Sachso
Rohrbach-les-Bitche, Hippolyte Gvzadka, du diocèse de Rodez, Armand Vallée, du diocèse de Saint-Brieuc, Le Moing, de Paris, et l’abbé Georges Meyer, de Walscheid (Moselle), qui sera exécuté le 29 septembre 1944 à la prison de Brandenburg.
Beaucoup de déportés de Sachsenhausen, même non croyants comme Joseph Romeu, gardent souvenir du réconfort trouvé auprès de ces hommes : « C’était à la prison centrale allemande de Wittlich, avant Sachsenhausen. J’étais en cellule, isolé de tout. Un matin, le gardien passe en appelant ceux qui désirent se confesser. Une occasion de sortir de mon cachot ? Je la saisis. À la chapelle de la prison officie un abbé en civil, détenu comme nous. Il me reçoit le jour même et les jours suivants, car je récidive. Mais il faut avouer que, pour un prisonnier, la confession tous les jours, c’est un peu bizarre ! Aussi me dit-il un matin : “Écoute mon gars, tu ne m’as pas l’air trop catholique… par catholique, je veux dire pratiquant. Ou bien tu viens ici vraiment pour te confesser, ce qui m’étonne, et alors c’est trop ; ou tu viens pour les nouvelles ?” Et, continuant sur le même ton confidentiel, il me communique les dernières informations. Je rentre dans ma cellule complètement abasourdi mais l’espoir au cœur. Moi, l’enterré, j’avais une liaison avec le monde vivant !
« Je ne sais malheureusement pas comment s’appelait cet abbé. Nous ne le connaissions à la prison que sous le surnom de “Père La Martine”… Merci, Père La Martine ! »
Comme le font les prêtres résistants du block 15, les militants du Front national à Sachsenhausen, d’un commun accord, pour soutenir les malades et les plus faibles, coupent une petite part de la mince tartine frottée de margarine qu’on dénomme « casse-croûte de kommando de travail ». C’est la première consigne reçue par Charles Deléglise du père Bagard qu’il revoit dans un triste état :
« Au sortir de la quarantaine, Bagard n’a pu éviter le dur kommando Kanal de Klinker, où il doit charger des briques sur les péniches au pas de course, sous la schlague. Bien qu’il ait près de la soixantaine, il n’a pas voulu se plaindre. Il est à bout de forces quand les “rouges” allemands qui ont conservé des hommes au Revier réussissent à le faire hospitaliser. Et maintenant c’est au Kartoffellager, le kommando des patates, qu’ils parviennent à le faire entrer après moi.
« Il a été tellement tabassé que ses jambes sont dans un état lamentable, mais la tête tient bon. Il me charge de regrouper mes camarades de Seine-et-Marne, René Méry, de Melun, le professeur Leguillette, de Meaux, et d’autres. Au block 26, me dit-il encore, il y a deux bons camarades de chez nous, Esparza et Bonson. Tu iras les voir régulièrement pour leur donner des nouvelles et collecter leur part de casse-croûte pour la solidarité. »
Le Kartoffellager est une source importante de l’aide aux plus affaiblis. Mais ce n’est pas le premier jour que Charles Deléglise revient à son block avec un supplément de pommes de terre. Des Ukrainiens lui expliquent la manière d’agir et d’éviter toute fouille dangereuse à la rentrée au camp : perforer une vieille boîte de conserve avec un clou pour faire une râpe ; râper quelques patates ; presser la bouillie dans un chiffon pour en extraire le jus ; dissimuler la pâte ainsi obtenue dans les chaussures ou sous la chemise en plaques fines à même la peau. Ceux qui en recevront pourront ensuite les délayer dans leur soupe ultra-liquide pour l’épaissir.
À l’armurerie S. S. où il travaille de nuit, Raymond Welti, qui a repéré un silo de pommes de terre dans le bois, près de l’atelier, utilise un autre moyen pour ravitailler la collectivité. Il faut d’abord aller prélever des patates en profitant de l’obscurité. C’est la mission de deux camarades qui s’échappent par une fenêtre dont le volet a été préalablement déverrouillé de l’extérieur par le premier Français obtenant la permission – minutée – de se rendre aux cabinets. Puis Raymond Welti entre en action : « Dans un bidon d’eau, caché dans le pied creux de mon tour, je fais cuire les pommes de terre en y faisant tremper deux fils branchés sur la prise de courant. On en fait de la purée, plus facile à passer aux deux inspections ; à la sortie de l’atelier et à la grille du camp. De temps
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