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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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battant, me déplaçant d’une pile de bois à une autre, j’atteins l’Oder. Je n’ai pas beaucoup de temps avant que l’appel des équipes rentrées aux baraquements de Kustrin révèle mon absence. Caché dans les hautes herbes de la rive, je laisse passer une péniche et m’inquiète devant la force du courant et la largeur du fleuve.
    « J’attache tant bien que mal mon maigre paquetage et ma veste rayée sur mes épaules et me glisse dans l’eau. J’ai, hélas, préjugé de mes forces. Après cinq à dix minutes d’efforts intenses, je ne suis pas encore au tiers du parcours. Je n’ai plus que l’alternative de couler au milieu si je continue ou de revenir à la berge avec des perspectives non moins dramatiques.
    « Réalisant amèrement combien plusieurs mois de captivité m’avaient affaibli, je reviens sensiblement à mon point de départ. Caché sans raison et sans espoir dans un trou d’eau je ne tarde pas à entendre les pas d’une patrouille, je suis découvert. Au milieu des cris menaçants, des armes braquées sur moi, tombe l’ordre sec d’un adjudant : «  Schiessen Sie nicht, er ist zu jung ! » (Ne tirez pas, il est trop jeune). Cette phrase s’inscrit à jamais dans ma mémoire pendant qu’au milieu de la patrouille je réintègre le camp où mes amis sont toujours debout sur la place d’appel.
    « Je suis introduit aussitôt chez le commandant, qui me fait coucher trempé sur son bureau et m’assène lui-même les trop fameux vingt-cinq coups de bâton. Suis-je dans des conditions particulières de résistance ou n’a-t-il pas frappé violemment, toujours est-il que je me retrouve peu après sous une douche chaude dans une forme relative.
    « On me gratifie d’une nouvelle tenue rayée, sèche celle-là, et l’on m’amène à la porte du camp où je dois rester deux jours genoux pliés et bras tendus sous le regard moqueur des gardes S. S. Mais, au bout de douze heures dans cette position extrêmement pénible, je retrouve mon block la nuit même, à la grande joie de mes amis.
    « À la surprise générale, le commandant du camp étouffe l’affaire, craignant sans doute quelque ennui de la part de la direction de Sachsenhausen. Je reste à Kustrin, j’ai la vie sauve… et un point rouge dans le dos pour quelques semaines. »
    Ce point rouge désigne, on le sait, les prisonniers courageux et intrépides qui ont tenté de s’évader, d’échapper au carcan qui les enchaîne. Est-ce à dire que dans la grande masse des détenus sans point rouge la volonté de se libérer est inexistante ? Certes pas, et il faut aussi beaucoup de courage, d’intrépidité à ceux qui poursuivent dans l’ombre du camp la résistance à l’oppresseur.

CHAPITRE SIX

LA RÉSISTANCE
     
    La résistance à Sachsenhausen et dans les autres camps de concentration doit être considérée comme partie intégrante de la lutte menée par les combattants en uniforme ou clandestins sur tous les fronts et dans tous les pays occupés par les nazis. Cette résistance dans les camps est caractérisée par le danger de mort menaçant chacun à chaque instant, et par l’action en étroit et constant coude-à-coude de combattants de toutes nationalités. Malgré les différences historiques, les incompréhensions de langue et de coutumes, les divergences d’origine sociale, politique ou religieuse, c’est cette union, difficile à réaliser, qui a été un facteur décisif de survie.
    À Sachsenhausen, cette histoire débute pour les Français par l’arrivée des mineurs du Nord et du Pas-de-Calais en juillet 1941. L’organisation clandestine d’alors, déjà internationale, est dirigée par des antifascistes allemands, notamment les communistes Albert Buchmann, Rudi Grosse et le Lagerätesler Harry Naujocks. Organisation maintes fois décimée par les S. S., qui torturent, pendent ou fusillent, mais chaque fois reconstituée. Rien n’évoque mieux cette période antérieure que les brèves confidences faites par Christian Mahler, chef de block à Falkensee, estimé de tous les Français, à Jean Mélai, mineur de fer lorrain, qui le décrit ainsi :
    « De taille moyenne, bien charpenté, blond avec des yeux bleus, Christian donne l’impression d’un homme peu sociable et dur… En réalité, c’est un homme de grand cœur… Arrêté peu de temps après l’avènement des nazis en 1933, il n’a jamais désespéré… Je suis devenu son ami, il est le mien. En cette nuit

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