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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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occupe une aile du block 13 de Sachsenhausen et la centaine de punis de cette deuxième SK forme le Schuhlaüfer-Kommando, le kommando des essayeurs de chaussures. Pour le compte du ministère des affaires économiques du III° Reich, ils testent différents modèles de chaussures destinées à l’armée. De 6 heures à 17 heures, avec une heure de pause pour la soupe de midi, ils marchent sur une piste qui fait le tour de la place d’appel. Ses 680 mètres sont fractionnés en secteurs de divers revêtements : béton, terre labourée, mâchefer, terre battue, pavés, caillasse, sable, gravier. Pour être le plus représentatif possible d’un parcours militaire, le circuit comporte également un passage dans une mare d’eau. Au total, soixante tours sont accomplis dans la journée soit près de quarante et un kilomètres, entrecoupés de séances de génuflexions pour éprouver la résistance des tiges de brodequins.
    Comme les pertes sont nombreuses à la Strafkompanie et son effectif fluctuant, les S. S. puisent souvent dans les blocks de quarantaine pour avoir chaque jour leurs cent marcheurs. Dans les convois de janvier 1943, Paul Deneux, Michel Groux sont parmi les premiers à être pris pour compléter provisoirement le Schuhlaüfer-Kommando. René Branger, arrivé le 3 mars 1944, commence, lui aussi, par marcher pendant deux semaines avec une dizaine d’aviateurs anglais abattus au-dessus de l’Allemagne. C’est le cas également d’Aimable Lesigne, qui, à l’automne 1944, blessé par ses chaussures, doit se faire arracher un ongle de pied. Ces détenus, qui ne sont pas des punis, ont droit à un casse-croûte supplémentaire et retrouvent le soir la vie commune du camp. Tout autre est le sort des punis de la Strafe. Pas de casse-croûte pour eux ! Ils doivent effectuer leurs quarante et un kilomètres par jour avec sur le dos un havresac chargé de douze kilos de sable, exécuter des exercices au pas de course, ramper pour user le bout des chaussures, et le soir ils n’ont aucune possibilité de se détendre dans leur block où ils demeurent enfermés sans le droit de fumer, ni de lire, ni même d’avoir un crayon.
    Des dizaines de Français se succéderont en Strafe pour un temps plus ou moins long, soit à la SK de Klinker, soit à la SK de Sachsenhausen, soit dans l’une et l’autre… Trois mois durant, au printemps 1944, Armand Suzzi marche avec les punis du Schuhlaüfer-Kommando  : « Il y avait trois semaines que je réussissais à échapper au travail en m’éclipsant dès l’appel du matin et en me planquant de-ci de-là entre les blocks. Mais, une fois, il y a un ratissage général dans lequel je suis pris. Après une première raclée, je suis conduit devant le commandant. La sentence tombe : la Strafe  ! Et me voilà au block 13 après avoir subi la formalité obligatoire d’entrée à la compagnie disciplinaire, une séance de schlague sur les fesses.
    « À ma première journée de marche, je ne trouve pas trop lourds les douze kilos de sable. Ça va, sauf que le soir je suis fourbu. C’est le lendemain que tout se gâte. J’ai des ampoules aux pieds et je ne peux plus mettre ces satanées chaussures. Il le faut, pourtant. La douleur est atroce et m’arrache des larmes tout au long des premiers tours. Puis le mal s’atténue quelque peu en marchant, mais le sac me paraît de plus en plus pesant. Le calvaire se prolonge plusieurs jours, car les ampoules ne guérissent pas vite sous les morceaux de chiffon qui nous servent de chaussettes russes.
    « Très régulièrement, une commission militaire vient vérifier l’état d’usure de nos chaussures. On nous aligne sur une file devant le block, le nez sur la paroi, et chacun soulève un pied après l’autre pour montrer les semelles aux officiers qui consignent leurs observations sur un carnet. Chaque fois, ce manège me rappelle les séances de ferrage des chevaux dans nos campagnes. »
    Pour avoir tenté de s’évader du kommando de Falkensee avec son compagnon marseillais Babine, Roger Agresti fait quatorze mois de Strafe à Klinker et au block 13. Il marche durant huit mois : « Évidemment, nous nous ingénions à diminuer notre peine. La première astuce est de vider un peu du sable qu’une poche cousue de toile blanche enferme dans notre havresac militaire. Il faut déséquilibrer le havresac en desserrant une de ses deux bretelles, de manière que le sac de toile, préalablement percé, laisse

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