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Robin

Robin

Titel: Robin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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devenir la résidence
du magistrat en chef et percepteur du comte de Braose – un changement de
mauvais augure, à n’en point douter, mais dans la droite ligne de tous ceux qui
survenaient à travers l’Elfael presque quotidiennement.
    La cour du monastère était
progressivement devenue la place du marché de la nouvelle ville. Soit les
diverses constructions monastiques étaient transformées pour répondre à de
nouveaux usages, soit elles étaient démolies pour laisser place à des bâtiments
plus gros et plus fonctionnels. Une rangée de cellules était en cours de
destruction pour permettre l’édification d’une forge de maréchal-ferrant et
d’un grenier. Le long et bas réfectoire enduit de torchis allait devenir une
maison des corporations, et le modeste scriptorium une trésorerie. Que l’Elfael
ne possède aucune guilde ne semblait pas compter ; que personne ne paie de
taxes n’avait apparemment guère plus d’importance. Les guildes arriveraient en
temps voulu, tous comme le percepteur.
    Aussi fâcheuse que fût cette
perspective, l’évêque ne pouvait lui accorder plus qu’une attention fugace. Son
esprit était tourmenté par une question ô combien plus importante :
nourrir son peuple affamé. Les grains promis par le baron Neufmarché n’étaient
pas encore arrivés, et Asaph avait décidé de retourner voir le comte de Braose
pour voir ce qu’il en était. Il espérait que leur prochaine rencontre se
déroulerait selon des modalités moins conflictuelles, mais la perspective de
meilleurs rapports semblait toujours finir par filer entre ses doigts.
    Il resserra les lacets de ses
chaussures, puis se fraya un chemin à travers le site de construction qui jadis
avait été son foyer – celui de Dieu – et entreprit de traverser la
vallée en direction de Caer Cadarn. Une fois arrivé aux portes de la
forteresse, on lui demanda, comme il s’y était attendu, de patienter dans la
cour jusqu’à ce que le comte daigne le recevoir. Tel un quelconque ouvrier
agricole, l’évêque de Llanelli attendit donc en plein soleil, les pieds dans la
boue, que le comte ait fini son repas. Il s’indignait de pareil traitement mais
essaya de ne pas en prendre ombrage, mieux valait réciter un psaume ou deux.
    Vingt psaumes plus tard, le
sénéchal du comte finit par faire son apparition. À la porte de la salle
d’audience, Asaph remercia Orval, puis défroissa sa robe et ajusta sa ceinture
histoire de se donner de la contenance. Une fois à l’intérieur, il trouva le
comte penché sur une table chargée des plats à moitié vides d’un repas tout
juste terminé et de carrés de parchemins sur lesquels on avait dessiné les
plans de fortifications défensives.
    « Pardonnez-moi, Monseigneur,
si je ne vous offre pas de rafraîchissements, dit distraitement le comte. Je
suis très occupé, comme vous pouvez le constater.
    — Je ne voudrais pas abuser de
vos attentions, répondit âprement l’évêque. Vous vous en doutez, je ne viendrais
pas ici sans une raison impérieuse. »
    Falkes leva brusquement les yeux.
« Dites-moi, quel sujet va me valoir votre babillage cette fois-ci ?
    — On nous a promis des
provisions, dit l’évêque.
    — Quand ?
    — Eh bien, quand le baron
Neufmarché était ici, il y a de ça presque un mois à présent. Nous en avons de
plus en plus bes…
    — Neufmarché vous a promis du
grain, oui, je me le rappelle. » Le comte de Braose revint aux dessins
posés devant lui. « Et alors ?
    — Mon seigneur, dit l’évêque,
qui sentait ses paumes moites d’appréhension, nous n’avons rien reçu.
    — Vraiment ? grimaça le
comte. Eh bien, peut-être a-t-il oublié.
    — Le baron a promis de nous
envoyer des vivres dès son retour à Hereford. Comme je vous l’ai déjà dit, cela
fait maintenant presque un mois et nous n’en avons jamais eu autant besoin. Les
gens sont en train d’épuiser leurs derniers stocks, ils s’évanouissent de
faiblesse, les enfants ne cessent de pleurer. Dans certaines exploitations, ils
meurent déjà de faim. Si on ne leur porte pas secours, ils mourront tous.
    — En ce cas, répondit le comte
en ramassant un bout de parchemin, je vous suggère d’en parler directement au
baron. C’est son affaire, pas la mienne.
    — Mais…
    — Le sujet est clos,
l’interrompit le comte Falkes. Je ne vous retiens pas. »
    Atterré, déconcerté, l’évêque Asaph
demeura interdit un moment. « Mon seigneur, vous

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