Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
nettement position contre ceux qui souhaitaient débarrasser le canton des Polonais. « Nous devrons les garder aussi longtemps qu’ils ne pourront tourner leurs pas ailleurs sans se compromettre », avait déclaré le porte-parole des élus.
     
    La Gazette de Lausanne du 23 mai, qu’Élise Delariaz mit sous les yeux d’Axel, prenait position en faveur des Polonais. « La Suisse elle-même ne les a point appelés ; mais ils y sont par la force des choses ; ils ne peuvent se porter en avant ; ils ne peuvent retourner en arrière ; c’est à la Suisse libérale, à la Suisse hospitalière, à honorer en eux le courage malheureux », écrivait le journaliste.
     
    Charlotte de Fontsalte rejoignit, dès sa constitution, le comité lausannois d’aide aux Polonais, fondé par les dames de la rue de Bourg. Toutes se souvenaient que les dames de Saint-Jacques, association de la noblesse polonaise, avaient, en 1812, soigné, dans les hôpitaux de Wilno, des Vaudois engagés dans le contingent suisse de la Grande Armée et victimes, comme tant d’autres, de la déroute.
     
    Aussitôt, Élise Delariaz, qui formait maintenant avec Charlotte et Flora un trio actif dans le domaine de la bienfaisance, se dévoua, à Vevey, pour collecter des vêtements, de l’argent et des lots destinés à une tombola, qui serait tirée au profit des Polonais.
     
    Avec l’autorisation de son parrain, Alexandra participait à ces activités charitables, « très formatrices pour une enfant gâtée », disait l’institutrice. Axel, quant à lui, s’efforçait de trouver du travail aux Polonais, qui, issus de riches familles, se sentaient humiliés de survivre grâce à la charité publique. Parmi les réfugiés se trouvaient de nombreux intellectuels, que l’on envisageait d’admettre comme professeurs dans les universités et collèges. Ainsi, le fameux poète patriote Adam Mickiewicz allait être invité par l’Académie de Lausanne à donner des cours de littérature latine, ce qui réjouissait fort Martin Chantenoz, grand admirateur de son Livre des pèlerins , publié l’année précédente à Paris.
     
    On rencontrait aussi des hommes entreprenants qui, souhaitant acquérir la nationalité helvétique, s’efforçaient de s’intégrer dans les activités industrielles ou commerciales du pays. On citait deux jeunes nobles polonais, Antoine Norbert de Patek et François Czapek, tous deux amateurs de belles montres, qui fréquentaient assidûment les cabinotiers de Genève afin d’apprendre le métier d’horloger. On leur prêtait déjà le projet de créer à Genève une fabrique de montres de luxe 12 .
     

    Jusqu’à ce jour, Axel n’avait raconté à M lle  Delariaz qu’une partie de son passé. Au fil des confidences, la confiance s’étant établie, il avait appris à la jeune fille, afin de lui éviter tout impair, les conditions de sa naissance, le divorce de ses parents, le départ de Guillaume Métaz pour l’Amérique, l’arrivée tardive dans sa vie de son véritable père, le marquis de Fontsalte.
     
    – Il suffit de vous voir ensemble pour savoir que vous êtes son fils, avait-elle dit.
     
    – À cause de notre regard vairon, bien sûr !
     
    – Pas seulement. Votre façon d’être, qui est aussi semblable que votre stature et vos cheveux, avait-elle précisé.
     
    Quand vint le moment d’entreprendre le voyage de Calais, Axel crut bon d’en dire plus. Il ignorait que Martin Chantenoz, qui bavardait souvent avec l’institutrice, avait, avec son habituelle indiscrétion, révélé à Élise l’existence aventureuse de la demi-sœur d’Axel. Mais M lle  Delariaz, considérant comme confidentiels les propos du professeur, feignit d’entendre pour la première fois mentionner le nom d’Adrienne de Fontsalte, décédée en Angleterre, loin des siens. Axel tut naturellement la qualité des rapports qu’il avait eus avec cette demi-sœur, « femme admirable, courageuse, dévouée à la cause de tous les opprimés », comme il passa sous silence les circonstances de sa mort.
     
    – Dans quelques jours, je partirai pour Calais avec le général, afin d’accueillir la dépouille de ma demi-sœur. Mon absence durera peut-être une quinzaine, conclut Axel.
     
    – Ce voyage sera pour vous une rude épreuve. Alexandra et moi, nous attendrons votre retour avec impatience en prenant grand soin de votre maison, dit-elle simplement.
     
    Axel avait pensé demander à sa mère de venir

Weitere Kostenlose Bücher