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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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cause que ces gens croient défendre, renchérit Blaise.
     
    – Sans compter que, pour une maigre satisfaction de haine, ils déclenchent des représailles que les citoyens épris d’ordre approuvent et dont souffrent les vrais amis de la liberté. Ainsi, c’est sans doute l’assassinat de Montevecchi qui a déterminé le pape à menacer d’excommunication ceux qui continueront à adhérer à la charbonnerie. Le souverain pontife a écrit, dans son encyclique du 13 septembre 1821 : « Cette société, bien qu’elle prétende respecter profondément la religion catholique, la personne et la tradition de Jésus-Christ et exiger de ses adeptes la pratique de la charité et de toutes espèces de vertus, n’en doit pas moins être condamnée, parce que ses doctrines sont fausses et parce qu’elle porte ses adeptes à se dresser contre leur maître et à punir de mort ceux qui livrent leurs secrets », cita Ribeyre.
     
    – D’après ce que nous savons, à Genève, cette condamnation par le pape a eu de graves répercussions pour la société secrète. Non seulement le recrutement devient plus difficile, mais un grand nombre de catholiques, qui, jusque-là, conciliaient religion et révolution, ont quitté la charbonnerie, fait amende honorable et, même, dénoncé leurs chefs, précisa Blaise.
     
    – Et, en France, l’exécution des quatre sergents de La Rochelle et du général Berton a, d’une autre façon, porté un coup sérieux à la charbonnerie française, mieux organisée et plus combative que l’italienne, dit Ribeyre.
     
    Comme Blaise ne paraissait pas au fait des détails, le général Ribeyre résuma les événements.
     
    Dès 1820, s’était constituée, en France, une charbonnerie à laquelle avait adhéré, en 1821, le général La Fayette, franc-maçon, député de la Sarthe depuis 1817 et porte-parole, à la Chambre, de l’opposition libérale. Devenu, en peu de temps, chef de la Haute-Vente, instance suprême de l’organisation, l’ancien combattant de la guerre de l’Indépendance avait attiré, par son prestige, plusieurs députés libéraux, comme le banquier Jacques Laffitte, le manufacturier Jacques Kœchlin, Marc René de Voyer, marquis d’Argenson, et l’avocat Jacques-Antoine Manuel. Dans son château de La Grange, à Courpalay, La Fayette recevait toute la fine fleur intellectuelle de la charbonnerie française : le peintre Ary Scheffer, le philosophe Simon Jouffroy, le saint-simonien Armand Bazard, l’historien Augustin Thierry, l’économiste Pierre Leroux, et d’autres, qui ne rêvaient que renverser les Bourbons. Sollicités, les écrivains politiques Charles de Rémusat et Prosper Duvergier de Hauranne avaient cependant refusé d’entrer dans la société secrète.
     
    – On compte, dit-on, à travers le pays, plus de quarante mille carbonari, surtout rassemblés dans la région parisienne, depuis que la Société des Chevaliers de la liberté est passée, avec armes et bagages, à la charbonnerie, précisa Ribeyre.
     
    Le général évoqua ensuite l’insurrection ratée en Alsace, à cause des nombreuses arrestations opérées à Belfort par une police qui avait eu vent du complot, l’annulation des soulèvements prévus à Nantes, à Marseille, à Lyon où s’était tenue une importante réunion de la charbonnerie.
     
    – De celle-là, on a beaucoup parlé au café Papon, dit Blaise. Mon ami Chaslin estimait que, pour faire oublier l’échec de Belfort, il fallait réussir à soulever Lyon. Les carbonari, toujours optimistes, disaient les régiments prêts à marcher avec eux en arborant le drapeau tricolore et la population préparée à la révolte, pour peu qu’un nombre suffisant d’anciens officiers d’Empire l’entraînât. Bref, il ne restait qu’à proclamer un gouvernement provisoire ! Heureusement que nos comploteurs n’ont pu se mettre d’accord, sinon l’affaire, mal préparée, eût mal tourné et la répression eût été cruelle, conclut Fontsalte entre deux bouffées de cigare.
     
    – L’arrestation du général Berton 5 , après le coup avorté de Saumur, dut leur inspirer prudence et modestie. Ce brave Jean-Baptiste, que nous avons tous deux connu quand nous servions sous Moreau, avait été désigné par la Haute-Vente de la charbonnerie pour marcher sur Saumur, où la garnison était censée l’attendre les bras ouverts. Quand il eut pris Thouars, il crut au succès, mais ses gens se débandèrent et il ne

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