Sachso
fait et plus tard, quand son beau-frère tombera entre les mains des Allemands, il sera l’un des rares à être libéré du camp.
Il faut néanmoins dire que, si certains déportés à Oranienburg-Sachsenhausen savent fort bien pourquoi ils ont été arrêtés, ils ne tiennent guère à en parler. Ce sont des « droit commun », des repris de justice, des trafiquants de marché noir, des combinards qui ont tenté de filouter les nazis dans leurs entreprises de spoliations et de rapines et qui ont vérifié à leurs dépens le vieil adage : « À bandit, bandit et demi. »
Une de ces vedettes peu recommandables est Serge de Lenz, que ses exploits avant guerre ont fait surnommer « le gentleman-cambrioleur ». Quand il arrive à Sachsenhausen la maffia des « verts » le reçoit en grande pompe…
COMBATTANTS DE LA RÉSISTANCE
Mais la grande majorité de ceux qui prennent le chemin de Sachsenhausen sont des combattants de la Résistance. Ils sont venus à ce combat par des voies diverses et multiples, à l’image de ces gouttes d’eau d’abord éparses qui se rassemblent, grossissent, donnent naissance à des ruisseaux qui deviennent rivières puis fleuves impétueux emportant les obstacles.
Ils se sont battus dans les conditions les plus dures. Ils ont été provisoirement vaincus mais ne plient pas.
Roger Guédon est un jeune Breton de Nantes, une des premières villes de France à subir une punition collective dès le début de l’occupation parce que des lignes téléphoniques ont été coupées. À la tête de la Kommandantur sévit un dentiste du nom de Hotz, installé à Nantes depuis plusieurs années et qui revêt l’uniforme de colonel de la Wehrmacht quand les Allemands arrivent. Le lundi 20 octobre 1941, Hotz est abattu. Cinquante otages sont fusillés en représailles : vingt-sept communistes internés au camp de Châteaubriant ; vingt-trois patriotes incarcérés à la prison de Nantes et connus pour leur attitude anti-nazie, qu’ils soient chrétiens, socialistes, dirigeants d’associations d’anciens combattants. De ce moment part l’engagement de Roger Guédon : « Je me souviens du jour où ce camarade que je connais depuis mon enfance m’aborde sur une route de campagne, me demandant ce que je pense de la situation. Guettant mes réactions, il me propose d’adhérer, à ses côtés, à un réseau de résistance. Après avoir prêté serment, me voici membre de l’Organisation spéciale (O. S.), qui mène le combat armé contre l’occupant et donna par la suite naissance aux Francs-tireurs et partisans (F. T. P.) du Front national dans notre région…
« Nous sommes quarante-trois à être arrêtés en juillet et août 1942 par les policiers soi-disant français du S. P. A. C. (Service de police anti-communiste) aux ordres de la Gestapo. À Nantes, nous sommes interrogés pendant des semaines au commissariat de la rue Garde-Dieu. Les nazis surveillent. Ils désirent que nous soyons condamnés par les juges de Vichy.
« Leurs projets ne se réalisent pas. Alors qu’ils pensent en avoir fini avec notre organisation, un groupe intervient jusque dans le cabinet du juge d’instruction Le Bras le 9 septembre 1942 et libère les camarades les plus menacés qui étaient en cours d’interrogatoire. Le soir même, nous sommes transférés à la prison allemande. En janvier 1943, nous sommes jugés par le Tribunal spécial des S. S. Trente-huit des nôtres sont condamnés à mort et fusillés dans les jours qui suivent. Les cinq qui restent sont condamnés aux travaux forcés. Début mai 1943, je pars pour Oranienburg-Sachsenhausen. »
Édouard Vandoorne est un jeune du Pas-de-Calais. En janvier 1943, il entre à vingt ans dans les F. T. P. Le 28 juin 1944, à Aizecourt-le-Bas (Somme), son groupe soutient pendant plusieurs heures une bataille acharnée contre les nazis, qui sont plus forts en nombre et en armement. Ces derniers perdent plusieurs hommes. Mais, chez les F. T. P., le bilan est lourd : trois morts, trois blessés ; parmi les prisonniers trois seront fusillés au fort de Seclin et douze seront déportés, dont Édouard Vandoorne.
C’est aussi en mission qu’Émile Blondel est capturé dans le Nord. Il fait partie du réseau Sylvestre du War Office anglais. Il est entré dans la Résistance avec ses trois frères à la suite de l’appel du général de Gaulle. Le 7 juin 1944, il doit faire sauter un pont de chemin de fer. Avec
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