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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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Francfort-sur-le-Main et Strasbourg , rentrent dans le rang. L’Empire se libère des forces étrangères qui le ravageaient depuis de si nombreuses années. Seules, une armée suédoise commandée par le général Baner et les troupes françaises menacent encore respectivement la Poméranie et la Lorraine . Ferdinand II est désormais en mesure de s’opposer efficacement à Louis XIII, accusé d’avoir attiré les Suédois en Allemagne et d’avoir à dessein animé la révolte des princes protestants.
    En Europe du sud, la mort du duc de Mantoue complique au pire moment la situation en Italie . Son successeur est son petit-fils et la régence est dévolue à sa veuve, toute dévouée à l’ Espagne . Seul le duc de Rohan connaît quelques succès en Valteline .
    L’hiver 1635-1636 permet au moins aux armées françaises de restaurer leur équipement et de préparer les opérations prévues au printemps, au retour des beaux jours. L’engagement de la France dans la guerre de Trente Ans se solde par un bilan très mitigé et n’est pas sans engendrer de profonds bouleversements à l’intérieur même du royaume. Le conflit ouvert avec l’ Espagne nécessite en effet un accroissement considérable de la fiscalité. La guerre coûte cher, très cher. La taille, principale recette du royaume, passe à elle seule de près de onze millions de livres en 1632 à 53 millions de livres en 1635. Pour l’année de la déclaration de guerre, les recettes de toutes natures, dont la majeure partie provient des emprunts, se montent à 208 millions. Les financiers deviennent les interlocuteurs privilégiés du gouvernement, sans qui l’administration du royaume serait impossible.
    Parmi eux, les partisans, ou traitants, affirment leur rôle prépondérant. Le partisan conclut avec le roi un parti, ou traité, en vertu duquel il obtient, contre le versement d’une somme forfaitaire, le droit de lever un impôt, pendant une période déterminée, en fonction de la somme versée au roi augmentée des intérêts. L’État se place ainsi sous la dépendance des financiers, qui viennent s’ajouter aux officiers de finances, même si beaucoup de partisans sont aussi titulaires d’une charge. Le système a un avantage : son extrême souplesse, selon les besoins immédiats. Pour avancer au souverain les sommes dont il a besoin, les financiers s’adressent aux franges les plus aisées de la population, tous ordres confondus. Ainsi, les plus riches participent, dans une certaine mesure, à l’impôt.
    Parallèlement au renforcement de la fiscalité, l’administration locale se développe également grâce à l’installation dans tout le royaume des intendants de justice, de police et de finances, qui dépendent directement de l’autorité centrale. À l’origine, sous les règnes des derniers Valois, l’intendant est adjoint au gouverneur de province. Sa présence devient rapidement permanente en Languedoc et en Lyonnais. Puis Henri IV, à partir de 1596, décide d’envoyer dans les généralités des commissaires spéciaux chargés d’une part de l’application de l’édit de Nantes et d’autre part de diverses responsabilités financières. Après 1610, la double commission d’origine est complétée par de multiples tâches. Avec Richelieu, les fonctions d’intendant prennent une ampleur considérable ; il s’agit désormais de mater les révoltes antifiscales et de réformer le système de la taille. Les intendants tendent dès lors à se rendre indépendants des gouverneurs, disposant en effet d’un ordre scellé du grand sceau du roi, qui leur réserve un pouvoir supérieur à celui des officiers locaux.
    Il reste qu’aux mois de mai et juin 1635, les émeutes populaires se multiplient à Bordeaux et dans le sud-ouest du royaume à la suite de l’apparition d’une nouvelle taxe d’un écu sur chaque barrique de vin imposée aux cabaretiers. Pendant six mois, les insurrections paralysent les rentrées d’argent dans les caisses de l’État.
    Un autre conflit rebondit également à la même époque, la querelle avec le Parlement. Le 20 décembre de la même année 1635, le roi réunit un lit de justice pour imposer la création de nouveaux offices pour un montant de charges d’environ quinze millions de livres. Louis XIII souhaite mettre en place, au sein de l’instance judiciaire, un président à mortier, dix conseillers clercs, dix conseillers laïcs et quatre conseillers aux requêtes du

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