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Richelieu ou la quête d'Europe

Richelieu ou la quête d'Europe

Titel: Richelieu ou la quête d'Europe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marie-Catherine Vignal Souleyreau
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Poméranie et les traités avec les électeurs de Saxe et de Brandebourg permettent le rétablissement de la paix dans le Saint Empire . La dynastie des Habsbourg est déjà parvenue à imposer la transmission héréditaire en son sein de la couronne élective de Bohême . Les États de l’électeur palatin ont été partagés entre l’ Autriche et la Bavière . Enfin, les protestants ont été contraints d’abandonner les évêchés et les biens ecclésiastiques qu’ils s’étaient appropriés. Si l’Empire est encore divisé en matière religieuse, Ferdinand II est bien le chef incontesté d’une Allemagne qui commence à prendre conscience de son unité culturelle.
    Dans ce contexte, au mois de septembre 1636, l’empereur convoque les électeurs à Ratisbonne . La diète siège jusqu’au mois de décembre. Ferdinand II a un double objectif : obtenir le concours de tous les princes d’ Allemagne contre la France et contre la Suède  ; profiter de la situation pour obtenir l’élection de son fils comme roi des Romains.
    Au cours de l’automne, le chancelier Oxenstern reprend les combats. Le 6 octobre, les Suédois remportent la victoire de Wittstock . Les électeurs de Saxe et de Brandebourg , menacés, doivent solliciter l’aide de Ferdinand II, qui ne peut empêcher que l’armée de la reine Christine prenne ses quartiers d’hiver en Saxe. Malgré le danger, l’assemblée électorale refuse que l’Empire déclare la guerre à la France . Ferdinand II ne le fait qu’à titre personnel. En revanche, la diète s’accorde sur les conditions de paix à offrir à Louis XIII : la France doit abandonner tous les territoires qu’elle détient dans le Saint Empire , et donc toutes les positions si chèrement acquises en Alsace , en Lorraine et dans les Trois-Évêchés . Ratisbonne ne vaut décidément rien à la diplomatie française ; le revers est considérable, d’autant que Ferdinand II parvient à faire élire son fils, également prénommé Ferdinand, roi des Romains. Les électeurs reconnaissent ainsi implicitement le caractère héréditaire de la couronne impériale dans la famille de Habsbourg. Ferdinand II peut être satisfait. Il disparaît le 15 février 1637. Son fils lui succède sans difficulté sous le nom de Ferdinand III.
    Le cardinal préfère s’en tenir au terme d’un accord qu’il signe avec le prince d’Orange le 15 avril 1636, sans implication directe. Si la défaite des confédérés protestants à Nordlingen permet à la France de renforcer sa position, la paix de Pirna trouvée par l’empereur et l’électeur de Saxe remet en cause le projet de paix générale que Richelieu tentait encore de défendre. De surcroît, et malgré les efforts déployés par le pape, les antagonismes empêchent la tenue réelle de la conférence de paix prévue à Cologne . La ville où doivent avoir lieu les débats est elle-même source de conflits [2] .
    Richelieu engage parallèlement des pourparlers secrets avec Olivarès. Des contacts sont pris en 1636, et se poursuivent en 1637. La mission de négociation est confiée au père Bachelier qui, pour se rendre en Espagne en toute discrétion, prétexte le transport des reliques de saint Isidore qu’il doit ramener à Anne d’Autriche. Olivarès souhaite autant un accord que Richelieu. L’ Espagne est déchirée par les particularismes, comme celui des Catalans ou des Portugais. L’économie est en pleine crise. Les arrivages de métaux précieux en provenance d’Amérique se font de plus en plus rares et la dette de Philippe IV est énorme. Une grave récession économique s’installe. Parallèlement, la population connaît une baisse démographique inquiétante, en raison de la trop forte proportion de soldats, de prêtres et de moines. Pourtant, malgré des situations respectives difficiles, Richelieu et Olivarès ne peuvent parvenir à un accord, l’Espagne refusant catégoriquement de reconnaître la mainmise française sur la Lorraine .

    L’entrée de la France en guerre ouverte correspond pour Richelieu à une des plus difficiles périodes de son existence. Après des années de combats pour imposer son autorité et une politique qu’il juge digne de la grandeur de son souverain, il perd peu à peu le contrôle de la situation et subit plus les événements qu’il ne les dirige. Seul, Louis XIII sait, au pire moment, faire preuve de la fermeté nécessaire au maintien du cap choisi par son principal ministre.

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