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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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et un députés sortants qui avaient voté, en mars, une adresse contre le gouvernement, deux cent deux étaient réélus, ce qui constituait un camouflet, aussi bien pour le président du Conseil que pour le roi.
     
    C’est pourquoi, tandis que le bon peuple célébrait, sous les girandoles, la prise d’Alger et que l’on chantait partout des Te Deum , le gouvernement de M. de Polignac avait invité le roi à user de l’article 14 de la Constitution. Ce texte donnait pouvoir au monarque de prendre « les ordonnances nécessaires pour l’exécution des lois et la sûreté de l’État ». Il avait suffi de publier : « Une malveillance active, ardente, infatigable, travaille à renier tous les fondements de l’ordre et à ravir à la France le bonheur dont elle jouit sous le sceptre de ses rois 1  », pour accréditer la menace d’une guerre civile et déclarer l’État en danger ! Dissoudre la Chambre récemment élue, fabriquer une nouvelle loi électorale : telle fut la stratégie adoptée.
     
    Le 28 juillet, par leurs journaux, qui reproduisaient le Moniteur publié à Paris le 26, les Vaudois connurent le texte des quatre ordonnances qui allaient allumer une révolution. Ces textes annonçaient la dissolution de la Chambre, suspendaient la liberté de la presse, ramenaient le nombre des députés à deux cent cinquante-huit, « élus pour cinq ans et renouvelables par cinquième, chaque année », limitaient le corps électoral aux « collèges départementaux composés du quart des électeurs les plus imposés » et convoquaient devant les urnes ceux qui auraient ainsi droit de suffrage, pour les 6 et 13 septembre.
     
    La réaction ne se fit pas attendre. On commentait encore les décisions énergiques de Charles X dans les salons cossus de Genève et de Lausanne que, déjà, des barricades s’élevaient à Paris et que l’armée, requise, ne pouvait empêcher les émeutiers de se rendre maîtres de la capitale.
     
    Bourmont, ministre de la Guerre, à qui la conquête d’Alger avait coûté la vie de son plus jeune fils, le lieutenant Amédée de Bourmont, venait de recevoir le bâton de maréchal qu’il convoitait depuis longtemps. Il se trouvait toujours en Algérie et suivait, avec près de deux semaines de retard, les événements parisiens. Avant de quitter la France, Bourmont, renseigné sur l’agitation latente orchestrée par l’opposition, avait soufflé à Polignac, président du Conseil : « Si vous avez quelque embarras et que vous ayez à faire agir la troupe, prenez Marmont, il est compromis : il se battra bien 2 . » Or Marmont, mal à l’aise dans la répression, s’était battu mollement.
     
    Claude Ribeyre de Béran regagna Lausanne au commencement du mois d’août. C’est par lui que les Fontsalte, Axel, Flora et leurs amis apprirent ce qui s’était réellement passé à Paris, pendant les trois journées révolutionnaires des 27, 28 et 29 juillet.
     
    – Les ordonnances absolutistes de Charles X ne furent qu’un détonateur à mèche politique, dit en préambule l’ancien officier général du service des Affaires secrètes et des Reconnaissances.
     
    Puis il enchaîna :
     
    » Nous étions quelques-uns à savoir, depuis les manifestations en faveur de la Charte et les échauffourées de la rue Saint-Denis, en 1827, que les choses ne pouvaient rester en l’état. Le tempérament absolutiste de Charles X, qui n’avait accepté qu’à contrecœur de voir des libéraux à la Chambre, irritait tout le monde. La charbonnerie, très forte en France, préparait depuis longtemps une insurrection républicaine. Elle fut mise en alerte par ses chefs, dès le 26 juillet. Les journalistes du National , stimulés par Thiers, Carrel et Mignet, fondateurs du journal, annonçant qu’ils « se dispensaient d’obéir aux ordonnances », donnèrent, volontairement ou non, le signal du soulèvement. Dans le même temps, le général Cavaignac, carbonaro de la Vente centrale et républicain combatif, avait, comme les chefs des Ventes mères, ordonné aux apprentis 3 , la plupart ouvriers, de se rassembler, sous l’autorité des maîtres 2 et des chefs d’atelier3, autour du Palais-Royal et de la Bourse. J’ai vu là des orateurs haranguer les passants et les inviter à se joindre à ceux qui voulaient défendre la Charte bafouée par un nouveau despote. Parmi les plus excités, ce jour-là, j’ai reconnu le fameux baron de Schonen, autre

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