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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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doivent être soignés et ceux à qui on ne donnera que des calmants en attendant la fin. Chacun veut sauver un ami, un compatriote. Neumann doit trancher et prendre ses décisions. Choix cruel mais nécessaire. »
    Au Revier IV, celui des tuberculeux, il n’y a qu’un seul médicament, l’aspirine, baptisée par dérision « vitamine A » . C’est là que règne le Erster Häftlings Arzt, le médecin-chef détenu du Krankenbau, l’ancien médecin S. S. et morphinomane Hermann Pistor. Dans ses pérégrinations de Revier en Revier, puisqu’il sera opéré quatre fois du genou, Raymond Jamain y séjourne deux semaines, suite à une bronchopneumonie : « L’infirmier m’attribue une paillasse. Il m’enveloppe dans un drap mouillé glacé et je sombre. Combien de temps ? Deux jours ? Trois jours peut-être ? Je me réveille trempé de sueur, un peu soulagé. C’est l’heure de la soupe, mais rien que l’odeur me soulève le cœur. Impossible d’avaler quoi que ce soit pendant quelques jours, ce qui fait le bonheur de mes voisins…
    « Quand je peux apprécier ce qui se passe autour de moi, je suis frappé de l’ambiance particulière de ce block, différente de l’atmosphère empuantie et cauchemardesque des autres salles. Ici, ce sont des corps décharnés, ayant souvent à peine la force de pouvoir tousser. Rien de visible, mais le refus de la nourriture, l’abandon progressif de la vie. C’est là que meurent Chargé et Bertin, de Jonzac (Charente-Maritime), arrêtés à seize ans en 1942. »
    René Dupau y est hospitalisé le 29 juin 1943 et bénéficie « de l’aide de bons camarades allemands et de bons camarades français : Wilvert, Robert Collache, Montigny, d’Orléans ». Mais c’est là que succombent deux camarades d’Alex Le Bihan : Roger Prioul, de Courbevoie, et Fernand Péna, de Drancy, qui avait vingt ans.
    Au Revier V, les dysentériques n’ont, de temps en temps, qu’une cuillère à soupe d’une pâte composée d’un mélange de poudre de charbon, de bismuth et de poudre de bouleau blanc. Très rarement, quelques privilégiés reçoivent des comprimés de Tanalbine (extrait de tanin) et, plus rarement encore, des pilules d’opium qui servent surtout au trafic des chefs de block. Une des thérapeutiques parfois utilisée est la suppression de nourriture, ce qui est considéré par certains comme le meilleur moyen pour arrêter la dysenterie mais, en fait, aboutit à une mort rapide par épuisement si le « traitement » est prolongé.
    Le 30 mars 1943, Jean Besson n° 58 036 y succombe en quelques heures sans avoir revu son frère André Besson, n° 58 035 : « Nous étions tous les deux au kommando Speer au déchargement de lourdes plaques de métal transportées par péniches. Mon frère, malade, allait de plus en plus mal. Un soir, il tombe évanoui et nous devons le ramener au camp sur la charrette des morts. Ayant un peu récupéré, il décide de faire la queue pour entrer au Revier. Il revient à 22 h à notre block 16 sans avoir pu se faire admettre. Il renouvelle sa tentative le lendemain matin et cette fois il passe. Le soir, je veux lui porter sa ration de pain distribuée au block, comme c’est le cas le premier jour pour tout détenu parti au Revier. Mais je ne peux pas, moi, y pénétrer. En longeant une baraque, j’entends un Français qui m’a reconnu avertir Jean de ma présence, mais impossible de le voir. Il me fait dire qu’il désire sa serviette, un bout de chiffon resté au block, et qu’on lui a fait une piqûre. Je reviens avec son pauvre trésor et je réussis à lui faire passer le tout. J’attends un long moment. Va-t-il venir me parler à la fenêtre ? Non, il était sans doute déjà à l’agonie. Et, quand j’apprends sa mort, je pense au bruit qui court : au Revier  V, on tue par piqûres pour éliminer les bouches inutiles ! Je suis tellement éprouvé par la perte de mon frère que je ne veux plus travailler pour les Allemands. Ce sont des camarades lorrains que je ne connaissais pas, en particulier Albert Gilson, alertés par mon camarade de Royan, Marc Robert, qui m’assistent et m’aident à sortir de ce mauvais pas. »
    À la fin juin 1943, un autre détenu du block 16 hospitalisé, Paul Combette, de K. W. A., assiste impuissant à la fin de deux de ses meilleurs camarades dans les châlits au-dessous du sien : Largillière, de Montreuil-sous-Bois, et Georges Vachellerie. Ce sont les

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