Richelieu ou la quête d'Europe
vénalité des offices qu’elle stigmatise l’abaissement de l’Église, l’éloignement des prélats du conseil du roi. Évêque réformateur, Richelieu témoigne également de son attachement à son milieu social d’origine et dénonce la nocivité des duels pour l’aristocratie. Enfin, son propos n’oublie pas de saluer les actions de Marie de Médicis et apporte la bénédiction du clergé aux mariages espagnols. Une fois encore, Monsieur de Luçon propose un programme de travail dont il sait se souvenir par la suite. Tout reste d’ailleurs à entreprendre, et, à l’issue de la réunion des états généraux, une commission doit se réunir pour examiner ce qui n’est qu’une somme de sollicitations.
Espérant une illusoire récompense au zèle dont il a fait preuve, Richelieu s’attarde à Paris en ce début d’année 1615. Louis XIII convoque une dernière fois les représentants des trois ordres, confirme son engagement à supprimer la paulette, à abolir la vénalité des charges, à diminuer les pensions, à combattre les financiers véreux ; mais chacun est renvoyé chez soi, sans plus de cérémonie. Un peu déçu, l’évêque de Luçon n’a plus qu’à regagner son diocèse.
Pour dire vrai, la situation politique et financière antérieure à l’ouverture des états généraux ne fait que perdurer. Condé, contraint de rendre le gouvernement d’ Amboise , confié à Luynes, s’obstine, et ne baisse pas les armes. Il décide d’intervenir au parlement de Paris , où il sait pouvoir compter sur le soutien du président Le Jay. La manoeuvre est subtile : convaincre l’assemblée de s’imposer comme juge de l’exécution des promesses royales faites aux états généraux. Ainsi, les parlementaires se verraient confirmer dans le partage de souveraineté consécutif à la mort d’Henri IV. Le 28 mars, le parlement de Paris se proclame héritier légitime de l’assemblée des trois ordres et convoque, selon le principe de la coresponsabilité du pouvoir, toutes les chambres, y compris les princes et les pairs de France .
Le gouvernement, quant à lui, s’aperçoit que, malgré les engagements pris, il lui est impossible de renoncer, dans l’immédiat, à la vénalité des offices et à la paulette. Le 13 mai, un édit confirme pour trois ans la perception du droit annuel ! La reine mère se consacre déjà à l’organisation du double mariage franco-espagnol et au transport de la cour vers Bordeaux . L’échange des princesses doit avoir lieu sur la Bidassoa. Marie de Médicis ne peut cependant pas partir et livrer Paris aux ambitions de Condé et de ses amis. Le 21 mai, un règlement entérine enfin les projets réformateurs de la reine : le conseil du roi comprend désormais le conseil des Affaires, le conseil de la Direction des finances, le conseil d’État et des finances, le conseil d’État privé.
Les mêmes causes ayant les mêmes effets, Monsieur le Prince déserte une nouvelle fois le Louvre et se retire sur ses terres, tandis que le parlement de Paris dépêche à Louis XIII une délégation d’une quarantaine de conseillers. Les juges remettent une série de remontrances, véritable réquisitoire contre une politique gouvernementale jugée dispendieuse et ostensiblement favorable à des Étrangers ou à des financiers à l’honnêteté douteuse. L’incurie de l’administration est vilipendée. L’abandon des alliances traditionnelles du regretté Henri IV est mis en exergue. La démarche est cette fois aussi inhabituelle que circonstancielle, mais les ministres réfutent aussitôt toutes les accusations et rejettent les prétentions du Parlement à intervenir dans la direction des affaires d’État. Plus que jamais, une réforme judiciaire semble nécessaire, le Parlement refusant l’enregistrement de l’arrêt du Conseil qui lui interdit d’intervenir dans le gouvernement, et qui lui impose de rayer de ses registres la convocation des princes. L’initiative du parlement de Paris n’impressionne guère Marie de Médicis et n’aboutit à aucun résultat. Les menées de Condé la préoccupent davantage. Monsieur le Prince tente de convaincre les huguenots de faire pression pour que la reine renonce à ses projets d’alliance avec l’ Espagne . Indice inquiétant, le duc de Rohan paraît adhérer au projet puisqu’il mobilise déjà des troupes pour retarder l’acheminement de la cour vers Bordeaux , puis vers les Pyrénées. Mais les
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