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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Il voyait en lui Napoléon II.
     
    – Mais la France a retrouvé un roi et ce roi a des héritiers, intervint Flora avec un peu d’humeur.
     
    – Talleyrand et Fouché ont préféré Louis XVIII, et le retour d’un Bonaparte sur le trône de France est, en effet, hautement improbable. Le petit duc de Reichstadt est, dit-on, très aimé de son grand-père, alors que sa mère s’en désintéresse. Cet enfant est déjà plus autrichien que français, observa Fontsalte.
     
    – Attendons qu’il soit en âge de manifester lui-même ses sentiments, insista Ribeyre.
     
    – En attendant, tu pourrais te retirer comme moi et, pour faire plaisir à Voltaire, cultiver ton jardin, dit Blaise avec malice.
     
    Ribeyre posa sur son ami un regard touchant de tendresse fraternelle et Axel comprit quelle intense amitié unissait ces deux compagnons de combat. Quand Claude Ribeyre de Béran reprit la parole, ce fut d’une voix changée.
     
    – Je n’ai pas, comme toi, une délicieuse femme qui fait l’ornement de ma maison et le bonheur de mes jours, ni un grand fils me ressemblant comme Axel te ressemble. Tu t’es donné le noble but de les rendre heureux. Moi, tu le sais, je suis seul dans la vie. Je n’ai que la France. C’est pourquoi, en conservant mon poste, je ne sers pas les Bourbons et Louis XVIII. Je sers la France. Notre-Dame la France, comme nous disions quand nous combattions dans les armées de la Révolution et de l’Empire, ce qui nous valait bien des moqueries, souviens-t’en !
     
    – Si je m’en souviens ! Altenkirchen, Alexandrie, les Pyramides, Marengo, la Prusse et d’autres lieux ! Nous a-t-on assez brocardés, nous, les aristocrates républicains ! Si je m’en souviens !
     
    – Un jour viendra, Blaise, où nous verrons les principes de 1789 appliqués, avec intelligence et humanité, par un souverain éclairé et un parlement honnête. C’est pourquoi je porte la cocarde blanche qui, ne l’oublions pas, fut celle de ton père et du mien, en attendant de remettre à mon chapeau la cocarde tricolore.
     
    – Ton vieux désir utopique, hein, d’une monarchie constitutionnelle !
     
    – Constitutionnelle ! s’insurgea Flora.
     
    – Il arrive souvent que les utopies deviennent réalités, surtout quand elles sont nécessaires. Or, j’ai bien réfléchi : la monarchie constitutionnelle est le seul système qui convienne à la France et aux Français.
     

    Pendant le repas, on évoqua la séquestration du roi Fernando VII. Depuis plusieurs années, une guerre civile diffuse régnait en Espagne. À ce jour, on comptait une quarantaine d’insurrections au Pays basque et en Castille, et les autorités avaient recensé plus de quatre cents groupes d’insurgés inorganisés, mais qu’une junte, réfugiée à Bayonne, tentait de fédérer. Dès 1820, le colonel Rafael del Riego y Nuñez avait soulevé l’armée à Cadix puis, devenu député aux Cortes, avait pris, en 1822, la tête du groupe des Exaltés qui, le 30 juin, s’étaient résolus à séquestrer le roi pour le contraindre à remettre en vigueur la Constitution libérale de 1812, abolie depuis 1816. Le souverain, sachant qu’il pouvait compter sur une forte réaction royaliste, capable de le débarrasser des libéraux, avait accepté un Conseil de régence, tout en sollicitant l’aide extérieure de la Sainte-Alliance. C’est pourquoi le congrès de Vérone avait confié à la France, malgré l’opposition de l’Angleterre, la responsabilité d’une intervention outre-Pyrénées.
     
    Charlotte, que ces questions politiques ennuyaient, voulut savoir comment vivait la duchesse de Parme et si elle portait encore le deuil de son mari.
     
    – Non, madame. Elle ne porte plus le deuil. D’ailleurs, l’a-t-elle jamais porté ! Elle a même refusé de recevoir, à Parme, le cœur de son époux. L’empereur avait cependant demandé par testament qu’on le lui fît porter. Elle craignait, a-t-elle dit, que des « malveillants », c’est son propre terme, ne prennent prétexte de la présence de cette relique à Parme, pour y venir en pèlerinage bonapartiste ! Elle n’a pas accepté non plus que Marchand, le fidèle valet de l’empereur, lui apporte les dentelles et le bracelet de cheveux préparés à son intention par l’exilé. Quant à la chaîne de montre tressée avec les cheveux de Napoléon et destinée à son fils, elle n’a jamais été remise, que l’on sache, au petit duc de

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