Richelieu ou la quête d'Europe
promettre au duc Maximilien de Bavière la dignité électorale détenue jusque-là par Frédéric V. Il se ménage de plus le soutien de son cousin, Philippe III d’Espagne, celui, plus inattendu, de l’électeur de Saxe , un des princes protestants d’ Allemagne les plus puissants et les plus influents, et celui du roi de Pologne , Sigismond. Du côté de l’électeur palatin s’assemblent les Provinces-Unies et la Hongrie , qui vient elle-même d’élire pour roi un membre de sa noblesse, Bethlem Gabor. Rapidement, Frédéric V et les états de Bohême se trouvent isolés et en position d’infériorité par rapport à Ferdinand II. Madrid voit en effet approcher l’expiration de la Trêve de Douze ans conclue avec les Provinces-Unies en 1609. Les choix respectifs des Espagnols et des Hollandais en ce qui concerne la Bohême reflètent l’inquiétante échéance. Philippe III est persuadé que le renforcement de la position de la dynastie Habsbourg en Allemagne est la condition nécessaire au renforcement de la position de Madrid face aux Provinces-Unies. Le roi catholique se doit de contrôler les voies d’acheminement de ses troupes du Milanais à la Hollande . En janvier 1620, il lève une armée de vingt mille hommes pour occuper les possessions rhénanes de Frédéric V. Les troupes sont confiées au commandement d’un excellent stratège, le Génois Ambroise Spinola.
En France , Puisieux parvient à convaincre Louis XIII de substituer à l’aide militaire promise à Ferdinand II une offre de médiation. L’ Angleterre s’engage dans la même voie, Frédéric V ayant épousé la fille de Jacques i er . Sur les recommandations du père Joseph, une mission extraordinaire est envoyée à Ulm pour limiter le conflit à la Bohême . Le 3 juillet 1620, un traité est signé. Pour le duc d’ Angoulême , qui dirige la délégation française, il ne s’agit que de la première étape d’un plan de paix plus vaste qui doit inclure le royaume dissident. En vertu des accords conclus à Ulm , luthériens et catholiques se promettent mutuellement de pacifier tous les territoires composant le Saint Empire . Ferdinand II neutralise ainsi une partie de l’opposition religieuse qui minait son autorité. Il peut surtout retourner ses forces contre Frédéric V et les calvinistes, et profiter pleinement de la division des protestants. L’intervention française autorise l’empereur à dégarnir ses frontières occidentales et à concentrer ses forces en Bohême . Toute discussion est désormais inutile : la diplomatie française n’a plus voix au chapitre. La France subit là un échec cuisant, au grand dam de Louis XIII.
Entre le mois d’août et le mois de novembre 1620, les troupes de Spinola conquièrent sans difficulté la quasi-totalité du Palatinat rhénan. Simultanément, une grande armée catholique se rassemble en Autriche . Placée sous les ordres du duc de Bavière , assisté du général brabançon Tilly, elle regroupe des Espagnols, des Allemands de la ligue formée par les principautés catholiques de l’Empire, des Wallons et des Flamands. Les troupes catholiques foncent sur Prague . Le 8 novembre, les soldats de Frédéric V et de ses alliés sont écrasés à la bataille de la Montagne Blanche. L’électeur palatin prend la fuite : il perd non seulement la Bohême mais aussi ses possessions héréditaires, et est mis au ban de l’Empire. Ses territoires sont saisis, sa couronne est confisquée. Les responsables de la défenestration de Prague sont jugés et lourdement condamnés. Les révoltés protestants perdent toutes libertés. Les jésuites peuvent mettre en oeuvre la reconquête religieuse de la Bohême. Le Palatin perd enfin sa dignité électorale, sans même pouvoir se défendre. Le 25 février 1623, toutes ses prérogatives sont offertes au duc de Bavière, en remerciement de son aide militaire. La Hongrie est également reconquise par Ferdinand II : Bethlem Gabor capitule en 1622.
Face à l’empereur et à ses alliés, les princes protestants d’ Allemagne sont plus divisés que jamais. Le sort réservé à la Bohême et à l’électeur palatin ne peut que les inciter à la prudence. De surcroît, Ferdinand II accorde des avantages territoriaux considérables à l’électeur de Saxe . Au mois de mai 1621, le pacte de l’Union évangélique n’est pas renouvelé. Contrairement à Henri IV, et dans le contexte du siège de Montauban , Louis XIII lui
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