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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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s’installer à Rive-Reine pendant son voyage en France, mais il décida de n’en rien faire. Élise Delariaz, qui entretenait de bonnes relations diplomatiques avec Pernette, pourrait fort bien tenir le rôle de maîtresse de maison.
     
    La réception, la translation et l’inhumation des restes d’Adrienne de Fontsalte constituèrent, certes, une épreuve pour Axel, mais au cours du voyage, de Lausanne à Calais, s’établit entre Blaise et lui une intimité nouvelle. Les deux hommes eurent de longs et confiants entretiens, au cours desquels ils échangèrent des confidences sur leurs passés respectifs et Axel finit par avouer au général qu’il avait eu pour sa fille plus que de l’amour fraternel.
     
    – L’acte qui, à Venise, fit de notre rencontre un péché intervint avant que j’aie su qu’elle était ma demi-sœur, crut bon de préciser Axel ce soir-là.
     
    – Qu’importe. J’ai toujours su que vous étiez amants. Et croyez bien, Axel, que cela ne m’a point choqué. Si vous avez offert à cette malheureuse, gouvernée par d’étranges démons, quelques jours, voire quelques heures seulement de bonheur, c’est-à-dire d’oubli d’elle-même, je vous en suis reconnaissant. Allez en paix.
     
    Il ne fut pas imposé à Blaise, comme les autorités françaises eussent été en droit de l’exiger, de reconnaître le corps de sa fille. Morte pendue deux ans plus tôt, Adrienne eût été méconnaissable, la nature, patiente destructrice des morts, ayant commencé son œuvre.
     
    Passé la première émotion, lors du débarquement du cercueil, une lourde caisse de bois brut plombée, les deux hommes connurent une sorte d’apaisement. À Fontsalte, dans la chapelle du château, la cérémonie fut brève et discrète. Quand vint le moment pour les fossoyeurs de tirer les lourdes dalles qui scellaient les tombes des Fontsalte, Axel demanda la permission de déposer un coffret, apporté de Vevey et qui contenait les deux médailles de saint Pertinent, reçues l’une de Zélia, l’autre d’Adrienne, et la tresse de cheveux de cette dernière. Ce geste ne constituait pas un reniement du passé ou des sentiments qu’il avait eus pour la morte, mais Axel tenait à protéger à jamais ces souvenirs d’une profanation impie. Il ne supportait pas l’idée qu’après sa propre mort des mains étrangères puissent toucher ces objets et cette relique, s’en amuser peut-être, en s’interrogeant sur leur origine. Ainsi, dans la tombe d’Adrienne, ces souvenirs seraient hors d’atteinte d’héritiers curieux ou indifférents.
     
    Au cours du bref séjour à Fontsalte, le notaire de la famille, venu assister à la mise en terre d’Adrienne, apprit à Axel qu’il avait reçu des États-Unis une lettre de M. Guillaume Métaz. Laconique mais clair, le Vaudois devenu américain ne formulait nulle objection à ce que l’enfant qu’il avait longtemps cru sien pût ajouter au nom de Métaz celui de son véritable père.
     
    – M. Métaz revendique le privilège d’une seule restriction, qui n’a toutefois rien de légal et que vous pouvez négliger. Il demande que les raisons sociales des entreprises qu’il a fondées, et dont vous êtes aujourd’hui propriétaire, ne soient pas modifiées. Qu’elles continuent, en somme, à porter le seul nom de Métaz, précisa le tabellion.
     
    Blaise répondit avant Axel :
     
    – Cela me paraît juste et équitable, n’est-ce pas ?
     
    – C’est aussi mon sentiment, dit simplement Axel.
     
    – Ainsi, dans quelques jours, je vous adresserai copie des minutes de l’arrêt qui fait de vous le fils adoptif du marquis de Fontsalte, de qui vous êtes, d’ores et déjà, autorisé à porter le nom, conclut le notaire.
     
    Au soir de cette journée, après les préparatifs pour le retour à Vevey, quand vint le moment d’aller dormir, Axel tendit la main à Blaise.
     
    – Bonne nuit, père, dit-il pour la première fois et sans effort.
     
    Le général le prit aux épaules, l’embrassa sur le front puis, retirant de son auriculaire sa chevalière armoriée, la glissa au doigt d’Axel.
     
    – Le fils aîné des Fontsalte reçoit ce sceau au jour de sa majorité. Pardonnez ce retard, dit simplement Blaise en s’éloignant pour cacher son émotion.
     

    À Vevey, Axel trouva dans son courrier une lettre de Guillaume Métaz, qui contenait une copie du texte envoyé au notaire forézien. Axel en connaissait déjà les termes. Dans

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