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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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ma ceinture de cuir. S’il y a fouille, j’efface tout d’un seul coup de pouce. En dehors de Bagard, j’informe, à l’appel, d’abord Esparza, puis des gars en qui j’ai toute confiance, tels Guy Acébès et Michel Cavaillès, qui ne sont pas de mon groupe. Mais j’évite d’en parler directement à ceux qui me paraissent trop bavards… Bernard Vos en fait autant de son côté avec ses amis, en particulier avec le docteur Coudert. »
    Marcel Névissas est l’un de ceux que Deléglise renseigne chaque soir : « Sans se lasser, Charlie nous apporte les dernières nouvelles, les vraies ! Nous l’attendons avec espoir pour apprendre, jour après jour, les défaites répétées des “hommes supérieurs” et de leur “Grand Reich millénaire”. Ce stimulant nous est indispensable pour supporter stoïquement le froid, la faim, la fatigue, les brimades et les coups qui sont notre lot quotidien. »
    Ces informations recoupent celles que d’autres camarades recueillent grâce à des postes laissés dans les véhicules militaires qu’ils réparent ou à des postes clandestins ingénieusement mis au point par des techniciens du comité international. Elles contribuent à combattre les emballements et les découragements aussi excessifs les uns que les autres suscités par les faux bruits, les « bouteillons », qui circulent au camp comme dans toute collectivité fermée.
    Ainsi les Français s’intègrent-ils, dans l’ensemble, à la vie ouverte et secrète de Sachsenhausen. Alertés par les camarades allemands de la Schreibstube, ils assument l’accueil de chaque convoi de leurs compatriotes, qu’ils viennent de France ou d’autres camps et prisons d’Allemagne. Quel réconfort pour Maurice Paquin qui débarque d’Auschwitz à l’été 1944, d’apercevoir sur la place d’appel de Sachsenhausen un visage bien connu : « C’est le père Bagard. Nous ne nous sommes pas revus depuis notre séparation à Compiègne le 6 juillet 1942. Il est amaigri mais sous le béret le regard est toujours énergique. Nous nous sentons mieux malgré notre faiblesse, malgré la fatigue du voyage. Nous ne sommes plus dans l’inconnu…
    « Puis c’est un autre ancien de Compiègne, le père Sarres, que Bagard envoie à notre baraque de quarantaine. Dans sa main fraternelle il y a, chaque fois, des tranches de pain collectées pour nous autres, les trente Français qui venons d’Auschwitz… »
    Le Bordelais Charles Gadou est d’abord allé à Mauthausen et Gusen avant de faire partie d’un transport pour Sachsenhausen. Ce n’est pas la vue mais l’accent qui lui fait reconnaître son camarade René Bon, du lit du Revier où il a dû être hospitalisé : « Quelle joie de se retrouver, on ne s’était pas revus depuis notre arrestation à Bordeaux ! Et puis voici l’équipe des “ébénos” avec qui j’étais dans la résistance. Ils sont dans le même kommando, à la menuiserie de D. A. W., et Frédéric Esparza m’y fait entrer à mon tour. Grâce à eux, je bénéficie pendant plusieurs jours d’un supplément de soupe que m’apporte un Allemand, Willy Engels. J’allais sombrer peut-être à jamais et me voilà remis sur pieds. »
     
     
EXPERTS EN PERRUQUE ET REBUTS
    Les Français restés à Sachsenhausen travaillent pour l’essentiel dans les ateliers militaires de l’armée S. S., si nombreux dans le voisinage. Dès les premiers jours, face aux machines qu’ils doivent faire fonctionner pour la production de guerre nazie, les problèmes discutés en quarantaine se reposent à la conscience de beaucoup. Et si certains ne veulent pas voir la réalité en face, les S. S. se chargent d’enlever toute illusion. Ils proclament sur tous les tons que le sabotage est puni de mort, que la détérioration ou le vol de matériel et d’outillage est considéré comme crime de guerre…
    Chacun se tient donc sur ses gardes et les plus décidés commencent par observer soigneusement ce qui se passe autour d’eux. Au kommando K. W. A., ceux du Werkstatt 1 (atelier 1) bénéficient des conseils et de l’expérience de Pierre Saint-Giron qui les a précédés en ce lieu depuis un an et demi. S’ils se méfient comme de la peste des S. S. de la garde du camp, ils regardent d’un œil plus interrogateur les S. S. du personnel technique des ateliers. Louis Péarron ne tarde pas à être intrigué par la démarche d’un de ces S. S. : « Il me demande un soir dix outils de tout au

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