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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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que les Russes tuent pour nous, à la mitraillette.
    « Nous voulons aller vers Schwerin, des prisonniers de guerre français nous en dissuadent. Ils disent que nous ne pourrons pas passer. Nous allons à pied à Parchim, où la kommandantur russe veut nous héberger dans un camp. Nous refusons et décidons de repartir vers l’ouest. Mes copains ont trouvé des vélos. Pour monter sur le mien, il me faut un talus…
    « Nous faisons halte pour la nuit dans un élevage de lapins angora, dont quelques-uns se promènent encore en liberté. Je suis malade à mourir : la dysenterie. Au matin, je ne peux reprendre la route vers les lignes américaines.
    « Mes camarades sont obligés de me ramener à Parchim, à l’infirmerie des prisonniers de guerre. Avant de me dire adieu, ils me laissent entre les mains d’un médecin de l’institut Pasteur, le docteur Chabot, qui me fait préparer un lit et me soignera durant trois semaines, jusqu’à ce que je puisse rejoindre Schwerin. »
     
     
À PIED ET EN VOITURE
    Sur la route, à l’image des chevaux attelés à des chariots hétéroclites, des déportés français ont la corvée permanente de tirer des remorques transportant les affaires de certains S. S. Émile Bonneirat et Albert Claverie sont de ceux-là. Contrairement à ce qui se passe dans les autres colonnes où les attelages humains sont renouvelés au fur et à mesure, eux font partie d’équipes homogènes. Car ils appartiennent à des petits groupes constitués surtout par des S. S. qui cherchent à fuir.
    Albert Claverie par exemple, était employé à l’infirmerie de Heinkel avec Anatoli, un de ses camarades russes et Méné, un antifasciste allemand interné depuis douze ans à Sachsenhausen. Au matin du 21 avril, Méné apporte des bottines à ses deux compagnons en les avertissant de l’évacuation imminente. Claverie ne tarde pas à être fixé : « Nous sommes réquisitionnés par les S. S. de l’infirmerie. Ils font charger leurs affaires sur une charrette et font attacher des sangles sur les côtés. Notre colonne d’évacuation est restreinte : les S. S., quatre détenus allemands responsables du service, Anatoli, moi et quatre déportés qui travaillaient avec nous, plus les malades pouvant marcher qui se trouvaient dans d’autres salles que la 9.
    « Mais la charrette ? Eh bien, nous serons les chevaux, parmi lesquels je suis le seul Français.
    « Me voici en dehors du camp pour la première fois depuis deux ans, une éternité ! Sur les routes inconnues, la débâcle est pire que celle du nord de la France en 1940. Des gens vont dans tous les sens, avec des poussettes et des carrioles chargées : des vieux, des femmes, des gosses… Tous fuient, absolument indifférents à notre sort. Pourtant, il y a des milliers de déportés en rayé sur les routes…
    « Un jour, nous tombons sur un rassemblement de plusieurs colonnes. Il pleut. Nous sommes en bordure d’un bois. Les détenus exténués sont couchés à même la terre, entre les arbres. Des centaines ne se relèveront pas, c’est le “Bois de la mort” et nous avons parcouru quatre-vingts kilomètres pour mourir ainsi ? Quelle dérision !
    « Ma colonne y reste très peu, les S. S. préférant reprendre la route. Nous faisons halte dans un petit, tout petit village. Inutile de dire dans quel état : les épaules sciées par la sangle, les pieds gonflés que nous ne déchaussons jamais de crainte de ne pouvoir remettre nos bottines, la faim au ventre, la si terrible faim, et puis la soif.
    « Ce qui devait arriver se produit au plus mauvais moment, puisque nous ne savons rien du lendemain. Alors que nous sommes dans une cour de ferme, je suis brutalement atteint de dysenterie. Heureusement, Méné est là. Il prend des boulets de charbon à la ferme, les pile et me fait avaler la poudre. Par bonheur nous restons là, vautrés sur la paille. Dans un coin, nous avons allongé les derniers morts de notre colonne.
    « Mon état s’améliore lentement. Pourvu que nous ne repartions pas ! Pendant deux jours, les S. S. sont hargneux mais, apparemment, ce n’est pas de nous qu’ils s’occupent. Le matin du troisième jour, convalescent, je suis réveillé par Méné mais, divine surprise, il est armé et d’autres camarades le sont aussi. Les S. S. sont partis au cours de la nuit et leurs armes, qu’ils avaient cachées sous la paille, ont été récupérées.
    « Nous entendons l’artillerie russe qui

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