre vos convictions, dit doucement Malcolm. D'ailleurs, en tant que Français, vous êtes encore plus neutre que moi, n'est-ce pas ?
     
    – Détrompez-vous ! Je ne suis pas neutre. Je suis, comme tout honnête homme, pour l'élimination universelle de l'esclavage.
     
    – Quel est le point de vue du gouvernement de Napoléon III ? Le croyez-vous si favorable aux Nordistes ?
     
    – Pour une fois, Napoléon III fait preuve de sagesse : il propose une médiation et il interdit aux militaires français qui seraient tentés de le faire de se mêler de cette guerre fratricide. Le 28 septembre dernier, il a décidé que « tout officier désireux de participer à la guerre civile américaine serait radié de l'armée », dit Charles, informé par son ami Fouquet de l'attitude de l'empereur.
     
    – Très sage, en effet. Mais les royalistes français en exil ne se privent pas de prendre parti. Ainsi, vous savez bien, et Bertie III l'a écrit à Simon, que le prince de Joinville – c'est le troisième fils de Louis-Philippe –, son fils, le duc de Penthièvre, et ses deux

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