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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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comme insigne faveur, tel un bienfait qui concluait avec bonheur le pèlerinage.
     
    Comme il s’éloignait du comptoir pour rejoindre Chantenoz et lui montrer le billet du poète, Axel s’immobilisa, surpris d’entendre prononcer le nom de celle qui occupait souvent ses pensées.
     
    – M me  la Baronne von Fernberg a-t-elle laissé une adresse pour faire suivre son courrier ? demandait le concierge, d’une voix assez forte pour être entendu du maître d’hôtel, occupé avec Chantenoz.
     
    – Au château de Koriska, comme d’habitude, répliqua, un peu sèchement, le premier employé de la réception.
     
    Mû par un réflexe qu’il fut plus tard incapable d’analyser, Axel intercepta le maître d’hôtel.
     
    – Vous connaissez M me  von Fernberg ? demanda-t-il.
     
    – M me  la Baronne est une habituée de l’hôtel de l’Éléphant, monsieur. Elle fait toujours étape chez nous quand elle se rend dans son château des Carpates, monsieur. Et, d’ailleurs, elle était ici il y a quelques semaines, à l’occasion du jubilé de notre grand-duc. Monsieur la connaît-il ? demanda le maître d’hôtel, étonné.
     
    – La baronne von Fernberg est ma sœur, dit Axel.
     
    – M me  la Baronne est la sœur de Monsieur ! fit l’employé, incrédule.
     
    – Vous avez vu ses yeux ? Regardez les miens, ordonna Axel sans aménité.
     
    – Que Monsieur me pardonne, mais, en effet, Monsieur a le même regard, un peu… particulier, que M me  von Fernberg. Surtout quand Monsieur est un peu agacé, comme présentement, Monsieur, admit avec un sourire le maître d’hôtel.
     
    Axel ignora le léger persiflage et s’enquit de la ville la plus proche du château de Koriska.
     
    – C’est près de Zilina, en Moravie.
     
    Dans l’instant, Axel Métaz prit la folle décision qui allait le projeter avec Martin Chantenoz dans une aventure qu’aucun bourgeois veveysan n’eût pu imaginer.
     
    – J’ai décidé de rendre visite à la baronne von Fernberg avant de rentrer chez moi, dit Axel.
     
    Le vieux maître d’hôtel de l’Éléphant avait eu l’occasion, au cours de sa longue carrière, de voir quantité de clients originaux. Des maniaques voyageaient avec leur lit, leur baignoire ou leur cercueil, d’autres faisaient, à leurs frais, tapisser de leur couleur préférée, même pour trois nuits, les murs de leur chambre, d’autres encore, craignant d’être empoisonnés, comme si le grand-duc était un Borgia, exigeaient que l’on goûtât, en leur présence, tous les mets et les boissons qu’on leur servait. Le digne homme avait eu à surveiller des débauchés qui s’enivraient et violaient les servantes, à raisonner des pervers qui prétendaient acheter de jeunes bergers comme on achète un mouton, à rattraper des joueurs malchanceux qui voulaient se jeter dans l’Ilm, des escrocs déménageant à la cloche de bois. Ces gens causaient énormément d’ennuis au personnel mais distribuaient de grosses gratifications. En revanche, le factotum de l’Éléphant n’avait jamais vu un jeune homme, apparemment sain de corps et d’esprit, décider en une seconde de courir jusqu’aux Carpates Blanches au seuil de l’hiver pour faire visite à sa sœur ! Employé stylé, il ne marqua cependant aucun étonnement et s’inclina en conseillant toutefois au voyageur de s’assurer les services d’un guide sérieux et bien armé, les pays à traverser pour atteindre Zilina, ville proche de la république de Cracovie, étant infestés de bandits.
     
    – M me  la Baronne, votre sœur, voyage avec deux gardes du corps, des géants tatoués comme des corsaires, et deux caméristes, dont personne n’a vu le visage, toujours dissimulé sous un voile de nonne. Je ne saurais trop conseiller à Monsieur la plus extrême prudence, si toutefois Monsieur persiste à prendre la route dans cette direction !
     
    Axel persista et annonça aussitôt à Chantenoz son intention de rejoindre Adrienne. Martin, abasourdi, s’assit sur une malle prête à être chargée dans leur berline, ôta ses lunettes, dont il se mit à polir les verres avec application.
     
    – Tu es fou, mon garçon, de courir après cette sorcière, qui doit, à l’heure qu’il est, mener sabbat dans les forêts moraves. Rentrons à Vevey tranquillement et abandonne ce projet insensé.
     
    – Rentrez à Vevey avec notre berline et notre postillon. Moi, je veux voir le château de Koriska, où doit

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