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Révolution française Tome 2

Révolution française Tome 2

Titel: Révolution française Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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plus folles se manifestent de
toutes parts, lit-on dans le journal Le Moniteur. C’est à qui jettera
plus promptement le plus ouvertement le masque. On dirait, à lire les écrits
qui paraissent, à entendre les conversations de gens qui se croient dans la
confidence, que c’en est fait de la République. Parce que la Convention
secondée, poussée même par le zèle et l’énergie des bons citoyens, a remporté
une grande victoire sur les terroristes, sur les successeurs de Robespierre, il
semble qu’elle n’ait plus qu’à proclamer la royauté… »
    Les rapports de police signalent que des « petites gens
sans ressources regrettent hautement l’Ancien Régime ».
    Dans un journal qui s’intitule Le Ventriloque ou Ventre
affamé, on lit :
    « Lorsqu’il y avait un roi mon ventre n’avait jamais
été réduit à la disette qu’il éprouve, et mon ventre conclut qu’il vaut mieux
un roi qu’une Convention. »
    Dans les théâtres, les jeunes gens exigent qu’on chante Le
Réveil du peuple, et non cette horrible Marseillaise.
    On entonne : « Ne faisons qu’une hécatombe de ces
cannibales affreux. »
    Et en bande, on se rend sous les fenêtres de la maison d’un
des onze membres de la Commission, l’ancien Girondin Louvet, homme modéré, qui
a voté lors du procès du roi en faveur de l’appel au peuple.
    Il s’indigne :
    « Où sommes-nous ? Un citoyen paisible troublé
dans l’asile de sa demeure ! Un représentant du peuple abreuvé d’outrage
et violemment menacé ! Où sommes-nous ? Les chouans ont-ils vaincu ?
Les cohortes anglaises sont-elles dans nos murs ?… Faut-il pour ne pas
être un terroriste se réunir par bandes, aller effrayer dans leurs maisons et
dans les rues les citoyens paisibles, arracher les affiches de nos frères des
armées, et menacer de mort quiconque oserait chanter une chanson qui ne serait
pas la sienne ? Je ne me sens pas, je l’avoue, la force de porter à ce
point l’amour de la paix et de la tranquillité publique. »
     
    Mais Louvet, comme les autres conventionnels modérés, ne
veut pas se laisser égorger par les « royalistes » de retour. Et tous
les républicains, même ceux qui ont été victimes de Tallien et de Fréron, de
Barras et de Legendre, lors des journées de prairial sont prêts à se réunir, à
oublier leur haine, pour faire front aux royalistes.
    « Pour moi, écrit le libraire Ruault, je crois qu’il n’y
a point assez de troupes près de Paris et dans Paris ; les voleurs, les
chouans peuvent en approcher de si près que nous serions dans la plus fâcheuse
situation s’il n’y avait pas assez de forces accoutumées à vaincre pour les
repousser. Cette Vendée s’étend partout et devient de jour en jour plus
effrayante… » Et Louvet s’écrie à l’adresse de ces jeunes gens que les Thermidoriens
ont utilisés contre les sans-culottes mais qui leur paraissent aujourd’hui
menaçants, avec leurs refrains royalistes : « Misérables, réfléchissez.
Cent mille républicains peuvent être facilement distraits des armées. Que le
sentiment de notre existence vous rende sages. Obéissez aux lois ou craignez
que la Convention nationale parle, et vous n’êtes plus… »
    Mais la Jeunesse dorée continue de manifester, de crier que
la Convention contient encore dans son sein des « égorgeurs », des « buveurs
de sang ».
    Et le conventionnel Merlin de Thionville, qui a voté la mort
du roi, combattu contre les Vendéens, s’est enrichi, a aux côtés du général
Pichegru pris la tête des bandes de la Jeunesse dorée, le 1 er germinal, pour faire rentrer dans leurs faubourgs les émeutiers, écrit :
    « Soyez persuadés que si vous souffriez à Paris le
retour d’un roi, tous les soldats dont je connais l’esprit et les intentions se
disputeraient l’honneur de venir vous anéantir, vous et votre roi. »
     
    Ce roi, ce n’est plus Louis XVII.
    Le fils de Louis Capet est mort le 20 prairial an III (8
juin 1795). Tous ceux qui l’avaient vu au cours des mois précédents avaient été
effrayés par son corps difforme qui n’était plus qu’une plaie.
    Barras – le « roi de la République ! » – avait
été frappé par « son visage tout bouffi et tout pâle », ses genoux, ses
chevilles, ses mains enflées, son regard innocent d’enfant de dix ans, exprimant
souffrance et désespoir. Barras avait demandé que l’on nettoie la chambre où
Louis XVII était maintenu, qu’on

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