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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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mais consacrent la masculinité des duchés de Lorraine et de Bar au nom de l’intérêt dynastique. Les princes de Vaudémont se placent dans la lignée directe du duc Charles III et de ses pratiques absolutistes à la française. Le père et le fils imposent l’application d’un texte que la coutume, elle, n’a pas confirmé, et que les états généraux n’ont aucun droit à entériner.
    La difficulté pour Charles IV est de faire admettre au plan extérieur la légitimité de son accession au pouvoir, et d’être reconnu comme duc de Lorraine et de Bar par les autres puissances européennes. Le marquis d’Haraucourt, bailli de Nancy , ancien camérier du pape Paul V, se rend à Rome pour sonder Urbain VIII. Le souverain pontife reconnaît immédiatement le nouveau duc de Lorraine, sur qui il compte pour la croisade contre les Turcs. M. de Florainville de Cousance est quant à lui dépêché auprès de l’empereur pour justifier la procédure employée par les princes de Vaudémont.
    Avant même de faire son entrée solennelle à Nancy , Charles IV a levé une armée en prévision d’une éventuelle agression des protestants. Ce faisant, il avive encore la méfiance de Richelieu qui fait achever la citadelle commencée à Verdun . Or l’évêque de la ville, François de Lorraine-Chaligny, apparenté à la famille ducale, s’oppose aux travaux. Le conflit s’envenime aussitôt. Louis XIII est occupé à combattre les princes et les protestants de son royaume. Le souverain préfère faire examiner la question de la Lorraine par son conseil. Il charge le chancelier d’Aligre d’entendre des députés envoyés par le duc de Lorraine. En tant que vassal, Charles IV doit foi et hommage au roi de France pour le Barrois mouvant. Louis XIII ne peut, et ne veut, accepter le serment qu’au nom de la duchesse Nicole. Le duc, de son côté, ne peut se plier aux contraintes du droit féodal que le roi de France impose. Il compromettrait la crédibilité de la succession en ligne masculine. La présence française dans les Trois-Évêchés représente pour lui une menace sérieuse. L’indépendance spirituelle de ses États est en jeu [28] . Le duc de Lorraine n’ignore pas le danger d’une absorption à plus ou moins long terme. Sous le règne d’Henri IV, les Trois-Évêchés sont déjà passés du régime de protection simple au régime de sujétion. Charles IV redoute que sa liberté d’action ne soit de plus en plus entravée. Au mois de janvier 1625, il fait part de ses craintes à l’empereur. Il soupçonne que l’évêque de Metz , Henri de Bourbon-Verneuil, demi-frère de Louis XIII, ne veuille poursuivre le processus d’assimilation de la ville au royaume de France en sollicitant un régime de protection souveraine.
    Au printemps 1626, le chancelier d’Aligre récuse la légitimité de Charles IV comme duc de Bar , faute d’assentiment du suzerain légitime. Le Parlement se réunit plusieurs fois pour décider de la question. Le procureur général opine même pour la saisie du fief. Mais Louis XIII ne se prononce pas sur le cas du duc de Lorraine . La conjoncture internationale ne lui est pas aussi favorable qu’il le souhaiterait, malgré les progrès indéniables réalisés par Richelieu.
    Les Habsbourg triomphent à Madrid et à Vienne , alors que la France est affaiblie par quatorze années de troubles. Richelieu ne peut accepter l’avènement d’un duc de Lorraine dont les principaux appuis se situent en Allemagne , et dont les sympathies naturelles, comme les intérêts politiques les plus élémentaires, vont vers l’empereur. Le cardinal souhaite assurer les marges orientales du royaume et contrôler plus étroitement d’une part les Trois-Évêchés , d’autre part les duchés de Lorraine et de Bar . Il a déjà rédigé un mémoire énumérant les moyens de s’opposer aux usurpations lorraines en matière ecclésiastique. Le cas de la primatiale de Nancy , établie au préjudice de l’abbaye de Gorze , a été mis en exergue et une enquête aux limites de la Champagne est envisagée. Entré au conseil du roi le 29 avril, Richelieu, par lettres patentes datées du 10 mai, renouvelle les textes de 1603 interdisant toute aliénation du temporel sans autorisation du souverain français [29] . Puis il diligente une enquête confiée à Cardin Le Bret.
    Au cours de l’année 1624, Louis XIII a acheté la seigneurie de Mars-la-Tour . Après le décès du duc Henri

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