Richelieu ou la quête d'Europe
début des opérations, Richelieu avertit Marie de Médicis du danger et de la supériorité psychologique et morale dont peut se prévaloir Louis XIII. Il met en avant l’inutilité et le caractère inique d’une guerre déclarée par une mère à son fils. Une nouvelle fois, l’évêque de Luçon est soupçonné de collusion avec Luynes. Il est vrai que tous deux oeuvrent ensemble à un accommodement pacifique.
À l’issue des victoires de Normandie , le favori dépêche à nouveau le président Jeannin, le duc de Bellegarde et l’archevêque de Sens auprès des rebelles. Seul Richelieu se déclare favorable à la paix. Le 2 août, Louis XIII fait son entrée au Mans . La ville s’est soumise au roi, qui, dès lors, peut directement se pencher sur le problème posé par Angers .
L’armée de Marie de Médicis est plus nombreuse que celle de son fils, mais la discorde règne entre ses chefs. Le commandement, pourtant officiellement dévolu à Louis de Marillac, est âprement disputé, à la fois par le duc de Vendôme, par le duc de Nemours, par le maréchal de Boisdauphin et par le comte de Soissons ! Non seulement les contingents n’arrivent plus en Anjou , mais les soldats commencent à se disperser.
Le 6 août, Louis XIII parvient aux Ponts-de-Cé . Des barricades ont été dressées dans les faubourgs. C’est à ce moment crucial que le duc de Retz fait défection. Les soldats de la reine mère battent en retraite dès la troisième charge des troupes royales. Le roi est maître de la situation et du passage sur la Loire en moins d’une demi-journée. La « drôlerie des Ponts-de-Cé » ridiculise le camp de Marie de Médicis.
Les plénipotentiaires de Louis XIII profitent aussitôt de l’avantage acquis, bien que la reine mère s’obstine au silence et à l’immobilité. Des pourparlers s’engagent grâce à Richelieu. Pour Chanteloube, la responsabilité de l’échec des armées rebelles n’incombe plus qu’à l’évêque de Luçon , et à lui seul. C’est pourtant grâce à celui-ci que la paix est enfin signée.
Le traité d’ Angers confirme le statu quo prévu par celui d’ Angoulême : l’amnistie est concédée aux partisans de Marie de Médicis ; leurs places, charges et dignités leur sont rendues ; les Ponts-de-Cé sont eux aussi rétrocédés à la reine mère, avec une indemnité de trois cent mille livres pour payer ses dettes. Deux nouveautés interviennent cependant et confirment, s’il en était besoin, l’extrême habileté de Richelieu. La reine mère s’engage à vivre en bonne intelligence avec la cour et avec Luynes. En contrepartie, le retour au Conseil lui est garanti. Enfin, le chapeau de cardinal est officiellement demandé au pape pour l’évêque de Luçon . Louis XIII adresse la requête officielle au souverain pontife le 22 août. Les motifs politiques de la démarche sont mentionnés : il s’agit du prix de la réconciliation entre le roi et sa mère.
Richelieu est plus que jamais convaincu, et à juste titre, que la seule source de pouvoir au sein de la monarchie est Louis XIII lui-même. Il a seulement besoin de la reine mère pour se rapprocher du roi, et doit aussi tenir compte du favori en titre. C’est pourquoi il compose. Un projet d’alliance matrimoniale est élaboré : la nièce préférée de l’évêque de Luçon , Marie de Pont-Courlay, si jeune orpheline de mère, est promise au neveu de Luynes, M. de Combalet.
Le favori conserve la confiance exclusive du roi, mais son gouvernement connaît de graves difficultés. Louis XIII a eu la faiblesse de lui octroyer d’importantes prérogatives : il reçoit les ambassadeurs, donne des ordres aux ministres… Et les finances sont au plus bas. Le parlement de Paris est mécontent des édits bursaux promulgués en février pour créer de nouveaux offices, notamment de procureurs. Les deux guerres qui viennent d’opposer la mère et le fils ont coûté très cher. Les Grands sont toujours avides de pensions. Pour renflouer le Trésor, Luynes s’appuie plus que jamais sur la paulette. En Béarn , la restauration du catholicisme ne s’effectue pas sans difficulté et se heurte même à de vives résistances : la querelle confessionnelle est devenue politique. C’est alors que les nouvelles les plus sombres arrivent de Bohême .
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Au début du xvii e siècle, le Saint Empire romain germanique se compose d’une multitude d’États,
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