Sachso
Thomas André, né le 6.3.01, décédé le 11.5.45, originaire de Saintes”. Grâce à ces renseignements et à d’autres, le corps a pu être retrouvé plus tard et rapatrié au cimetière Saint-Pallais à Saintes. »
Dans les derniers tourbillons de la guerre qui brassent des dizaines de milliers d’hommes à l’intérieur du secteur de Below, Parchim, Crivitz, Schwerin, les rencontres les plus imprévues surviennent.
Guy Acébès, un Basque du block 51 du grand camp, traverse Crivitz avec sa colonne encadrée de S. S. lorsqu’il entend un prisonnier de guerre, sur le bord de la route, crier dans sa langue : « Y a-t-il des Basques parmi vous ? » Il s’empresse de répondre et l’autre d’insister : « Ils vont te tuer… échappe-toi ». Le prisonnier de guerre explique que, dans une ferme du voisinage, les S. S. ont fait brûler les déportés qu’ils y avaient entassés.
Antoine Blelly croise un cortège qui le fait se révolter d’indignation, malgré sa faiblesse : « C’est une colonne de S. S. français, qui ont encore des roulantes de notre armée. Ils n’ignorent pas qu’ils sombrent avec leurs maîtres nazis, mais ils sont encore bien effrontés et nous injurient. » Libéré peu après, Antoine Blelly a une autre surprise : « Je rencontre Lebeau, que j’avais connu autrefois au kommando Heinkel. Il est en grande conversation avec des Polonais. Je lui dis : “Que fais-tu avec eux ? Viens avec nous !” Je l’entends alors me répliquer : « Mais je suis officier de l’armée polonaise !” Avec son F sur la poitrine, et sans jamais se trahir en parlant sa langue maternelle, il avait réussi à garder son secret au camp… »
En ces derniers jours de cauchemar, Marcel Soubeirat, de la musique de Sachsenhausen, dit au revoir avec regret à son camarade Kahn, que les S. S. laissent quitter la colonne pour un hôpital. Il lui confie son violoncelle et le répertoire sur lequel il a noté pendant deux ans des mélodies polonaises, ukrainiennes, yougoslaves… Ils se promettent que le premier rentré en France passera chez l’autre. Ce sera Kahn, mais sans l’instrument, ni la musique. Avant d’arriver à l’hôpital, il a reçu un coup de baïonnette et a dû abandonner son fardeau. Rapatrié à son tour, Soubeirat apprendra peu après que son camarade a trouvé une mort affreuse en Algérie, où il se reposait chez sa grand-mère : décapité par un avion qui faisait un atterrissage forcé. Le cauchemar continuait encore…
C’est presque dans un rêve que Paul Laborie vit les ultimes moments de l’exode. Bien que pas un de ses camarades ne veuille le suivre, il sort de sa grange-dortoir en pleine nuit pour se cacher tout près dans une meule de paille. Au matin, ayant échappé aux S. S., il remonte tout seul, à contre-courant, le flot qui fuit devant les Russes. Les militaires allemands qu’il croise le regardent d’un plus ou moins bon œil. Ce sont d’abord les gardiens d’une troupe de prisonniers russes, puis des S. S. qui escortent des détenus allemands. Ceux-là lui font lever les bras, le frappent et le joignent à leurs autres captifs. Mais Laborie persévère : « Le soir même, je m’échappe à nouveau et des prisonniers de guerre français me recueillent. Ils m’habillent en P. G. et c’est sous cet uniforme que j’arrive à Schwerin. »
Roger Agresti, d’Aubagne, est décidé de son côté à jouer le tout pour le tout alors que la fin s’approche. Dans un bois, il retrouve un groupe de Marseillais : Soscia, Barba, Mancini, Cozzolino, Suzzi, et d’autres, une dizaine en tout.
À la première occasion, ils s’éclipsent de la colonne par un chemin de terre. Agresti dresse l’oreille : « Pour éviter d’être bombardés, des détachements militaires allemands avancent eux aussi sous le couvert de la forêt. À chaque fois, nous nous terrons dans des fossés, derrière des buissons, pour ne pas attirer leur attention. Enfin, une silhouette ne nous fait pas reculer. C’est un prisonnier de guerre belge. Il nous indique qu’un camp de P. G. est à proximité, que la Wehrmacht qui le gardait s’est envolée… Effectivement, nous y arrivons bientôt. Il y a des prisonniers anglais, américains, belges et français. Ces derniers nous entourent. Ils ont les larmes aux yeux en entendant notre histoire. Rassasiés, lavés, nous dormons comme des rois. Mais, au matin, nos amis nous conseillent de faire comme eux, de
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