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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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est le peintre Ary Scheffer, familier de la famille royale, ce qui ne l’empêche pas de fréquenter M. de La Fayette et les carbonari. Scheffer a peint un bel hommage à la Grèce, les Femmes souliotes , et on le considère à Paris comme un des maîtres de l’école romantique. Anicet a rencontré chez lui des gens en vue, comme M me  George Sand, M. Alexandre Dumas et le grand pianiste Franz Liszt.
     
    » Je me réjouis donc de connaître ce milieu et j’aurai certainement beaucoup à vous raconter quand je reviendrai, si toutefois vous retrouvez le chemin de la rue des Granges, que vous semblez avoir oublié. Je sais que vous êtes, depuis quelques semaines, extrêmement occupé par vos affaires et, m’a dit M. Chantenoz que j’ai rencontré à la Société de Lecture, par la préparation de la fête des Vignerons annoncée pour l’an prochain. »
     

    M lle  Laviron achevait sa lettre par une formule banale, ce qui n’était pas dans ses habitudes. Elle donnait néanmoins son adresse à Paris.
     
    « Elle est un peu fâchée », se dit Axel, qui se promit de lui écrire, afin de prouver que le retrait de ses comptes de la banque Laviron n’impliquait pas le retrait de l’affection qu’il portait à une irréprochable amie.
     

    En ce printemps 1832, la presse se faisait, de plus en plus souvent, l’écho des craintes nées en France de la multiplication soudaine des cas de choléra. Cette maladie infectieuse, partie des Indes en 1817, était apparue en Europe en 1823. Les médecins ignoraient encore comment elle se propageait. Certains pensaient que le choléra était un « principe animal ou végétal, comparable aux virus et aux effluves et qui, comme eux, agit avec une énergie fatale sur la substance vivante ». D’autres estimaient que cette maladie était « portée par des miasmes, qui suivaient la route des grands courants magnétiques ». D’autres encore croyaient que les mouches étaient responsables du fléau, parce qu’on avait constaté une recrudescence anormale de ces insectes chaque fois que le choléra se manifestait. Les praticiens restaient divisés même sur le classement de la maladie. Pour les uns, elle était infectieuse ; pour d’autres, elle constituait « un événement trop funeste pour ne pas sortir des limites de la médecine ». Pour d’autres encore, dont on préférait taire les avis, il s’agissait d’une affection très contagieuse. Admettre ce point de vue eût été semer la panique dans la population.
     
    D’après Louis Vuippens, les symptômes annonciateurs étaient, en revanche, connus de tous : le malade commençait à frissonner, puis le froid engourdissait ses membres, il se plaignait de crampes douloureuses, de maux de ventre insupportables. Bientôt, une diarrhée incoercible anéantissait ses forces, il maigrissait à vue d’œil, puis la cyanose gagnait le visage et le cholérique mourait. Il succombait, en fait, à une perte massive de sel et d’eau, qui entraînait une déshydratation fatale. Certains cholériques mouraient en quelques heures, d’autres en quelques jours. Un quart, seulement, des malades en réchappaient.
     
    Les journaux relataient que le premier cas avait été constaté, le 15 mars, à Calais, et que le choléra avait choisi pour première victime un portier de la rue des Lombards, à Paris, le 23 mars. Depuis, le fléau se répandait dans cette ville de près de huit cent mille habitants, frappant surtout dans les quartiers pauvres, Saint-Marceau, Saint-Jacques, la Cité, l’Hôtel-Dieu, un peu moins fréquemment dans les quartiers riches, Chaussée-d’Antin, Palais-Royal, Tuileries. Les médecins s’accordaient pour constater que la misère et la saleté favorisaient l’éclosion du mal.
     
    Les Vaudois, eux, se rassuraient parce qu’un médecin lausannois, le docteur Charles Pellis 5 , fils de Marc-Antoine Pellis, un des délégués à la consulte qui, en 1803, avait été convoquée par Napoléon pour discuter de la Constitution helvétique, s’était rendu à Paris, afin d’« explorer » sur place ce que la Faculté acceptait, enfin, de considérer comme une épidémie. Ses observations permettaient au praticien de soutenir que le choléra exemptait les villes situées à plus de mille pieds au-dessus du niveau de la mer. « La plus grande partie de la Suisse dépassant cette élévation, nous devrions échapper au fléau », assuraient donc les journaux. Les douaniers, qui ne

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