Sachso
qu’il s’était procuré ces hosties par l’intermédiaire de protestants hollandais et de S. S. polonais de la garde du camp. »
Ce que fut au camp l’action de l’abbé Augustin Berteau a été rappelé éloquemment après guerre, au cours d’une cérémonie commémorative, par le vicaire général du diocèse de Bourges, l’abbé André Girard, président des prêtres anciens combattants du Berry :
« En mai 1943 arrive à Sachsenhausen un important convoi de politiques français. Sans perdre de temps et non sans périls, l’abbé Berteau vint aux abords du block de quarantaine pour savoir s’il y avait des Berrichons parmi eux. Un nommé Georges Berthellin se montra à une fenêtre du block et l’abbé lui demanda de dépister tous les camarades qu’il pourrait réconforter par son ministère. Des camarades sûrs, car une dénonciation toujours possible et même une imprudence involontaire auraient entraîné une mort certaine. Berthellin lui amena son frère Marcel et son ami France, scout de Brive… Et le petit groupe clandestin se grossit très vite de jeunes militants d’Action catholique, de membres de patronages, de chrétiens pratiquants ou indifférents, voire d’athées en quête d’un soutien moral. À la fin de 1943, le cercle atteint plus de cent membres, originaires des quatre coins de la France. L’abbé divise cette famille en petits groupes qu’il voit chaque semaine. Il expose des sujets religieux et sociaux de toute sorte, y joint un commentaire optimiste sur la marche des événements et donne à tous de réconfortantes paroles. Il nous subjuguait, dira plus tard l’un d’entre eux : ainsi, chacun de nous recevait-il chaque semaine une provision d’ardente foi en Dieu et d’espérance invincible en les destinées de la patrie. »
Maurice Poyard confirme : « Nous formions un groupe de camarades avec à sa tête l’abbé Berteau… Il nous donnait des nouvelles avec encouragements tous les mardis soirs. Je les transmettais à mon tour aux camarades en qui j’avais confiance. L’abbé Berteau n’est pas revenu, nous le pleurons encore aujourd’hui. »
Au cours de l’année 1944, d’autres prêtres et militants de l’Action catholique arrivent des prisons d’Allemagne. Comme le souligne l’ouvrage de Paul Vergnet, Les catholiques dans la Résistance, ce sont des aumôniers de prisonniers et surtout des prêtres qui ont volontairement suivi les ouvriers du S. T. O. pour lutter à leur manière contre le travail imposé par les nazis. C’est ainsi que l’abbé René Giraudet entre à Sachso. Une religieuse verra plus tard sur sa fiche, à la Gestapo de Berlin : « Prêtre arrêté pour action politique ». Un jeune d’Action catholique, travaillant au kommando extérieur de Tegel, réussit à signaler la présence de l’abbé à un employé de l’ambassade de Pétain à Berlin. Prévenues par celui-ci, des religieuses viennent à Sachso porter des colis. Une faible partie en parvient à l’abbé, qui peut ainsi alimenter la solidarité.
Au pain des âmes les prêtres résistants savent qu’il faut ajouter le pain des corps. Quant à la fin du printemps 1943 ils sont regroupés au block 15, privés du casse-croûte de kommando et astreints à dénuder des câbles électriques ou à trier des boulons, écrous et rondelles, ils n’en continuent pas moins à prélever chaque jour sur leur maigre ration. Avec ce que leur apportent des amis d’autres blocks, ils confient le tout à l’abbé Dupont, qui va voir quotidiennement les malades français au Revier.
Travaillant précisément au laboratoire du Revier, où il contribuera efficacement à l’action d’entraide des médecins et infirmiers français, Frère Pancrace, de l’ordre hospitalier de Saint-Jean-de-Dieu, arrêté à Lyon le 22 février 1943 et déporté à Sachsenhausen deux mois plus tard sous son nom de Pierre Gartiser, a pu recenser une première liste de prêtres et religieux français au camp. Avec les abbés Augustin Berteau, Henri Dupont, Harteman, Robert Dubernet et René Giraudet déjà cités, ce sont le R. P. Paul Morand de Paris et l’abbé Henri Moreau de Bourges, à Sachso dès la fin 1942, le curé Rémi Perrier du diocèse d’Autun, le curé Georges Boulogne de Saint-André-de-l’Eure, le R. P. Desmoutiers de Lille, les abbés Jean-Pierre Grill, Léon Hellard de Nancy, François Diem, Émile Lavallart, du diocèse d’Amiens, Claude Lenoir, Seelig, de
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