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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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protestants, dans leur majorité, refusent de se mêler à une rébellion contre l’autorité royale.
    Par ailleurs, la question financière reste entière. Le voyage de la cour, avec une escorte armée, est estimé à un million deux cent mille livres. Il reste de l’argent à la Bastille, mais seule la chambre des comptes peut autoriser des retraits, ce à quoi elle se refuse catégoriquement, les fonds étant réservés à la guerre. Le 14 juillet, le conseil du roi décide de passer outre. Quarante charrettes viennent chercher la somme requise. Marie de Médicis gagne du temps en négociant avec Condé. L’échange des princesses étant prévu au mois de septembre, le trublion est invité à se joindre à la cour. La rupture complète et définitive devient inévitable.
    Les mariages espagnols
    Au cours de l’été, le gouvernement s’emploie à assurer ses arrières. Il améliore la sécurité des villes et augmente les troupes devant escorter la reine mère et ses enfants. La défense de Paris est également renforcée, alors que les princes multiplient à dessein les actes d’hostilité. Des émeutes agitent la ville d’Amiens, dont le gouverneur n’est autre que Concini. Le duc du Maine se fortifie à Soissons et le duc de Bouillon en fait autant à Sedan . Le duc de Luxembourg affûte ses armes. Quant à Condé lui-même, il se replie à Coucy , où il rédige un manifeste accusant le gouvernement de négliger les doléances des états généraux, d’avoir fait rayer l’article du tiers, de se montrer exagérément prodigue envers le maréchal d’ Ancre et d’inquiéter les protestants par l’alliance espagnole.
    Le 17 août, enfin, la cour prend le chemin de Bordeaux , via Orléans puis Tours . Là, une délégation protestante présente des revendications à la reine mère, qui n’y accorde pas plus de faveur qu’aux remontrances du parlement de Paris . Mais, à Poitiers , Mme Élisabeth tombe malade, contraignant la cour à l’immobilité, dans un climat de tensions telles que le prince de Condé et ses complices sont déclarés criminels de lèse-majesté.
    En voisin respectueux et intéressé, Richelieu vient rendre ses devoirs à la reine mère, qui organise alors la maison de la future reine de France . Le secret espoir de l’évêque de Luçon est d’obtenir la charge d’aumônier d’Anne d’Autriche. Circonstance favorable, le séjour poitevin de la cour se prolonge jusqu’à la fin du mois de septembre, en raison de la faiblesse d’Élisabeth et d’une indisposition de la reine. Puis le cortège royal s’ébranle à nouveau, tandis que la soeur du roi achève sa convalescence, sous la garde de Richelieu. À la mi-septembre, Marie de Médicis lui offre la juste récompense du service rendu, et l’informe de son intention de le pourvoir de la charge convoitée. Le cortège royal gagne déjà Angoulême et arrive à Bordeaux le 7 octobre.
    L’été 1615 voit également la réception officielle des décrets du concile de Trente par le clergé de France qui proclame sa volonté réformatrice et se déclare prêt à reconnaître les décisions et l’influence de Rome . Les prélats acceptent de manière unanime le dogme et les normes disciplinaires. L’Église gallicane se rallie enfin à l’esprit de la réforme catholique romaine.
    Dans ces circonstances, Richelieu se distingue encore par l’ardeur de ses entreprises. Jeune ecclésiastique ambitieux, il compense une position hiérarchique secondaire en faisant figure d’évêque réformateur modèle. Selon l’exemple offert par Charles Borromée à Milan , il s’impose des visites pastorales régulières pour contrôler la qualité du clergé et la résidence des prêtres, et déploie de louables efforts pour la formation et l’amélioration de la discipline morale des ecclésiastiques placés sous sa direction. La publication des statuts synodaux du diocèse en 1613 relevait déjà de ce souci ; de même, ses premiers ouvrages théologiques ont d’abord une fonction éducative et didactique. C’est d’ailleurs grâce à Richelieu que l’ordre des oratoriens implante un séminaire à Luçon en 1617.

    L’arrivée à Bordeaux est un soulagement pour Marie de Médicis. Les Grands, unis autour de Condé et du duc de Bouillon pour obtenir des avantages politiques et financiers, s’emparent de Château-Thierry le 30 septembre, puis d’ Épernay . Malgré ces succès, Monsieur le Prince reste peu assuré : il

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