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Rive-Reine

Rive-Reine

Titel: Rive-Reine Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
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et a fait confirmer ma situation d’héritier des biens Métaz.
     
    Charlotte se tut, sécha ses yeux. Son caractère ne la portant pas à de longs apitoiements, elle prit calmement connaissance de l’extrait de jugement.
     
    – Voilà une affaire réglée, n’est-ce pas ? Je suis maintenant une femme divorcée, une femme méprisable, mais une femme libre ! clama-t-elle.
     
    Un peu plus tard, elle fit atteler son cabriolet et Axel comprit qu’elle courait au moulin annoncer le divorce à Blaise de Fontsalte.
     

    Le même soir, Axel Métaz regagna Rive-Reine, où l’ouvrage ne manquait pas depuis qu’il avait décidé de mettre une nouvelle barque en chantier, d’ensemencer en colza les terres en jachère d’Hauterive et de faire entièrement rénover l’intérieur de sa maison. Le jeune homme tenait à créer un nouveau décor, pour exorciser tous les fantômes du passé, tentés de s’imposer dans la vieille demeure. Il commença par redistribuer les pièces pour la commodité de sa vie de célibataire. Partout, il voulut des teintes claires, des jaunes maïs, des bleus pastel, des gris rosés, surtout dans les chambres, dont il renouvela le mobilier. S’il respecta les boiseries du hall, qui traversait l’immeuble d’une façade à l’autre, il les fit gratter jusqu’à ce que le bois de poirier retrouvât le brun roux, son ton naturel, masqué comme des lambris de sacristie par dix couches de vernis foncé.
     
    Il fit don, à la vente de charité de la paroisse, de toutes les toiles et gravures édifiantes, bibliques ou champêtres que son père avait fait suspendre dans la maison, ne conservant que les tableaux achetés par M me  Métaz. Ces toiles de meilleure facture furent accrochées dans la chambre donnant sur le lac, qu’il réservait à sa mère. Connaissant les goûts de Charlotte, il fit tendre les murs de tissu vert amande et acquit, dans une vente de mobilier de château, des chevets et une coiffeuse de bois de rose.
     
    Il fit du petit salon du rez-de-chaussée, ouvert sur la terrasse-jardin, un cabinet de travail pourvu de rayonnages de chêne clair, qu’il meubla d’une grande table de travail de même essence confectionnée d’après ses plans. Il se réserva un coin pour la lecture, où quatre fauteuils capitonnés, commandés en Angleterre, permettraient de s’entretenir, entre intimes, dans l’atmosphère confortable d’un club de Pall Mail. Il fit remettre en place, dans la salle à manger, la grande table que son père avait fait enlever dès le lendemain du drame d’août 1819 et remplaça par une desserte le buffet massif, hérité des Rudmeyer. Dans le grand salon, il obtint du peintre, pour les murs, le gris très tendre, et pour les guirlandes de stuc, le blanc immaculé qu’il souhaitait, en fournissant comme modèle à l’artisan une bonbonnière de Wedgwood, rapportée d’Angleterre.
     
    Simon Blanchod se moqua du raffinement exagéré d’Axel et condamna ses « folles dépenses », quand le nouveau maître de Rive-Reine fit confectionner des bougies aux couleurs des pièces auxquelles il les destinait et venir de France les nouvelles lampes Carcel, qui brûlaient sans fumée, en fournissant un éclairage doux, quarante-deux grammes d’huile de colza épurée à l’heure !
     
    Comme la plupart des Vaudois, informés par les journaux de la maladie de Napoléon, Axel cherchait dans le journal, chaque jour après le repas, des nouvelles de l’exilé de Sainte-Hélène.
     
    La Gazette de Lausanne du 26 juin 1821 en apporta une qui demandait confirmation :
     
    « Depuis plusieurs semaines, les journaux anglais annonçaient que Bonaparte était très malade. Le bruit s’est répandu aujourd’hui qu’il est mort, et que la nouvelle en est arrivée à Londres. »
     
    Mais, le 3 juillet 1821, cette même Gazette de Lausanne publiait un démenti des autorités britanniques :
     
    « Le gouvernement a reçu des dépêches de Sainte-Hélène, en date du 25 avril. On a semé depuis quelque temps des bruits si ridicules sur la personne du prisonnier, qu’il est convenable de faire connaître la vérité. Il n’est point mort ; il est seulement assez malade de son hydropisie. Il ne sera transféré nulle part. Sainte-Hélène est la demeure qui lui est assignée et il y restera. »
     
    Dix jours plus tard, le journal du 13 juillet faisait état d’une dépêche, rédigée le 6 mai à Sainte-Hélène :
     
    « Bonaparte est mort

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