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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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la fin du Moyen Âge en l’absence d’héritier mâle. À peine son aînée a-t-elle convolé, qu’elle envisage de marier sa cadette, Claude, à un prince puissant. En cas de décès prématuré de Nicole sans héritier, la couronne ducale passerait en effet à Claude et à son mari. L’attitude de Marguerite de Gonzague est d’autant plus gênante que le mariage de Charles et Nicole demeure stérile.
    Dans ces circonstances, l’original du testament de René II, qui stipule que les duchés ne peuvent être dévolus aux femmes, est retrouvé opportunément dans les archives de l’hôtel de Guise à Paris , à la suite de recherches commandées par François de Vaudémont et par son fils. Les inventeurs peuvent donc confisquer la couronne ducale en leur nom exclusif, à leur profit. De la manière la plus habile qui se puisse concevoir, ils se défendent de la démarche de Marguerite de Gonzague tout en imposant leurs intérêts. Le testament du duc René II est utilisé comme précédent pour faire jurisprudence. Bien qu’il n’y fasse aucune allusion ni référence, le texte est interprété comme l’acte introductif en Lorraine de la loi salique en vigueur dans le royaume de France . Il est sciemment assimilé à la loi fondamentale française. François et Charles de Vaudémont espèrent, par ce rapprochement, faire accepter à leur puissant voisin la validité de l’acte et son application en leur faveur. Déclarer le principe de masculinité nécessaire dans la succession lorraine présente un autre intérêt : il permet aux princes de Vaudémont d’échapper au système de fief français, où une femme peut être seigneur. En imposant la loi salique en Lorraine, Charles IV oblige le roi à reconnaître qu’au terme de la loi française lui seul est à même de prêter serment pour le Barrois mouvant et de régner. La princesse Nicole est doublement évincée. Désormais, son nom ne figure plus sur aucun acte officiel [23] .
    Ni Louis XIII ni Richelieu ne peuvent accepter la démarche des princes de Vaudémont. Ceux-ci sont proches de Ferdinand II et se sont engagés à ses côtés en Bohême . S’appuyant sur les travaux d’éminents jurisconsultes, le cardinal arrête rapidement une ligne de conduite. En s’emparant du pouvoir dans de telles conditions, François et Charles de Vaudémont auraient opéré un détournement de la mouvance barroise au détriment des attributs de souveraineté auxquels prétend le roi très chrétien depuis le xvi e  siècle. Louis XIII est en réalité suzerain du Barrois mouvant, non souverain. Un vassal ne peut effectivement disposer de son fief comme il l’entend, ni l’aliéner sans le consentement de son suzerain. En ce qui concerne l’attitude à adopter vis-à-vis de Charles IV, Richelieu confond sciemment suzeraineté et souveraineté [24] . En imposant le principe de succession masculine dans le duché de Bar , François et Charles de Vaudémont auraient non seulement contrevenu au droit féodal, mais également à celui du roi de France , prince plus puissant, qui ne saurait être placé devant le fait accompli.
    Aussitôt après la réapparition du testament de René II, au mois de novembre 1625, François de Vaudémont et son fils convoquent les états généraux de Lorraine . Devant les trois ordres réunis, le père prononce un discours en faveur de la succession masculine en brandissant le précieux document. Puis il somme son fils de le reconnaître pour légitime duc de Lorraine. La mise en scène a été soigneusement préparée : Charles s’incline aussitôt. Il reconnaît publiquement avoir été mis en possession de la souveraineté en contravention des lois fondamentales des duchés de Lorraine et Bar . Il déclare que l’autorité appartient de droit à son père, comme plus proche d’un degré du duc défunt, et qu’il la lui remet volontiers.
    En dépit des dispositions prises par Henri II en faveur de sa fille Nicole, Charles IV, puis les états généraux de Lorraine , reconnaissent François de Vaudémont seul et unique souverain des duchés de Lorraine et de Bar , sous le nom de François II. Le lendemain, 26 novembre 1625, François de Vaudémont prend soin d’acquitter toutes ses dettes avec les deniers de l’État. Puis, au cours d’une nouvelle assemblée, selon l’ordre de substitution porté au testament de René II, il cède tous ses droits à son fils Charles.
    Devant la tournure des événements,

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