Sachso
briquets. En plus, les rapines ont rapporté : 1 700 000 marks, 58 000 dollars, 27 000 livres sterling, 30 000 francs suisses, 180 000 zlotys, 1 200 000 roubles, 1 600 000 francs français, 50 000 couronnes norvégiennes, 22 000 couronnes danoises, 140 000 florins, 320 000 lires, et encore la valeur de plusieurs centaines de milliers de Reichsmarks en monnaies albanaise, grecque, suédoise, turque, roumaine, yougoslave, bulgare, balte, égyptienne, belge, etc. Mais, plus important encore pour les S. S., en dehors des devises fortes, 46 000 pièces d’or, des louis et des napoléons français, des dollars, des couronnes autrichiennes, des francs suisses et florins et sept kilogrammes environ d’or en barre enrichissent ce trésor. » Au block 60, le kommando des « horlogers » (où travaillent Charles Lefranc et Henry Lévy) répare toutes les montres accaparées par les S. S. à un rythme d’environ deux cents par jour. Une note d’Oswald Pohl, chef de l’Office central économique et administratif des S. S., adressée le 29 novembre 1944 à Himmler, donne d’intéressants détails à ce sujet. Selon Pohl, on dispose à cette date, à Oranienburg-Sachsenhausen de 20 000 montres de poche, 4 000 montres-bracelets, 3 000 réveils et pendulettes, 5 000 stylographes, 24 chronomètres, 80 chronographes, tous remis en état. Comme il s’agit de distribuer des montres en cadeaux de Noël aux combattants des Waffen-SS. S., Oswald Pohl ajoute :
« Comme l’année précédente, j’ai fait des envois aux divisions de Waffen-S. S. selon la liste de répartition ci-jointe. La distribution se fait en votre nom aux plus méritants. Le temps manquant, j’ai signé moi-même cette liste de distribution et vous demande de l’approuver.
« Les 24 chronomètres seront remis au service de Santé, les 80 chronographes à la Direction centrale S. S. »
Dans cette note qui figure aux archives du procès de Nuremberg (document D 74), Pohl informe Himmler qu’il y a d’autre part en réparation à Oranienburg-Sachsenhausen :
« a) 100 000 montres-bracelets, 39 000 montres de poche, 7 500 réveils et pendulettes, 37 500 porte-mines, 16 000 stylographes.
« b) 350 montres de poche en or, 40 montres de poche en or avec brillants, 1 200 montres-bracelets en or, 175 montres-bracelets en platine ou or avec brillants.
« Si vous désirez procéder à d’autres distributions, 180 des montres énumérées en a) deviendront disponibles chaque jour à partir du 11 décembre 1944.
« La réparation des montres énumérées en b) s’effectue très lentement, à cause du manque de pièces de rechange et de l’application des mesures de sécurité. »
Toutes ces richesses, auxquelles s’ajoutent les bénéfices de la location de la main-d’œuvre des camps à l’industrie allemande, doivent en principe apporter une aide substantielle à l’effort de guerre de l’Allemagne. Elles contribuent aussi pour une large part au renforcement du pouvoir de la S. S., à l’enrichissement de ses dirigeants et à la récompense des plus zélés. Elles suscitent enfin de vives convoitises chez certains S. S. de Sachsenhausen où se multiplient dès la fin de l’année 1944 malversations et tentatives de corruption. Beaucoup comprennent que la partie est perdue et ne croient plus au bel avenir qui leur avait été promis. Les mieux placés essayent de s’assurer des lendemains convenables en opérant des prélèvements au Fundsache, le dépôt des objets trouvés, bien pourvu et le moins soumis aux contrôles, puisqu’il concerne les victimes non identifiées à l’entrée. Des enquêteurs constateront des fraudes de plusieurs millions de Reichsmarks, des S. S. seront fusillés, d’autres transférés à Mauthausen.
Ont-ils été les seuls à avoir agi de la sorte au moment où les plus hauts responsables nazis préparaient eux-mêmes leur retraite, remplissaient des coffres à l’étranger, mettaient sur pied des réseaux de secours en Amérique du Sud ? D’autres, bien avant eux, et hiérarchiquement mieux placés, n’avaient pas hésité à profiter des circonstances pour détourner à leur profit une part du butin de la communauté S. S.
L’un des plus grands trafiquants de Sachsenhausen a été par exemple Loritz, le commandant S. S. du camp de 1940 à 1942. À cette époque, l’extension de Sachsenhausen, promu au rang de complexe concentrationnaire, exige de gros
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