Richelieu ou la quête d'Europe
religieuses apportent liquidités et vaisselle précieuse. Le 12, les premiers détachements de volontaires sont dirigés vers l’Oise. Au total, trente mille hommes se rassemblent, grâce essentiellement aux contingents des provinces.
Le roi veut reprendre le plus vite possible l’offensive contre l’ennemi. Les Espagnols sont très éloignés de leurs bases arrière, située, selon les cas, aux Pays-Bas ou en Rhénanie , et connaissent de graves difficultés de ravitaillement. Richelieu en profite pour demander au prince d’Orange de faire diversion, en rallumant les hostilités à la frontière entre les Pays-Bas espagnols et les Provinces-Unies . Le stratagème fonctionne : le cardinal-infant doit se replier vers Bruxelles .
Le 1 er septembre, le roi de France , contre l’avis de Richelieu qui craint toujours un attentat contre le souverain, se rend en personne à la tête de ses armées, secondé par Gaston d’Orléans et le comte de Soissons. Or ceux-ci étaient jusque-là placés directement à la tête des contingents. Jaloux de leurs prérogatives et profondément vexés, ils font aussitôt de Richelieu le responsable de tous les maux dont souffre le pays. Mais, en moins de deux semaines, les troupes royales entrent en Picardie et reprennent la place de Roye . Le 15 septembre, les Espagnols battent en retraite et repassent la Somme. L’investissement de Corbie peut commencer.
Le quartier général de l’armée royale s’installe à Amiens. C’est là que le duc d’Orléans et le comte de Soissons se mettent d’accord sur un nouveau complot et fomentent un projet d’assassinat contre Richelieu. Les opérations sont organisées par les favoris des deux Grands, Antoine de Bourdeilles, Comte de Montrésor, grand veneur dans la Maison de Gaston, et son cousin Saint-Ibar, favori de Monsieur le Comte.
Au début du mois d’octobre, à l’issue d’un Conseil, Richelieu, sans escorte, s’entretient avec le duc d’Orléans et le comte de Soissons, entourés par Montrésor, Saint-Ibar et trois autres conjurés. Mais le frère du roi hésite à donner le signal convenu pour l’assassinat. Il se réfugie au premier étage du bâtiment et fait lui-même échouer le complot. Quelques jours plus tard, une nouvelle tentative se solde par un nouvel échec. Cette fois, les nerfs de Monsieur lâchent. Le 20, le frère du roi quitte brutalement Amiens et se retire à Blois .
Louis XIII, quant à lui, s’empare une à une des forteresses perdues et resserre l’étau contre Corbie . Le 14 novembre 1636, la place est enfin libérée. Les Impériaux évacuent la Bourgogne à la même époque et se replient en Franche-Comté . Le royaume respire. Il reste que La Capelle est toujours aux mains du cardinal-infant, que les îles de Lérins et la ville de Saint-Jean-de-Luz ont été conquises par Philippe IV, et que le royaume est secoué par de graves séditions populaires.
La révolte des croquants
Au cours de l’été 1636, des émeutes éclatent en effet à Rennes . La Bretagne est une province d’états où l’impôt est librement consenti. Le parlement de Rennes rechigne à accorder des subsides à Louis XIII. La foule se soulève contre les commissaires du roi et l’ordre n’est rétabli que grâce à l’intervention énergique du maréchal de Brissac, gouverneur de la province. La crise bretonne trouve une conclusion provisoire au mois d’octobre, avec la réunion des états de Bretagne à Vannes . Les privilèges de la province sont confirmés, mais le roi préfère soigneusement mettre en garde l’assemblée contre la réitération de tels incidents, car la Bretagne n’est pas la seule région touchée, et Louis XIII ne peut faire face à de multiples insurrections, ni mener une guerre civile sur plusieurs fronts à l’intérieur même du royaume. La Bretagne , en effet, n’est pas la province la plus gravement touchée par les émeutes populaires. Les troubles sont beaucoup plus importants en Périgord et en Angoumois . Les premières émeutes se déroulent à Périgueux dès le mois de juin 1635. Des barricades sont érigées et des affrontements avec les soldats du roi font plusieurs morts. Avec l’hiver, le climat s’apaise un peu. Mais, au mois d’avril 1636, la sédition éclate à nouveau à Angoulême , Barbezieux , Chalais , Montmoreau et Blanzac .
Le royaume de Louis XIII est ravagé par la guerre, par les armées qui le traversent et vivent aux dépens de la population,
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