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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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d’importances et de tailles très diverses. L’empereur est désigné par sept électeurs : les archevêques de Trèves , de Cologne , de Mayence , le comte palatin du Rhin, le duc de Saxe , le margrave de Brandebourg et le roi de Bohême, dont la couronne, comme celle de l’Empire, est élective. Il ne peut prendre de décisions importantes sans l’accord des princes allemands réunis. Depuis de nombreuses années, la famille de Habsbourg s’attache à conserver de manière de plus en plus étroite la dignité impériale en son sein.
    Par ailleurs, depuis la Réforme, chaque prince impose sa religion dans son État. Bien que la confiscation des biens cléricaux par les princes protestants soit interdite, l’électeur palatin, calviniste, ne se prive pas de le faire. Aussi, en ces premières années du xvii e  siècle, et dans la lignée du concile de Trente , les jésuites s’efforcent-ils de ramener l’ Allemagne au catholicisme, avec succès en Bavière et dans les États du sud de l’Empire. Le père Lamormain se distingue particulièrement : il entreprend la reconquête catholique par le royaume de Hongrie , bientôt suivie de persécutions contre les protestants en Moravie et en Bohême.
    Cette dernière est un pays riche. Sa noblesse, grande propriétaire terrienne, est puissante. La Bohême, comme la Hongrie , possède une population en majorité protestante. Elle est aussi la patrie des hussites, qui donnent naissance à une puissante organisation, l’Unité des frères. Celle-ci se rapproche des luthériens, et ensemble ils obtiennent, en 1609, de l’empereur Rodolphe II, un rare privilège, la Lettre de majesté , qui reconnaît une seule et unique Église protestante, celle de la Confession tchèque. La Lettre de majesté institue par ailleurs un conseil de dix « Défenseurs de la foi », habilités à négocier avec les représentants de la couronne, de confession catholique. La famille de Habsbourg doit faire des concessions politiques et religieuses aux protestants et aux états de Bohême qui ont accepté de la placer sur le trône. La nécessité est d’autant plus vive que Vienne n’est pas si éloignée de Prague , que la menace turque fait de la Bohême et de la Hongrie les frontières de la chrétienté, que l’éventuelle élection d’un roi de Bohême protestant accorderait la majorité du conseil électoral d’Empire aux réformés.
    L’empereur Mathias (1557-1619), qui succède à Rodolphe II, souhaite lui aussi maintenir la paix. En 1617, il décide de régler sa succession et se choisit autoritairement un successeur au trône de Bohême  : n’ayant pas de fils, il désigne un catholique intransigeant, Ferdinand de Styrie, son cousin, ancien élève des jésuites d’ Ingolstadt . En proposant la candidature de Ferdinand à la diète de Bohême, Mathias remet fondamentalement en question le fragile équilibre confessionnel de la couronne élective. Il n’en reste pas moins que Ferdinand de Styrie est élu et couronné à Prague le 19 juin 1617.
    À peine désigné, le nouveau souverain met tout en oeuvre pour ramener les sujets de tous ses États à la religion catholique. Il incite même Mathias à bafouer les droits religieux des protestants de Bohême . Au début de l’année 1618, la destruction d’un temple, ordonnée par l’archevêque de Prague , pousse les Défenseurs de la foi à convoquer une diète, interdite par Mathias. Les événements se précipitent alors.
    Le 23 mai, au château de Prague , une délégation protestante croise quatre représentants du roi. Une altercation se produit : les premiers rendent les seconds responsables du refus opposé aux Défenseurs de la foi. Deux serviteurs de Ferdinand, les comtes Martinic et Slavata, ainsi que leur secrétaire Fabricius, sont défenestrés et ne sont sauvés que par un tas de fumier.
    Les hostilités sont déclarées : les rebelles jugent que le roi est trompé par ses conseillers, et se soulèvent par loyalisme envers lui. La politique centralisatrice de Vienne n’est en fait plus acceptable dans la mesure où les droits des protestants de Bohême sont quotidiennement bafoués. Un gouvernement provisoire, composé de 36 directeurs, est mis sur pied ; une armée est organisée. Ainsi débute la guerre de Trente Ans. Moins d’un an plus tard, le 20 mars 1619, Mathias décède. La noblesse protestante conteste aussitôt l’élection et le couronnement de Ferdinand de Styrie. Sa

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