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Révolution française Tome 1

Révolution française Tome 1

Titel: Révolution française Tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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que prête le roi au moment de son sacre
et par lequel il s’engage à exterminer les hérétiques ! Et n’y a-t-il pas
encore en France, au moins six cent mille protestants ? Et a-t-on oublié
cette affaire Calas, qui a vu torturer, exécuter, un protestant dont Voltaire a
prouvé l’innocence ?
     
    Louis laisse dire mais résiste.
    Il refuse de prendre Malesherbes comme chancelier parce qu’il
le juge trop lié au parti philosophique. Et il dit à Maurepas, qui insiste pour
que Turgot soit enfin chargé des Finances :
    « Il est bien systématique, et il est en liaison avec
les encyclopédistes. »
    « Aucun de ceux que nous approcherons ne sera jamais
exempt de critique, répond Maurepas, ni même de calomnie. Voyez-le, sondez-le
sur ses opinions, vous verrez peut-être que ses systèmes se réduisent à des
idées que vous trouverez justes. »
     
    Il faut bien écouter Maurepas, puisque l’on dit que ce Turgot,
fils d’un conseiller d’État qui fut aussi prévôt des marchands de Paris, serait
capable de combler le déficit de quarante-huit millions de livres qui mine l’État
royal.
     
    Le 24 août 1774, Louis XVI reçoit Turgot, l’écoute, puis
conclut en lui serrant les mains :
    « Je vous donne ma parole d’honneur d’avance d’entrer
dans toutes vos vues et de vous soutenir toujours dans les partis courageux que
vous aurez à prendre. »
    C’est un instant d’émotion, mais lorsque Louis lit la lettre
dans laquelle Turgot précise les moyens par lesquels il redressera la situation
des finances du royaume, le roi mesure les difficultés.
    Ce programme implique que l’on coupe dans les dépenses
royales, les libéralités des souverains, et qu’on s’attaque à ces fermiers
généraux qui prélèvent un pourcentage élevé sur les impôts qu’ils recueillent au nom du roi, faisant l’avance des
recettes fiscales au Trésor royal.
     
    Louis approuve, certes, les buts de Turgot : « Point
de banqueroute, point d’augmentation d’impôts, point d’emprunts. »
    Mais le ton qu’emploie Turgot, cette musique philosophique, « encyclopédique »,
lui déplaît.
    « Il faut, écrit Turgot, vous armer contre votre bonté,
de votre bonté même, considérer d’où vient cet argent que vous pouvez
distribuer à vos courtisans, et comparer la misère de ceux auxquels on est
quelquefois obligé de l’arracher par les exécutions les plus rigoureuses, à la
situation des personnes qui ont le plus de titre pour obtenir vos libéralités. »
    Turgot semble même oublier qu’un roi est au-dessus des
hommes, par essence, lorsqu’il écrit :
    « C’est à Votre Majesté, personnellement, à l’honnête
homme, à l’homme juste et bon, plutôt qu’au roi, que je m’abandonne… Elle a
daigné presser mes mains dans les siennes. Elle soutiendra mon courage. Elle a
pour jamais lié mon bonheur personnel avec les intérêts, la gloire et le
bonheur de Votre Majesté. » Louis ne répond pas.
    Le 1 er septembre 1774, il s’installe à Versailles.
Il aménage rapidement ses appartements, avec leurs ateliers, leur belvédère.
    Il laisse agir Turgot, contrôleur général des Finances, et
il a renvoyé les ministres de Louis XV, et le chancelier Maupeou.
    Le 12 novembre, il annule la réforme du chancelier et
rétablit les parlements dans leurs prérogatives.
    Les applaudissements sont unanimes.
    Le peuple imagine que les parlementaires, ces privilégiés
propriétaires de leur charge, sont ses défenseurs.
    L’élite du tiers état, pénétrée par l’esprit des Lumières, voit
les parlements comme des remparts contre le despotisme.
    Et les aristocrates – tel le duc d’Orléans – espèrent, grâce
à eux, limiter l’absolutisme royal et se servir de leur gloire usurpée auprès
du peuple pour se constituer une clientèle populaire, parce qu’on rêve toujours
d’une nouvelle fronde aristocratique contre le roi et l’État.
    « J’avais fait gagner au roi un procès qui durait
depuis trois cents ans, dira Maupeou. Il veut le reprendre, il en est le maître. »
     
    Louis, lui, pense que les parlements vont s’assagir.
    « Je veux ensevelir dans l’oubli tout ce qui s’est passé,
dit-il, et je verrais avec le plus grand contentement les divisions intestines
troubler le bon ordre et la tranquillité de mon Parlement. Ne vous occupez que
du soin de remplir vos fonctions et de répondre à mes vues pour le bonheur de
mes sujets qui sera toujours mon unique

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