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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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d’avril 1945, à quelques semaines de la fin du cauchemar, il me raconte :
    « Au début des années 40, alors qu’affluaient les premières victimes des pays d’Europe envahis par les nazis, nous n’avons jamais baissé la tête. Au contraire, nous avons tenté de nous organiser et ce n’était pas facile, crois-moi. Nous avons pris des risques énormes, et nombreux ont été nos camarades qui ont payé de leur vie… Il a fallu trier, rechercher, cataloguer les véritables antifascistes et les véritables patriotes… Nous avons toujours eu à nous battre sur deux fronts, contre deux ennemis aussi redoutables l’un que l’autre. D’abord les S. S., puis l’autre catégorie de détenus, les souteneurs, les pédérastes, les gangsters et les assassins, qui souvent étaient nos ennemis les plus dangereux… Sortis, avec la bénédiction des S. S., des prisons dans lesquelles ils purgeaient leurs peines, ils implantèrent ici les méthodes du banditisme et créèrent le racket. Il fallait se battre, non seulement pour sauver sa vie mais son idéal… Tous ces ignobles individus avaient l’appui des S. S. et les S. S. pouvaient tout exiger d’eux. Pour les vaincre, les écraser et les mettre hors d’état de nuire, il nous a fallu employer contre eux leurs propres méthodes. Nous les avons compromis, nous les avons fait tomber dans des pièges. Et cela devint à l’intérieur des camps, et en particulier du nôtre, une lutte sournoise, âpre, une guerre dans l’ombre où tous les coups étaient portés avec haine et violence. »
    Il s’ensuit qu’au départ l’organisation secrète est rigide, étroite, n’incluant que les individus jugés les plus sûrs, les plus forts physiquement et moralement. Mais, peu à peu, les nécessités de la lutte conduisent ces précurseurs à coopérer, prudemment certes, avec tous les groupes de démocrates et d’anti-nazis successivement incarcérés par les hitlériens. Il y aura des déchets. Sous la menace d’une mort horrible, vingt-quatre heures sur vingt-quatre, quelques-uns faibliront. Cherchant à tirer profit du poste cependant précaire où ils accèdent, à l’instar des « droit commun », ils se mettent à frapper et à hurler avec les loups nazis. D’autres parent de prétextes idéologiques leur abandon de la lutte collective pour la sauvegarde d’une « planque » individuelle, se montrent durs et sans pitié à l’égard de ceux qui tombent sous leurs coups. Ces Linken (littéralement : « gauchistes » ) prétendent qu’au stade de la domination nazie la résistance au camp n’a aucun sens, que la révolution suivra automatiquement l’écroulement de l’hitlérisme. Qu’il faut donc sauver les cadres de cette révolution, fût-ce au prix de l’écrasement de la masse des détenus. À l’exemple d’Ugolin, le tyran de Pise, condamné à mourir de faim dans sa prison et qui dévorait ses enfants pour survivre, ils n’hésitent pas à assommer, affamer leurs camarades pour leur conserver des chefs (c’est-à-dire eux-mêmes) en bonne forme. Mais la magnifique tenue et la sage direction des politiques allemands, initiateurs partout des comités internationaux, montrent que dans l’ensemble ils ont droit à notre admiration et à notre reconnaissance.
    Donc, en juillet 1941, l’organisation clandestine charge Heinz Junge, jeune communiste employé à la Schreibstube et connaissant l’esperanto, d’établir un contact avec les mineurs français qui viennent d’arriver. Il y parvient et Rudi Wunderlich, agent de liaison de Harry Naujocks, prend la suite :
    « Vingt-six morts au cours du transport », écrit Rudi. « Les détenus allemands, polonais, tchèques, autrichiens, alors au camp, ont déjà vu bien des horreurs, mais le tableau qu’offrent les mineurs les stupéfie. Ils sont à demi fous de faim et de soif, après avoir été entassés plusieurs jours dans des wagons de marchandises plombés sans recevoir ni boisson ni nourriture. Nous, les anciens du camp, nous ne restons pas inactifs. Des morceaux de pain noir sont collectés. Pendant des semaines, de nombreux détenus sacrifient une partie de leur ration de soupe pour essayer de remettre sur pied les Français. Et la solidarité des détenus de toutes les nations se révèle efficace. » Rudi conclut : « La tentative des S. S. de créer la mésentente entre les détenus des différentes nationalités échoue grâce à l’organisation clandestine

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