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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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résider la mère d’Adriana. Je trouverai bien une diligence ou une chaise de poste pour me conduire à destination. Les routes existent, puisque Adrienne les emprunte, dit Axel avec détermination.
     
    Chantenoz poussa un profond soupir, agita la tête en signe de résignation.
     
    – Je n’ai rien à perdre, mon garçon, et je suis curieux comme une vieille femme. J’aimerais voir comment tout cela finira. Je te suivrai jusqu’en enfer, conclut Martin d’un ton crâne en chaussant ses lunettes.
     
    Virgile, le postillon lausannois, se montra moins accommodant. Séparé depuis un mois de sa femme et de ses enfants, il ne pensait qu’à rentrer au pays.
     
    – Notre contrat, monsieur, prévoit le parcours Lausanne-Weimar et retour, c’est tout…
     
    – Très bien, tu es libre de t’en aller, interrompit Axel. Je paierai ton voyage en diligence, car je conserve ma berline. Nous trouverons un autre cocher, ajouta-t-il.
     
    Le postillon accepta avec reconnaissance l’offre du jeune homme et reçut un appréciable viatique pour le voyage.
     
    – Tu diras à ma mère que le professeur Chantenoz et moi voyageons un peu vers l’est avant de revenir au pays.
     
    – Dis que nous allons chasser l’ours dans les Carpates, ce sera du meilleur effet, ajouta Martin, prêt à souscrire à toutes les folies de son ancien élève.
     
    Avec l’aide du maître d’hôtel et sur sa recommandation, Axel réussit à engager, dans la journée, un cocher français fixé à Weimar, qui connaissait la route de Zilina pour avoir conduit des clients jusqu’à Cracovie. L’homme se nommait Armand, paraissait solidement planté sur des jambes courtes et présentait toutes les garanties attendues. Cet ancien soldat de la Grande Armée avait été fait prisonnier par les Prussiens en 1814, interné à Iéna d’où il s’était évadé. Les armées françaises étant alors en déroute sur tous les fronts, il avait définitivement tourné le dos à la guerre. Le hasard l’avait conduit à Weimar où, devenu commis d’épicerie, il avait eu l’heur de plaire à la fille de l’épicier. Avec la dot de sa femme, il s’était procuré une berline d’occasion, à bord de laquelle il transportait, à la demande, les voyageurs pressés. C’est ainsi qu’un mois plus tôt il avait été engagé par la baronne von Fernberg, quand sa voiture avait brûlé après que son cocher l’eut, une nuit, reconduite de l’Opéra à l’hôtel de l’Éléphant.
     
    – Sa voiture a pris feu ! A-t-on su pour quelle raison ? demanda Axel.
     
    Étant donné les troubles activités d’Adriana, il imagina qu’il pouvait s’agir d’un attentat, perpétré, en représailles, par un agent étranger. Les espions russes, autrichiens et prussiens pullulaient à Weimar.
     
    – On a pensé qu’un des quinquets qui éclairaient l’intérieur de la voiture avait été mal éteint et qu’en basculant il avait pu communiquer le feu à la banquette. Mais la baronne ne chercha pas vraiment à savoir, monsieur. C’est pas une personne à se faire du tourment pour une voiture perdue, dit l’homme.
     
    – Je la sais, en effet, d’esprit très pratique, dit Axel.
     
    – Une femme pratique, certes, mais gaie, résistante à la fatigue, ne se plaignant jamais et généreuse avec ça. Peut-être un peu bizarre, comme toutes celles qui viennent du rude pays des Tsiganes.
     
    Tout en demandant à Axel d’excuser ce qui pouvait passer pour indiscrétion, Armand, qui ignorait encore qu’Adrienne était la demi-sœur du jeune Suisse, voulut savoir pourquoi ce dernier tenait tellement à se rendre au château de Koriska.
     
    – Je n’en ai vu que les murs de pierres grossières et le donjon crénelé, mais les paysans moraves le disent hanté par le fantôme d’un seigneur sanguinaire. Il paraît que, par les nuits sans lune, des panaches de fumée s’en échappent et roulent comme brouillard au flanc de la montagne.
     
    – Brr, brr, fit Chantenoz.
     
    Axel ne releva pas l’étrangeté de la description. Il ne croyait ni aux fantômes ni aux revenants et Adrienne était une sorcière bien vivante.
     
    – La baronne von Fernberg est une parente et je dois absolument lui faire signer un papier pour pouvoir toucher un héritage. D’ailleurs je suis accompagné de notre notaire, M e Chantenoz, mentit résolument le jeune homme en adressant un clin d’œil à Martin.
     
    – C’est une bonne raison qu’un héritage

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