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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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forfaiture ne rapporte pas à certains ce qu’ils en attendaient. Quand ils sont démasqués, le châtiment des patriotes est exemplaire. À la mi-janvier 1943, un délateur bordelais qui avait livré des résistants à la Gestapo est abattu à La Bastide. Le 18 janvier 1943, quand André Gilles est appréhendé à son domicile de Bègles par la police spéciale de Vichy, c’est de cette exécution qu’on l’accuse. C’est faux, mais, devant la fureur des policiers et de leur chef Poinsot, André Gilles ne déguise guère son sentiment d’approbation : « Cela me vaut une nouvelle correction. Heureusement pour moi, deux Allemands entrent avec une autre personne qu’ils présentent comme l’auteur de la suppression de leur créature. Je suis renvoyé à la caserne Boudet, une annexe du fort du Hâ, dans une cellule où je reste seul plusieurs semaines sans pouvoir me raser, sans être interrogé. Enfin, je reviens un jour devant Poinsot et ses hommes, qui établissent un dossier contre moi avec l’en-tête “Activité illégale communiste” : de quoi, disent-ils, avoir douze balles dans la peau. »
    Les bandits savent de quoi ils parlent. René Dupau le confirme : « Arrêté le 5 septembre 1942 à Dax, je suis écroué le 13 septembre au fort du Hâ à la cellule 49. Quand j’y pénètre, je vois six hommes demi-nus avec une barbe et des cheveux de plus d’un mois, tels les anciens Gaulois représentés dans nos livres d’histoire. J’apprends à les connaître. Le 20 septembre 1942, on en appelle deux : Zarzuela et Zesso. Je n’ai su qu’à mon retour d’Allemagne qu’ils avaient été fusillés le lendemain au camp de Souges… Mais Poinsot et ses inspecteurs le savaient, eux, quand ce même 21 septembre, puis le 22 et 23, ils m’interrogent à coups de nerf de bœuf et me ramènent ensanglanté dans ma cellule… »
    À l’utilisation de traîtres, à l’infiltration de leurs propres agents dans les organisations de la Résistance, les nazis ajoutent systématiquement la torture des prisonniers pour tenter de grossir leur tableau de chasse. Combien subiront les pires traitements sans parler ? Combien mourront sous les coups sans rien dire ? Combien choisiront le suicide pour être sûrs que leurs secrets échapperont à l’ennemi ? Mais quelquefois, dans les cris de douleur, un nom perce, une indiscrétion transparaît…
    Le 27 mars 1942, Jean Poilane est arrêté à Saintes (Charente-Maritime) avec cinq autres membres d’une organisation du P. C. clandestin. Ils sont conduits à Paris. À la Santé et au Cherche-Midi, ils sont une soixantaine impliqués dans la même affaire. Jean Poilane en connaît, d’autres le connaissent, mais la cohésion joue ici à plein : « J’ai la chance d’être relâché à l’issue des interrogatoires, grâce à la fermeté de mes camarades. Ils m’ont toujours aidé à me défendre contre les Allemands, qui n’avaient aucune preuve de mon activité clandestine. Me voici donc revenu en Charente-Maritime, de nouveau à mon poste. Mais bientôt d’autres arrestations ont lieu. Cette fois, malheureusement, il y a des fuites.
    Le 24 septembre 1942 je suis interné au fort du Hâ et il n’est plus question de me relâcher. »
    Pour ses basses œuvres, la Gestapo spécule sur tous les sentiments humains, les plus vils et les plus nobles. À Paris, elle convoque la mère de Pierre et Roger Gouffault, deux frères jumeaux, deux jeunes résistants de dix-huit ans qu’ils viennent d’appréhender. Pierre Gouffault n’oublie pas :
    « Les Allemands comptant sans doute sur la faiblesse et le désespoir de ma mère, et dans le but de la faire parler, la font venir en notre présence. Contrairement à la scène qu’ils espèrent, ma mère avec toute sa tendresse refoulée nous regarde bien en face et nous dit : “Courage, mes fils…” Pierre Gouffault ira à Sachsenhausen, Roger Gouffault à Mauthausen. Plus d’une fois, l’exhortation maternelle les soutiendra. Du courage, il en faut pour tous les actes qui vont à l’encontre de la volonté des nazis, et ce serait une grave erreur que de limiter la Résistance à la lutte armée ou de privilégier cette dernière.
    Les F. F. I. (Forces françaises de l’intérieur), les combattants de l’A. S. (Armée secrète), les F. T. P., les maquisards des diverses formations qui ont été déportés à Sachsenhausen se sont battus au même titre que les diffuseurs de tracts, les

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