Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
Vom Netzwerk:
son représentant… et vote une motion de soutien à Marie de Médicis pour faire bonne figure. Une nouvelle communication doit être présentée à la noblesse, cette fois par Richelieu. Le discours de l’évêque de Luçon , beaucoup plus modéré, est apprécié de tous, surtout de la reine. Face à tous ces remous, Louis XIII et sa mère préfèrent suspendre l’arrêt du parlement de Paris et décident que l’article resterait en blanc sur le cahier de doléances. Le tiers état se déclare d’ailleurs incompétent pour juger les décrets du concile de Trente .
    Le pouvoir royal sort incontestablement renforcé du bras de fer qu’ont imposé les princes. Désormais, Louis XIII, ou du moins l’autorité qu’il personnifie, s’impose comme l’arbitre indispensable à la société d’ordres. La paulette et la vénalité des charges sont, en théorie, abrogées ; mais la principale dépense de l’État, le versement des pensions, ne fait l’objet d’aucune entente ni décision. Seule la recommandation de modérer l’enveloppe budgétaire est émise.
    Le roi lui-même ne semble faire preuve que d’un intérêt très limité pour les travaux des états généraux, ne témoignant d’inclination que pour la guerre, la chasse et les oiseaux, que lui fait découvrir le maître de cabinet de sa volière devenu son confident, Charles d’Albert de Luynes. Pour Marie de Médicis, face à un bilan qui en reste plus au niveau des principes que des décisions concrètes, les craintes demeurent : celle que la chambre de justice envisagée pour régler les finances du royaume ne réduise la marge de manoeuvre de son gouvernement ; la peur des pressions exercées par les nobles et ecclésiastiques pour entrer au conseil du roi. L’aristocratie reste remuante et trop réceptive aux manoeuvres d’un prince de Condé qui continue à s’agiter. La reine mère, contrainte peu de temps auparavant à remettre son sort et celui de la royauté entre les mains des trois ordres, se sent, pour la seconde fois, acculée : une solution d’urgence voit le jour, une réforme originale de l’administration financière du royaume, par la création d’un conseil des Finances, en lieu et place du conseil de Direction, dont les princes seraient membres de droit. C’est dans ce contexte, au début du mois de février 1615, que survient l’affaire Marsillac.
    Marie de Médicis ayant réussi le tour de force de renforcer l’autorité royale, le prince de Condé se rend compte que les travaux des états généraux s’opposent à ses intérêts ; il est même persuadé que la reine le fait suivre. Ses soupçons se portent sur Bertrand de Crugy, seigneur de Marsillac, gentilhomme de sa maison, qu’il chasse immédiatement. Or Louis XIII offre à ce dernier une charge équivalente, accompagnée d’une pension, et le nomme capitaine dans une compagnie de ses gardes. Le premier prince du sang, furieux, fait rouer de coups son ancien serviteur. Le 6 février, la reine mère convoque Condé et lui demande des explications. Il persiste et signe, revendiquant l’usage de la violence et claque la porte au nez de sa souveraine ! Rapidement, il regrette son geste. Marie de Médicis exploite au mieux l’incident : une enquête parlementaire est ouverte ; l’homme de main de Condé, Rochefort, est arrêté ; le prince doit implorer sa remise en liberté et faire amende honorable.
    La victoire de la régente semble complète lorsque se déroule la séance de clôture des états généraux, le 23 février. Richelieu, âgé de vingt-neuf ans, rédige le cahier de doléances du clergé et prononce le discours terminal de son ordre, se réappropriant, grâce à la harangue, le droit d’intervention en matière civile [17] . Il s’insurge d’abord contre l’excessive fiscalité qui pèse sur le peuple, préconise la diminution des pensions et gratifications dévolues aux Grands, réclame la révision des exemptions d’impôts. Il demande aussi l’application des décrets du concile de Trente et le relèvement de la situation matérielle et morale du clergé. D’importantes revendications sont formulées : une participation plus active de l’Église aux affaires publiques, l’exemption fiscale, une protection contre les agressions qu’elle subit de la part des juridictions laïques et de la part des huguenots…
    Sous couvert du premier des trois ordres, se dévoile au grand jour une ambition qui critique autant la

Weitere Kostenlose Bücher