Richelieu ou la quête d'Europe
refuse d’ailleurs tout soutien.
Par ailleurs et dès 1621, la guerre entre l’Espagne et les Provinces-Unies reprend. Pour Madrid , la Hollande représente un danger réel de concurrence coloniale et commerciale. Mais Philippe III est bien décidé à profiter d’une situation qui lui est nettement favorable, puisque l’occupation du Bas- Palatinat facilite le déplacement des tercios , terreur des protestants. Au mois de juillet, le gouverneur des Pays-Bas espagnols décède. Sa veuve, l’infante Isabelle-Claire-Eugénie, demeure gouvernante de la province, sous le contrôle de plus en plus étroit du roi catholique. Lorsque Philippe IV hérite de la situation, il place à la tête de son gouvernement le comte-duc Olivarès, un autre favori à l’importance capitale en ces premières décennies du xvii e siècle. Tous deux disposent des moyens nécessaires à la mise en oeuvre d’une politique internationale énergique, fondée sur la défense de la foi catholique et le rapprochement avec les Habsbourg de Vienne . La France semble s’en tenir à la neutralité et le roi d’ Angleterre ne souhaite que la paix.
La Valteline
Malgré les victoires qui s’ajoutent les unes aux autres en Flandres et en Bohême , les communications entre les deux branches de la dynastie fondée par Charles Quint restent tributaires du passage par la Valteline . L’importance de la vallée de l’Adda pour les Habsbourg est apparue en 1601 lors de l’annexion de la Bresse et du Bugey par Henri IV. Depuis cette date, les troupes espagnoles ne peuvent plus aller d’ Italie aux Pays-Bas en traversant la Savoie , puis la Franche-Comté et la Lorraine . Elles doivent passer par la Valteline. La vallée est la seule route sûre entre le Milanais et le Tyrol . Au sortir des Alpes, les tercios peuvent descendre le Rhin par la rive droite, passer par Brisach , par la Haute- Alsace , puis par la Lorraine jusqu’aux Pays-Bas. Après la victoire de la Montagne Blanche, deux autres alternatives s’offrent aussi au roi Philippe IV et à Olivarès : faire passer leurs troupes plus au sud par Philippsbourg ; les faire passer plus au nord par Coblence et Ehrenbreitstein , puis par le Bas- Palatinat .
Au mois de juillet 1620, les catholiques de la Valteline se plaignent d’être malmenés par leurs seigneurs protestants. Philippe III saisit le prétexte pour intervenir et tenter de renforcer ses positions dans la région, tout en profitant de l’affaiblissement de Louis XIII. Ordre est donné au duc de Feria, gouverneur de Milan , d’occuper le passage afin d’aider et de protéger la population contre les Grisons. Quatre forts sont construits dans la vallée par les occupants. Aucun cas n’est fait de la légitime autorité des Ligues grises. La loi du plus fort l’emporte sur le droit féodal. Ce n’est qu’à la dernière extrémité que, pris de scrupules, le roi catholique fait jurer à son fils de rendre la Valteline aux Grisons.
La France , grâce aux accords conclus avec ces derniers, a su se ménager une voie de passage exclusive par les Alpes vers les principautés italiennes qui lui sont traditionnellement alliées, que ce soient Venise , Mantoue ou Ferrare , en évitant le danger du Piémont et du Milanais . Comme l’ Espagne , elle continue à recruter dans cette zone des mercenaires dont elle apprécie la combativité. À ces enjeux politiques s’ajoutent des enjeux religieux qui rendent plus âpres les combats pour le contrôle des points d’accès. Tributaire des accords passés par Henri IV, Louis XIII se résout à demander conseil à sa mère sur la conduite à adopter en Valteline . Face à la gravité des événements et à l’ampleur des enjeux, Marie de Médicis est de retour au gouvernement. Elle obtient voix consultative au Conseil. Richelieu tient déjà prêt l’avis qu’elle dispense à son fils : la France a deux impératifs dans cette affaire, d’une part faire respecter les traités signés dans les toutes premières années du xvii e siècle, d’autre part éviter l’encerclement par les Habsbourg.
Le cardinal a tiré les enseignements de la phase palatine de la guerre de Trente Ans. Les territoires de Frédéric V confisqués et offerts au duc de Bavière sont peu éloignés des frontières françaises. Ferdinand II est suzerain d’une partie des principautés indépendantes qui longent la route des Flandres , tandis que Philippe IV d’ Espagne est souverain de l’autre
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