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Sachso

Sachso

Titel: Sachso Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Amicale D'Oranienburg-Sachsenhausen
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son frère René, adjudant de carrière dans l’aviation, et un autre camarade, il se rend vers l’objectif à bord d’une voiture allemande volée au commandant de la Feldgendarmerie de Saint-Omer. Repeinte en noir, elle sert à toutes les missions du groupe. Soudain, au détour d’un virage, une herse en travers de la route et quatorze Feldgendarmes. En un éclair Émile Blondel comprend : « Mon frère veut prendre sa mitraillette, mais il ne peut s’en servir. Il est tué à l’endroit où une stèle perpétue aujourd’hui sa mémoire. Quant à nous deux, mon camarade et moi, nous sommes torturés sur place. J’ai le crâne fracturé, le nez et des côtes cassées. On m’emmène à la prison de Loos-Lès-Lille. Les interrogatoires se succèdent mais les Allemands n’obtiennent rien. Le 26 août 1944, on m’embarque dans une voiture cellulaire, la tête recouverte d’une cagoule. Quand on me l’enlève après un court voyage, je suis devant des officiers qui m’interrogent une dernière fois. Je ne suis pas battu. Un des militaires m’annonce que je suis condamné à mort… Je retourne dans une cellule de Loos où on a placé un “mouton”. Il essaye de me tirer les vers du nez : ça ne marche pas. Le 1 er  septembre 1944, la prison est évacuée à l’approche des Alliés. » C’est le dernier « train de Loos », qui permet à Émile Blondel d’échapper aux balles mais le conduit à Sachsenhausen.
    La bataille clandestine est impitoyable, dangereuse. Mais il faut reconnaître que, sans le concours de traîtres et de dénonciateurs français, les nazis n’auraient pas pu réaliser tous ces coups de filet qui, à l’échelle d’une ville, voire d’une région et parfois de tout le pays, ont décimé un réseau ou une organisation.
    À Fougères (Ille-et-Vilaine), en ce matin du 9 octobre 1941, le chien aboie dans la cour des Le Bastard. Il est sept heures. Un coup de sonnette. C’est la Feldkommandantur. Comme un troupeau apeuré, toute la famille est rassemblée dans la salle à manger. Les policiers allemands perquisitionnent partout. Ils s’attardent dans la chambre de Marcel, le fils. Leur fouille dure trois heures. À dix heures et demie, ils repartent pour l’Hôtel des Voyageurs, où ils ont établi leur quartier général. Avec eux, Marcel Le Bastard et son père, qui restent toute la journée dans la même chambre, chacun dans un coin, face au mur, sans pouvoir se parler. De l’un à l’autre marche un Allemand en silence. Il est armé et est relevé au bout de quatre heures. À six heures et demie du soir, on vient chercher les deux prisonniers. L’air du dehors, un faux air de liberté, fait quand même respirer un peu plus fort Marcel Le Bastard. Mais son sang se glace aussitôt : « Sur la place, un déploiement extraordinaire de forces de police allemandes et au milieu, poussés dans un car et un camion, des civils. À mesure que je reconnais mes camarades de résistance, un étau semble se resserrer dans ma poitrine. Ce matin, je croyais à une arrestation isolée, sans preuves, donc pas grave. Maintenant, je comprends : il y avait parmi nous un ou plusieurs traîtres. Et dire que lorsque les Alliés vont débarquer nous ne serons pas là pour les aider…
    « Le car complet démarre, mon père est dedans. Il me faut monter dans le camion qui reste. À ce moment, la foule qui s’est massée sur la place nous acclame et siffle les nazis. Sur un geste du commandant, les soldats chargent, en position de tir. Il y a des cris, c’est la débandade, dont ma mère profite pour se glisser le long du mur de l’hôtel et s’approcher de moi. Ses yeux sont rouges et les sanglots l’étouffent. Un dernier baiser… Le camion s’ébranle au milieu des acclamations de nos amis de Fougères…
    « Après Rennes, c’est la prison, l’interrogatoire du 25  octobre, où tout bascule en une seconde, lorsque l’Allemand qui me questionne me montre d’un air narquois le plan du camp de munitions de la Mi-forêt fait de ma main avec, au verso, écrits par je ne sais qui, mon nom et mon adresse… Battu, anéanti, je ne puis qu’avouer l’évidence… Les questions continuent :
    « — Vous êtes communiste ?
    « — Non, gaulliste
    « — C’est la même chose. Vous avez de la haine contre les Allemands.
    « — Non. Je n’ai de haine contre personne, mais je préfère les Allemands quand ils sont chez eux plutôt que chez nous… »
    La

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