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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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Reichstadt.
     
    – Mais c’est étrange, ce comportement ! Ma sœur Rosine m’a raconté qu’à Parme la cour avait observé trois mois de deuil, dit Flora.
     
    – Ce qui n’empêchait pas Marie-Louise d’aller au spectacle à Florence, en oubliant son voile de veuve à Parme. Et, quand le docteur Antonmarchi, qui fut le médecin de Napoléon à Sainte-Hélène, voulut lui remettre le moulage du visage de son mari, pris par le docteur Burton aussitôt après la mort, elle refusa de le recevoir. Elle ne voulut même pas conserver le masque mortuaire et le confia à son intendant, en exigeant qu’il ne fût jamais montré au duc de Reichstadt.
     
    – Va-t-elle épouser Neipperg, dont elle a déjà eu deux enfants, maintenant qu’elle est veuve ? demanda Blaise.
     
    – On disait à Vérone que le mariage serait bientôt discrètement célébré. Cela paraît nécessaire puisque, dès l’arrivée de la duchesse au congrès, on a vu qu’elle était enceinte pour la troisième fois. On murmurait même qu’elle risquait d’accoucher à Vérone 4 , précisa Ribeyre.
     
    – Quel manque de dignité ! conclut Flora, traduisant le sentiment unanime des invités du général Fontsalte.
     
    Au dessert, vint le moment d’échanger les vœux de circonstance. Blaise porta un toast à l’an neuf, puis chaque convive exprima des souhaits de bonheur et de prospérité pour tous les autres. Invité à boire une coupe de champagne, l’adjudant Trévotte exprima avec sagesse le désir commun :
     
    – Que les choses continuent d’aller ainsi qu’elles vont, dit-il en vidant son verre.
     
    Au moment de se retirer, l’ex-M me  Métaz tint à informer elle-même l’ami de Blaise qu’elle avait repris son nom de jeune fille et se nommait désormais Charlotte Rudmeyer.
     
    – Une autre façon de rajeunir, souffla Flora au général Ribeyre.
     

    Quand les trois hommes se retrouvèrent seuls, autour d’un feu de bois, Titus présenta une bouteille d’eau-de-vie et Ribeyre offrit des cigares, rapportés de Vérone. Les deux généraux reprirent bientôt, avec Axel, leur conversation sur l’état de l’Europe. Le jeune homme, qui ne demandait qu’à s’instruire, posait parfois des questions.
     
    – Les membres de la Sainte-Alliance ont quelques raisons de se faire du souci. L’année qui vient de s’écouler a vu, partout, une résurgence violente des rébellions qui menacent leurs trônes, constata Claude.
     
    Le général Ribeyre, rompu par ses anciennes fonctions à l’énoncé de bilans, fit celui des menées révolutionnaires qui agitaient l’Europe depuis deux ans. Certains mouvements, provisoirement jugulés, cherchaient un nouveau souffle.
     
    En Piémont, un grand espoir était né le 12 mars 1821, à Turin, quand Victor-Emmanuel avait abdiqué. Charles-Albert, prince de Carignan, avait accepté à la fois la régence et la Constitution des Cortes, modèle espagnol, établi à Madrid en 1812. Mais l’écrasement de la révolte napolitaine par les Autrichiens avait vite douché les enthousiasmes des Piémontais. En apprenant que le général autrichien Bubna approchait, à marches forcées, à la tête de ses troupes, les libéraux s’étaient désunis, incitant le prince de Carignan à abandonner le nouvel État à son sort et à le remettre à l’héritier, Charles-Félix.
     
    – N’est-ce pas ce même général Bubna qui est entré à Lausanne, en 1813, pour tenter de rétablir « l’ancien et respectable ordre des choses » du régime bernois ? demanda Axel. J’avais douze ans, mais je me rappelle qu’en famille on ne parlait que des menaces que faisaient peser les Autrichiens sur l’indépendance du canton.
     
    – C’est la spécialité du comte Bubna, que d’intervenir pour rétablir les régimes en perdition, mais les échecs piémontais et napolitains n’empêchent pas les carbonari de continuer à fomenter, ici ou là, des troubles, remarqua Blaise.
     
    – Certes, mais depuis 1821 ils s’en prennent, plus souvent et sans grand risque, aux personnes plus qu’au régime. Ils ont assassiné, à Faenza, M gr  Montevecchi, qui prêchait contre la charbonnerie. À Forli, ils ont abattu des policiers et poignardé un espion prussien à Ravenne. Ce ne sont pas là des façons de combattants. Ce sont des manières de terroristes, dit Ribeyre, réagissant en soldat.
     
    – Tu as raison. Le terrorisme est l’arme des lâches et entache de vilenie la

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